Accueil Voix de la terre

La fin d’un monde dans un monde sans faim

Nous basculons sur juillet et les actualités semblent se croiser, pour le meilleur comme pour le pire.

Temps de lecture : 3 min

Voilà plusieurs jours, en France principalement, que des jeunes en marge du système ont trouvé le prétexte pour sortir de leurs ghettos et basculer dans la violence gratuite. Ils vivent l’euphorie de l’émeute.

Dans le même temps, en campagne, les escourgeons basculent dans les bennes et déjà, chez nous, s’annonce la foire de Libramont. L’accent est mis sur ce qui fait la fierté du monde agricole : la fin de la faim dans le monde.

Voilà deux milieux qui ne se rencontrent guère sur le terrain : l’espace rural a la charge de produire de quoi nourrir les villes. En périphérie de celles-ci, le développement est parfois anarchique, surtout si l’alcool et la drogue ont droit de cité.

Curieusement, cette même semaine, à mon petit niveau, j’ai vu (ou plutôt lu) se croiser ces deux milieux dans le « Le livre de Daniel », un microcosme qui bouscule les consciences.

C’est l’histoire vraie d’un vieux fermier, entre Flandres, France et Wallonie, assassiné par des jeunes délinquants en 2014. Ils sont jugés en 2019 et c’est un lointain cousin qui représente la famille pour demander réparation : l’euro symbolique. Anecdotique ? Surréaliste ? Non, Hyperréaliste !

Il se trouve que ce lointain cousin est Chris De Stoop, un journaliste flamand renommé. Il a fait du hasard de ce drame qui l’implique un récit d’une grande qualité. Il aborde avec précision et beaucoup d’objectivité une image de l’agriculture qui disparaît et la délinquance juvénile qui, elle, se développe dans certains quartiers, pourtant de proximité.

Certes, le fermier n’est pas représentatif de l’agriculture d’aujourd’hui. Il survivait, vieux jeune homme, dans la continuité de ce qu’il avait connu. Anachronique, il s’était ruiné peu à peu. La banque l’avait obligé à vendre ses terres. Mais avec ce qui lui restait, en liquide, il était devenu une proie facile pour des jeunes délinquants. S’enchaînent alors le vol, le crime et l’incendie de la ferme…

Puis, cinq ans plus tard, lors du jugement d’assise, à Mons, la rencontre du journaliste avec les auteurs du drame, les cinq jeunes qui avaient grandi sans autorité, avec pour ressort essentiel, l’appartenance au groupe qui valorise. Depuis, ils avaient gagné en maturité et en responsabilité. Trop tard par rapport au drame, mais avec néanmoins une nouvelle chance à ne plus gaspiller.

Pour avoir vécu 3 ans dans la même entité communale et connu certains témoins du drame, on se sent touché de près. Si, en plus, l’actualité renvoie des images de milliers de jeunes qui, comme ceux-là, se rebellent avec la même inconscience et autant de violence, c’est assez désarçonnant.

On mesure aussi combien l’image d’Épinal du paysan récitant l’Angelus dans les champs est mûre pour trouver sa place au musée. Ceux qui restent doivent faire face à de multiples contraintes. Les villes aussi ont pas mal de soucis mais, grâce à l’efficacité de l’agriculture actuelle, ce n’est plus de faim qu’il s’agit.

Laissons le mot de la fin à nos éminences politiciennes. Elles ont passé la semaine à faire le forcing pour tenter de croquer un exemple d’intégration réussie. Recommandons-leur le film de la journaliste Hadja Lahbib « Patience, patience, t’iras au paradis » et, dans l’attente d’un « maroquin ministériel » pour chacun, que ces éminences viennent parader et trinquer à Libramont. Le monde a aussi soif de convivialité.

JMP

A lire aussi en Voix de la terre

Où est le printemps?

Voix de la terre Une bergeronnette fait son nid sous mes panneaux solaires, Les choucas ont fini de boucher la cheminée de mon fils. Aie ! Les tourterelles s’impatientent, les feuilles de nos arbres tardent à venir, elles chantent, ont envie de nicher. Mais oui, c’est le printemps…
Voir plus d'articles