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Composer avec la chaleur et la sécheresse au potager

Nous devons nous adapter aux conditions météorologiques pour organiser nos travaux au potager. Alors que nous avons été amenés à retarder certains semis et certaines plantations jusqu’à la mi-mai suite aux conditions très humides du sol, c’est maintenant avec la chaleur et la sécheresse que nous devons composer.

Temps de lecture : 7 min

Plusieurs techniques peuvent améliorer les chances de bons résultats. Certaines mettent en œuvre des aménagements à moyen terme. D’autres ont un effet immédiat. Toutes ces actions sont complémentaires.

Prévoyons sur le moyen terme

La situation du potager, le type de sol, sa pente et son exposition sont des caractéristiques propres. Nous ne pouvons pas tout changer fondamentalement. Les espaces seront dédiés à des cultures fruitières, ornementales ou d’autres usages en fonction de leurs qualités. Nous pouvons choisir les zones qui serviront de potager.

Avoir au moins 5h d’ensoleillement par jour

Essayons d’avoir au moins 5 heures d’ensoleillement par jour sur notre potager, en une seule période ou en deux périodes. Ce dernier cas est assez fréquent quand un bâtiment ou des arbres font de l’ombre au milieu de la journée. Si la période d’ensoleillement quotidienne est courte, nous pourrons produire la plupart des légumes usuels, mais la production peut être limitée en quantité.

La durée d’ensoleillement est importante. De plus, l’apparition précoce des rayons solaires le matin permet de sécher rapidement le feuillage. C’est un avantage vis-à-vis des maladies foliaires favorisées par l’humidité.

Choisir le sol le plus adapté à chaque usage

Il est généralement difficile de changer le type de sol de notre parcelle. Mais aucun terrain n’est homogène ; nous pouvons choisir l’endroit le mieux adapté pour chaque usage. L’idéal est de disposer d’une bonne terre franche, combinant sables et argiles. Ces terres se drainent bien après une période pluvieuse. Les argiles ont une capacité de rétention en eau appréciée lors de périodes sèches. Si, en outre, la teneur en humus est élevée, nous disposons d’un atout pour notre potager.

Mais, malheureusement, ce n’est pas toujours le cas. Les potagers sont souvent proches des zones d’habitats. Les terres ont subi des modifications d’usages laissant des traces. Des anciennes fondations, des anciens chemins, des terres excavées lors de constructions sont quelques exemples de ce que nous pouvons constater en pratique. Choisissons ce qui convient le mieux pour faciliter le travail ultérieur du sol.

La pente a un effet direct sur la rétention en eau

La pente naturelle du terrain est liée à son orientation. Elle a aussi une action directe sur la rétention des eaux de pluie. L’eau des précipitations orageuses pénètre mal dans de tels terrains. Elle n’en a pas le temps. Elle s’écoule jusqu’en bas. La conséquence sera de disposer de moins bonnes réserves pour nos plantations.

Plusieurs solutions peuvent être mises en œuvre. Nous pouvons semer des bandes herbées, comme des gazons par exemple. Ces bandes sont aménagées parallèlement aux courbes de niveau. Ces bandes font au moins 1 ou 2 mètres de largeur. Elles sont séparées entre elles par nos cultures exigeantes en eau comme celles du potager. Le long d’un terrain en pente de plusieurs dizaines de mètres de longueur, plusieurs bandes alternent avec des zones de culture.

Nous pouvons aussi aménager des terrasses comme celles mises en œuvres et zones de montagnes. Le but est de ralentir la vitesse de l’eau de pluie pour diminuer le ravinement et l’érosion. Cette technique permet aussi de laisser le temps à l’eau de pluie de pénétrer dans le sol pour y constituer des réserves pour nos plantes.

Ce potiron a été planté 6 jours plus tôt et n'a plus nécessité d'arrosage par la suite.
Ce potiron a été planté 6 jours plus tôt et n'a plus nécessité d'arrosage par la suite.

 

Les actions à court terme

Travailler un sol bien ressuyé

Le travail de sol exige que celui-ci soit suffisamment ressuyé. Idéalement, le sol doit s’effriter lorsqu’on essaye de constituer une boulette de terre entre les mains. Cette année, il a fallu patienter pour faire ce constat.

