Gaspillage ici, famine là-bas
Le Parlement européen vient d’adopter un rapport, non contraignant, de l’eurodéputée croate Borzan qui propose des mesures visant à réduire de moitié d’ici à 2030 le gaspillage alimentaire au sein des Etats-membres de l’UE. Pour rappel, chaque année, quelque 88 millions de tonnes de denrées alimentaires sont gaspillées en Europe, soit plus de 170 kg par habitant et par an. Il s’agit là d’une moyenne que notre pays franchit allègrement (345 kg), alors que d’autres Etats-membres sont à moins de 100 kg ! Parmi diverses pistes, ce document appelle la Commission européenne à faciliter les dons de produits alimentaires et à clarifier les indications à consommer « avant le » et « de préférence avant le » qui sèment la confusion chez les consommateurs. Si en Europe, on gaspille, du moins parmi les secteurs et les catégories sociales qui en ont les moyens, dans plusieurs régions du monde, l’insécurité alimentaire gagne du terrain et ne pas mourir de faim demeure l’obsession quotidienne. Pour preuve, estimé à 108 millions, l’an dernier, le nombre de personnes à la merci d’une famine a connu une hausse vertigineuse (+ 35 %) par rapport à 2015, rapporte l’ONU. Nous parlons ici de personnes souffrant déjà d’une malnutrition aiguë et qui n’ont pas les moyens de subvenir durablement à leurs besoins énergétiques, comme cela peut être le cas des ménages obligés d’abattre leur bétail pour survivre. Loin devant les conditions climatiques extrêmes, ce sont bien les conflits qui sous-tendent principalement cette aggravation de l’insécurité alimentaire : ils perturbent la production agricole, bloquent l’acheminement de l’aide et des produits vers les communautés vulnérables et contribuent à une hausse insoutenable des prix pour celles-ci. Bien sûr, tout cela nous dépasse ; et il y a par ailleurs déjà tellement d’injustice et de précarité à deux pas de chez nous… Mais, combattons ce sentiment d’impuissance et restons vigilants. Il n’y a rien de pire que l’indifférence.
