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Bavure chez Veviba : qui va en baver?

Le bœuf s’est pris une baffe, une de plus, et celle-ci risque de faire mal, vraiment très mal ! Depuis trente ans, les scandales alimentaires se sivent à la queue leu leu : hormones de croissance, vache folle, dioxine, fipronil… Ils se ressemblent comme d’affreux frangins : à chaque fois, un maillon de la chaîne agro-alimentaire est pris la main dans le sac, poussé à la faute par son envie irrépressible de profit. Chaque fois, les médias en font leurs choux gras et toute la filière en paye les pots cassés, surtout les plus faibles, nous…

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À chacun de ces coups de massue, l’élevage s’enfonce plus dans le marasme, comme si un destin funeste s’acharnait sans pitié sur notre tête, comme s’il fallait à tout prix biffer le bœuf des campagnes. Et si Veviba avait commis cette fois la bavure de trop ?

La nausée ! Tout citoyen normalement constitué s’est senti mal à l’écoute des témoignages d’ouvriers de l’usine de Bastogne. Ces révélations semblent tellement sincères, terriblement plausibles et dramatiquement réelles ! Hygiène douteuse, pratiques de remballe de viandes périmées, pressions sur le personnel : on se croirait dans un abattoir d’Amérique du Sud. Les profits engrangés dégagent un fumet avarié qui ne fait pas mentir le proverbe bien connu : « On n’est jamais si bien sali que par plus sale que soi ! » Cette fois, les éleveurs s’apprêtent à manger de la vache enragée, et pour longtemps. Nous n’avions vraiment pas besoin de ça, viva Veviba !

Cette crise mise de côté, cette société n’est déjà guère en odeur de sainteté parmi les éleveurs de bovins ardennais. Elle détient elle-même des milliers de bovins à l’engraissement, « pour réguler les flux » (sic). Dans sa « remarquable » gestion quotidienne (célébrée par un Godefroid économique en Luxembourg, et citée en exemple lors du dernier Sommet de l’Élevage à Libramont), ce mastodonte du commerce de la viande tient sous sa coupe des milliers d’agriculteurs, qui dépendent de son bon vouloir. Veviba fixe les prix, classe les carcasses, gère les flux d’achats et d’entrées, de manière toute-puissante. « Impossible d’échapper à son diktat », m’affirmait naguère un petit engraisseur de la région. « Si vous n’êtes pas contents, allez voir ailleurs ! ». Où ça ? Cela ne vaut guère mieux dans cet « ailleurs », car le marché est encombré, avec un taux d’auto-approvisionnement de 163 %, qui risque de monter en flèche si les consommateurs se détournent en masse de la viande, et si les marchés d’exportation nous ferment leurs portes…

Ce scénario-catastrophe nous pend au nez, après un tel scandale. D’avance, le végétarisme recueille aujourd’hui tous les suffrages et dispose maintenant d’un incroyable potentiel sympathie. La viande est chargée de tous les maux : santé, gaspillage des ressources, impacts sur l’environnement. On finit par intérioriser les idées qui circulent avec insistance dans la société où l’on vit, et l’affaire Veviba vient conforter les sentiments de rejet anti-viande, et ce, de manière appuyée. Cette fois, la viande a perdu ses dernières lettres de noblesse, traînées dans le sang et les exsudats putrides de la salle de découpe Bastogne. Notre agriculture est emportée dans ce flot de pestilence et s’apprête à boire la tasse jusqu’à la lie. C’est terriblement injuste, et révoltant !

Nous vivons dans une société malade, où la recherche du profit autorise tout, où les ploutopathes (psychopathes avides de richesse) mènent la danse sans aucun respect pour leurs semblables. Il faut que le bœuf se rebiffe, sinon, il va en baver à en sécher sur pied. Oh bien sûr ! Les politiciens sont déjà montés en tribune et nous promettent une refonte en profondeur de la filière de la viande, une commission d’enquête, des poursuites judiciaires. Paroles et paroles, encore des paroles !

Les bavures baveuses et maffieuses de Veviba n’ont pas fini de nous en faire baver…

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