Lorsque les paramètres de la météo s’orientent vers une période sèche, on ne retourne pas le sol afin d’éviter de le sécher sur une grande profondeur. On préférera recourir au décompatage à la fourche-bêche ou à l’aide d’un autre outil similaire. La roto-fraise a tendance à dessécher les fractions de sol qui sont encore dotées de fraîcheur, ce n’est donc pas l’idéal dans ce cas précis.

Le paillage

Le paillage de surface permet de limiter fortement l’évaporation d’eau en surface de sol. Il permet de sérieuses économies avec au moins deux avantages directs :

– l’eau reste précieusement disponible pour la vie du sol et pour les plantes ;

– il faut moins arroser.

Le paillage avec de l’herbe de tonte séchée est une possibilité. Pour garder une efficacité suffisante et maîtriser l’enherbement, nous complétons le paillis en cours de la saison si cela s’avère nécessaire.

Le trou est recouvert de terre sèche et de paillis.
Le trou est recouvert de terre sèche et de paillis.

Baisser la température du sol

C’est une vieille technique paysanne. Lorsque le sol est préparé et semé, nous le recouvrons d’une toile que nous mouillons par arrosage. Lors des dizaines d’heures suivantes, le tissu va sécher, l’eau qui s’évapore absorbe des calories, le sol refroidit légèrement. On répète les arrosages tous les jours ou tous les deux jours jusqu’à la levée. Dès que les plantules apparaissent, nous enlevons le tissu. La toile de jute est parfaite pour cet usage. Cette technique est particulièrement recommandée pour les espèces dont la germination est bloquée par des températures élevées. Les laitues et la mâche sont dans ce cas. Leur germination est meilleure sous les 20ºC du sol.

Une autre technique simple : semer la pépinière de plants à repiquer dans un endroit peu ensoleillé du jardin.

Le choix variétal, le choix des espèces

Le choix variétal est déterminant. Les plantes sensibles à la montée précoce en graines sont dans le cas. Les laitues et les chicorées en sont deux exemples (Cf. notre édition du 13 mai 2021 et du 8 septembre 2022).

Certaines espèces ont besoin de beaucoup d’eau pour se développer. Les choux en sont des exemples. Pour les localisations plus sèches et en prévisions de périodes sèches plus fréquentes, adaptons la période de culture de ces légumes aux périodes de l’année les moins fréquemment sèches.

Le plant est placé en contact direct avec la boue du fond du trou de plantation.
Le plant est placé en contact direct avec la boue du fond du trou de plantation.

Stocker de l’eau

Les citernes et fûts permettent de stocker de l’eau de pluie en vue des périodes de sécheresse. Une petite cuvette aménagée au pied de chaque plante permet de limiter les volumes nécessaires pour chaque arrosage et de profiter au mieux des quelques pluies naturelles.

Les binages

Le binage permet de briser la croûte du sol après une averse ou après un arrosage copieux. Il est réalisé quand le sol s’est ressuyé en surface. Il aère le sol, favorise un bon enradicellement des plantules. La présence de terre fine et sèche en surface limite l’évaporation d’eau par le sol.

Les brise-vent

Les haies sont des brise-vent bien connus et appréciés dans nos jardins. Nous pouvons les compléter par des brise-vent de la taille des plantules après repiquage. Ils sont alors placés face au vent. Ils ne restent en place que quelques jours.

Localiser les arrosages

En localisant les arrosages au pied des plantes, nous limitons les pertes d’eau.

La profondeur des apports d’eau est importante. Il est conseillé de les positionner au plus près du niveau d’activité des racines.

En cas de plantation, arrosons abondamment le fond du trou de plantation avant d’installer le plant et avant de recouvrir le tout de terre sèche.

La classique bouteille d’eau recyclée avec le goulot enfoncé au pied de la tomate est un autre exemple d’arrosage positionné au plus près des racines. Pour les cultures à forte densité de plantation, cette technique est moins bien adaptée. Nous apportons alors l’eau par arrosage de l’entièreté de la surface, à une vitesse adaptée pour une bonne pénétration dans le sol. Nous essayons de mouiller le profil du sol jusqu’à la profondeur d’activité des racines : par exemple 30 cm pour des laitues. Nous ne revenons avec un nouvel arrosage que plusieurs jours plus tard. C’est bien plus utile que de mouiller deux ou trois centimètres en surface de sol ; ces arrosages de surface ne profitent qu’aux semences en germination.

F.

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