Accueil Filière bois

Comment s’organise la lutte wallonne contre le feu bactérien?

Durant ce printemps, les arboriculteurs flamands ont dû se montrer vigilants face à la recrudescence de la bactérie Erwinia amylovora, responsable du feu bactérien, les arboriculteurs. Mais qu’en est-il en Wallonie ?

Temps de lecture : 4 min

C’est en substance ce qu’a demandé Jean-Luc Crucke au ministre wallon de l’Agriculture, Willy Borsus. Le député wallon l’a également interrogé sur les moyens mis en œuvre au sein de notre région pour se prémunir de cet agent pathogène.

Et le ministre de détailler la situation au sud du pays : « Le feu bactérien est une maladie endémique en Wallonie. Il est présent dans plusieurs exploitations, dans toutes les provinces. On le retrouve essentiellement dans des vergers de poiriers, mais parfois aussi dans de jeunes vergers de pommiers dont la floraison est tardive (mai-juin) ». Le risque est donc présent chez nous aussi, mais fluctue selon les conditions climatiques : le feu bactérien est favorisé par des conditions humides et chaudes.

Par ailleurs, la floraison constitue la période la plus à risque, mais les infections peuvent également survenir en été, suite à un épisode de grêle.

Davantage de vigilance

Si la maladie est présente en Wallonie, il n’y a pas d’explosion. Du côté des organismes d’encadrement, comme le centre pilote Cepifruit, la vigilance est de mise lors du contrôle des parcelles, notamment en suivant des modèles de risque et les avis éventuellement communiqués durant les floraisons par l’homologue flamand qu’est le PCFruit.

Plusieurs éléments mènent cependant à conseiller plus de vigilance à l’avenir. Premièrement, la bactérie est présente en Wallonie dans et autour de pépinières. Ensuite, les conditions climatiques, telles que celles rencontrées ce printemps, sont plus favorables au développement du feu bactérien. « On peut aussi craindre qu’un réchauffement climatique associé à une certaine pluviosité favorise la maladie sur le long terme », ajoute Willy Borsus.

Troisièmement, les contrôles des environs des pépinières ont globalement diminué car Erwinia amylovora n’est plus un organisme de quarantaines sur l’ensemble du territoire de l’Union européenne depuis fin 2019. L’agent pathogène est désormais classé comme un organisme réglementé non de quarantaine qui doit uniquement être absent des pépinières ; les environs des pépinières ne devant donc plus systématiquement être contrôlés. Sauf en ce qui concerne celles qui exportent vers les quelques zones protégées recensées au sein de l’UE, pour lesquelles des examens sont menés dans une zone tampon de quarantaines de 1 km autour du site de production.

Suite à ce changement dans la réglementation européenne, il existe des flous susceptibles de favoriser la maladie. « Les cahiers des charges du Service public de Wallonie pour la lutte intégrée pallient la diminution des exigences européennes en exigeant d’éradiquer le feu bactérien dans la zone de 500 m autour de tout verger ou pépinière. Dans le cas du secteur ornemental, qui inclut l’arboriculture, on demande au producteur de surveiller les 500 m autour de ses vergers, mais il n’existe plus de contrainte réglementaire pour les agriculteurs ou particuliers non concernés par la lutte intégrée situés dans ces zones », détaille le ministre.

Et de constater enfin que « Le programme de plantation de haies « Yes we plant » inclut des espèces sensibles potentiellement vectrices du feu bactérien (aubépine, pommier sauvage, sorbier). Les distances d’implantations appliquées vis-à-vis de vergers et pépinières (500 m) ne figurent pas clairement dans un cahier des charges ».

Concrètement, sur le terrain

En pratique, plusieurs mesures sont d’application sur le terrain. Ainsi, lors d’un contrôle, tous les matériels de multiplication et les plantes fruitières présentant des symptômes, ainsi que toutes les plantes hôtes environnantes (1,5 m de rayon), sont immédiatement arrachés et détruits.

Des services d’identification du feu bactérien existent au Centre wallon de recherches agronomiques (Cra-w) ainsi qu’au sein de la Clinique des Plantes (asbl Corder) en vue de répondre aux demandes de diagnostic des producteurs, administrations communales ou particuliers.

Par ailleurs, en partenariat avec le Gawi, le Cra-w a accès à l’outil d’aide à la décision Rimpro qui, sur la base de données météorologiques très locales et à l’aide d’une modélisation, permet d’identifier les périodes durant lesquelles les risques d’infections sont les plus probables. Dans ce cas, des avertissements sont communiqués aux producteurs concernés.

A lire aussi en Filière bois

Barwal: «C’est le mariage du travail du tonnelier et du vigneron qui donne son caractère au vin»

Un savoir-faire à perpétuer La Belgique compte de plus en plus de vignerons faisant vieillir leurs vins en fûts de chêne… belge. En effet, depuis 2020, Barwal leur propose une alternative aux contenants traditionnellement français, produite en circuit court et « à la carte ». Cette particularité permet d’ailleurs à la jeune société d’accompagner et de conseiller les professionnels de la vigne dans leurs choix pour que chaque vin élaboré soit unique.
Voir plus d'articles