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Le lait wallon maintient son excellent niveau de qualité

Voici peu, le Comité du Lait a publié le rapport de ses activités menées en 2022. Riche d’enseignements, il nous révèle que les éleveurs laitiers wallons sont fidèles à eux-mêmes et à la réputation de leur travail. En effet, alors que la production moyenne par exploitation progresse, plusieurs indicateurs s’affichent en recul, témoignant de l’excellente qualité du lait produit en Wallonie.

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Si la production moyenne de lait par éleveur affiche une belle hausse (+4,3 %, à 500.000 l), le nombre d’exploitation a, quant à lui, reculé plus fortement en 2022 que les années précédentes (-4,2 %). On recensait 2.544 fermes laitières en 2022, contre 2.656 en 2021 et ce, malgré une importante hausse des prix du lait.

En parallèle, les résultats des analyses menées par le Comité du Lait (CdL) sur les critères officiels de la qualité du lait cru se maintiennent à un très haut niveau. En effet, les conditions climatiques particulièrement sèches ont eu un impact positif sur la qualité du lait et plus particulièrement sur la santé mammaire, à l’inverse de 2021 qui avait été très humide.

Une production moyenne dépassant 500.000 l par éleveur

En 2022, le nombre d’audits (3.257) réalisés par le CdL semble s’afficher en recul, tous cahiers des charges confondus, par rapport à 2021. En réalité, cette activité revient à un niveau normal, compte tenu de la diminution du nombre de producteurs laitiers et l’arrêt d’audits pour certains cahiers des charges privés depuis 2020.

Pour pallier cette perte, le CdL avait annoncé que d’autres projets étaient en cours de développement. Ceux-ci ont abouti puisque l’organisme a vu son service pour la certification de la production biologique au niveau primaire être reconnu pour les produits agricoles transformés destinés à l’alimentation humaine et les aliments pour animaux. Une accréditation et un agrément ont également été obtenus pour la STG (spécialité traditionnelle garantie) lait de foin de chèvres et de brebis.

Du côté de la certification QFL, le nombre d’audits réalisés en 2022 s’élève à 1.085, en retrait par rapport à 2021 (1.287). Durant ceux-ci, une attention particulière est apportée à l’enregistrement des antibiotiques dans Bigame puisque ce critère est devenu obligatoire dans la version 11 du cahier des charges QFL. L’accent est également mis sur le « score hygiène » (point « H »), introduit dans le cahier des charges QFL version 10. En la matière, le score moyen global obtenu en 2022 est de 8,6/10. 6,15 % des audits ont même donné lieu à un score de 10/10 (contre 4,30 % l’année précédente).

Concernant la collecte laitière, elle s’est stabilisée en 2022 par rapport à 2021, mais se montre en léger recul par rapport à 2020. Ensemble, les 2.544 fermes laitières wallonnes ont livré 1,274 milliard de litres de lait. La production laitière wallonne a réagi lentement aux énormes hausses de prix et c’est seulement au quatrième trimestre qu’elle a augmenté par rapport à 2020 et 2021. Les conditions climatiques extrêmes en 2021 (très pluvieuses) et 2022 (très sèches) combinés à de nombreuses incertitudes sur les prix des matières premières et de l’énergie peuvent expliquer cette tendance, avance le CdL.

La production moyenne par éleveur laitier s’élève à 500.794 l, en progression de 4,3 % par rapport à 2021.

Germes et cellules en net recul

En germes, la moyenne arithmétique de toutes les analyses est de 34.700 germes par ml contre 38.400 en 2021 et 36.600 en 2020. Les analyses officiellement attribuées aux producteurs sont au nombre de 72.728 (67.515 en 2021). 94,86 % des résultats étaient situés à moins de 100.000 germes/ml, ce qui est légèrement supérieur à 2021 (94,16 %) et supérieur à 2020 (94,43 %).

Le taux de producteurs non pénalisés s’élève à 97,33 %, soit un résultat supérieur à 2021 (97,22 %) mais inférieur à 2020 (97,57 %). Le pourcentage de producteurs pénalisés le plus élevé est enregistré en juin (3,2 %) et le moins élevé est enregistré en août (2,1 %). À l’échelle belge, la moyenne est meilleure (98,7 %).

Du côté des cellules somatiques, le nombre d’analyses officiellement attribué aux producteurs est de 180.292 (139.091 en 2021), soit 5,90 analyses par mois et par producteur. La moyenne arithmétique de tous les résultats effectifs de 2021 est de 228.200 cellules/ml, contre 250.800 en 2021 et 242.000 en 2020. Le pourcentage de résultats à moins de 400.000 cellules/ml est de 92,7 %, ce qui est mieux qu’en 2021 (89,73 %) et 2020 (90,86 %).

Le taux de producteurs non pénalisés pour le critère cellules est en moyenne de 96,2 %, soit en légère progression par rapport à 2021 (95,6 %) mais en retrait par rapport à 2020 (96,3 %). Le pourcentage de producteurs pénalisés le plus élevés est enregistré en août (5,1 %) et le moins élevé en décembre (2,1 %).

Au niveau national, le taux de producteurs non pénalisés est de 97,7 %.

Rares résidus de médicaments vétérinaires

La détermination du point de congélation (cryoscopie) a été effectuée sur 98,4 % des échantillons réceptionnés. Cela représente 11,6 analyses par mois et par producteur. Le pourcentage de tests inférieurs à 510 (-mºC) est de 1,15 %, soit le même pourcentage qu’en 2021 (2020 : 0,94 %).

Le pourcentage de producteurs pénalisés (0,34 %) est stable par rapport à 2021 (0,35 %) mais en hausse par rapport à 2020 (0,25 %). Le pourcentage de producteurs pénalisés le plus élevé est observé en janvier, février et août (0,47 %) et le moins élevé en décembre (0,04 %). En Belgique, le pourcentage de producteurs pénalisés s’élève à 0,19 %.

La recherche de médicaments vétérinaires est effectuée sur chaque livraison, ce qui a donné lieu à 356.607 analyses (373.866 en 2021), soit 99,5 % des échantillons réceptionnés et une moyenne de 11,7 analyses par mois et par producteur. Sur ces analyses, 108 (ou 0,03 %) se sont révélées défavorables, soit un nombre légèrement plus important qu’en 2021 (98) mais en retrait par rapport à 2020 (128).

Les moins bons résultats sont observés en janvier (0,07 %) et les meilleurs en avril et mai (0,01 %). À l’échelle nationale, le nombre de résultats défavorables est de 0,02 %.

Des rations alimentaires moins riches en protéines et l’explosion des prix des matières premières ont entraîné un recul du taux de matière azotée et du taux d’urée dans le lait.
Des rations alimentaires moins riches en protéines et l’explosion des prix des matières premières ont entraîné un recul du taux de matière azotée et du taux d’urée dans le lait. - J.V.

En moyenne, chaque mois, 99,7 % des producteurs laitiers wallons n’ont pas de problèmes en résidus de médicaments vétérinaires, ce qui est similaire aux années précédentes. Le nombre de récidives (plusieurs fois sur le mois) reste très limité et a une nette tendance à diminuer ces dernières années. 95,4 % des producteurs (96,8 % en 2021 et 95,9 % en 2020) n’ont pas eu de problème de résidus de médicaments vétérinaires sur l’ensemble de l’année 2022. Les pourcentages de producteurs pénalisés plusieurs fois sur un an sont équivalents à 2021 et inférieurs à 2020.

Sept interdictions par mois

Le pourcentage de producteurs n’ayant obtenu aucun point de pénalisation (sans les résidus de médicaments vétérinaires) sur l’ensemble de l’année 2022 est de 74,7 %. Ce pourcentage est supérieur à 2021 (71,91 %) et proche des résultats obtenus en 2020 (75,7 %).

En 2021, 79 exploitations ont été interdites pour germes ou cellules (118 en 2021 et 94 en 2020), soit une moyenne de 7 par mois. Aucune exploitation n’a été interdite pour cause de présences de résidus médicamenteux vétérinaires. Trois élevages avaient été suspendus en 202 ; aucun en 2021.

À la demande des acheteurs

Soit dans le cadre de l’attribution d’une prime, soit pour un besoin spécifique, des analyses supplémentaires sont effectuées à la demande de certains acheteurs.

  Coliformes : sur les 43.028 analyses officiellement attribuées, 58,9 % (57,6 % en 2021 et 53,8 % en 2020) des résultats effectifs sont inférieurs ou égaux à 50 coliformes/ml. Les moins bons résultats sont observés en période estivale où la température est plus propice à une multiplication de ces germes.

  Lypolise : en 2021, 5.791 déterminations ont été effectuées (5.693 en 2021 et 5.852 en 2020).

  Spores butyriques : le Comité a effectué 6.116 analyses (6.082 en 2021 et 6.141 en 2020).

Du lait sensiblement moins gras et moins riche

Autant que possible, la teneur en matières grasse et azotée totale est réalisée pour chaque collecte. En 2022, le CdL a reçu 358.495 échantillons pour le contrôle officiel et 351.313 ont été validés et donc attribués officiellement aux producteurs, soit 98 % des échantillons réceptionnés et une moyenne de 11,5 analyses par mois et par producteur.

La moyenne arithmétique de tous les résultats attribués (lait entier et écrémé) aux producteurs est de 40,66 g/l en matière grasse (40,95 g/l en 2021 et 40,62 g/l en 2020). Pour la matière azotée totale, la moyenne se situe à 34,45 g/l (34,86 g/l en 2021 et 34,71 g/l en 2020).

Enfin, grâce à la méthode infrarouge, le taux d’urée est aussi mesuré pour chaque collecte, en plus des teneurs en matières grasse et azotée. Cet élément est une donnée utile qui permet au nutritionniste d’évaluer l’équilibre de la ration alimentaire.

Pour l’année écoulée, le taux d’urée se situe à une moyenne de 218 mg/l pour 257 mg/l en 2021 et 242 mg/l en 2020. Le taux d’urée mesurée en 2022 se situe donc à un niveau systématiquement inférieur par rapport aux deux années précédentes. Le CdL explique ce recul significatif par des rations alimentaires moins riches en protéines vu la teneur des fourrages suite à la sécheresse qui a sévi en 2022, ainsi que par l’explosion du prix des matières premières, parmi lesquelles le soja. Cela explique également la baisse du taux de matière azoté constatée ci-dessus.

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