L’éclatement de l’affaire Veviba a entraîné dans la sphère politique un développement des idées d’aides aux éleveurs et d’assainissement de la filière agroalimentaire. Cela dans le but de ne pas pénaliser les producteurs dont la qualité du travail n’est pas remise en cause.
Le 14 mars, une délégation de la Fédération wallonne de l’agriculture (Fwa), de l’Union des agricultrices wallonnes (Uaw) et de la Fédération des jeunes agriculteurs (Fja) a ainsi été reçue par les chefs de groupe parlementaires. L’objectif de cette rencontre était de demander aux représentants politiques, tous partis confondus, de « prendre leurs responsabilités » pour générer une plus grande transparence dans les filières agroalimentaires et les abattoirs en particulier. « J’ai cru percevoir une unanimité des familles politiques sur la mise en place de coopératives de producteurs/éleveurs », a indiqué le secrétaire général de la Fwa, Yvan Hayez, à l’issue de cette rencontre. Un cahier des charges comprenant une série de propositions avancées par les acteurs de la filière sera prochainement déposé, tant au niveau régional que fédéral.
Soutiens aux personnes touchées
Le 15 mars, le ministre wallon de l’Économie Pierre-Yves Jeholet a décidé que le soutien accordé par la Société wallonne de financement et de garantie des petites et moyennes entreprises (Sowalfin) lors de la crise du fipronil sera élargi aux entreprises du secteur de la viande affectées. L’éleveur de viande bovine, le commerçant ou un autre distributeur pourront donc ainsi obtenir très rapidement, via leur banque, un financement de 75.000 € (pour rembourser la trésorerie), remboursable sur une durée de maximum 5 ans.
De son côté, le ministre fédéral de l’Agriculture et des Indépendants, Denis Ducarme, a décidé que les indépendants victimes de la fermeture partielle de Veviba pourront reporter d’un an, sans majoration, leurs cotisations sociales de l’année 2018. Les secteurs d’activité touchés seront reconnus comme secteurs en crise, ce qui permettra d’adapter les cotisations sociales de manière plus souple. Toutes les demandes de dispense de cotisations seront regroupées pour en assurer un traitement uniforme.
Le Parquet général accuse l’Afsca…
L’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca), considérée comme largement fautive dans l’affaire, se retrouve, elle, dans le collimateur de la classe politique dans son ensemble.
Selon le Parquet général, l’Afsca n’a jamais fait valoir auprès du magistrat instructeur la nécessité d’intervenir de manière urgente pour prévenir de risques de santé publique. « Il semble qu’à aucun moment l’agence n’a cru devoir réaliser un contrôle approfondi dans les installations de Bastogne sur la base de ses compétences administratives », a rajouté le Parquet général.
… qui s’en défend formellement !
« Il convient de clarifier que s’il y avait eu pendant l’instruction la moindre indication de l’existence effective d’un risque pour la sécurité de la chaîne alimentaire, des mesures auraient été prises immédiatement. Cela a d’ailleurs été le cas dans ce dossier : dès que la perquisition menée dans l’entreprise, dans le cadre de l’enquête judiciaire, a mis en lumière certaines pratiques qui n’avaient rien à voir avec les constats initiaux réalisés au Kosovo, il a été demandé de dresser un PV spécial à l’attention du juge d’instruction permettant à l’Afsca et au ministre de prendre les mesures administratives nécessaires, telles que le retrait de l’agrément et le rappel de produits auprès des consommateurs. »
Une attitude défensive regrettable
Des moyens trop réduits
Manifestation de la Fugea
Des managers de crise ont été désignés chez Veviba par la Sogepa, bras financier de la région wallonne, qui a également diffusé le 19 mars un mémo d’information à destination des candidats repreneurs des activités de l’abattoir de Bastogne. Le groupe Verbist avait par ailleurs accepté au préalable de faire un pas de côté en choisissant de revendre ses activités. Cela concerne donc le site de Bastogne, mais également l’abattoir Lanciers de Rochefort et celui de Zottegem, appartenant tous au groupe Verbist.
Le site de Rochefort souffre économiquement du scandale sanitaire. L’entreprise a en effet perdu 90 % de ses clients, principalement des grandes surfaces, depuis l’apparition de l’affaire. Elle a donc été contrainte d’effectuer une demande de chômage économique auprès de l’Onem, qui l’a octroyée à partir du 15 mars dernier.
Les repreneurs peuvent ainsi racheter l’ensemble des sites ou une partie seulement. Les candidats avaient jusqu’à mercredi minuit pour remettre une « offre non-liante » afin de marquer leur intérêt. Au moment d’écrire ces lignes, aucune information officielle n’avait été exprimée à ce sujet, mais le chiffre de 5 repreneurs intéressés, dont 2 Wallons, était évoqué.
Un autre abattoir belge a envoyé de la viande périmée au Kosovo : l’entreprise flamande Vanlommel. En août 2017, une cargaison de 20 tonnes de viande a été saisie par les autorités kosovares à la frontière avec l’Albanie. Il s’agissait de veau congelé, dont 1,5 tonne était périmée depuis un mois.
« Il n’y a pas eu de fraude à l’étiquetage, puisque les étiquettes originales étaient présentes. », s’est alors immédiatement défendu le directeur commercial, Johan Heylen. Il a également affirmé qu’il s’agissait d’une erreur humaine, deux palettes ayant été chargées de manière erronée. L’abattoir a assumé sa responsabilité et intégralement remboursé son client.
L’Afsca avait alors « immédiatement procédé à une enquête approfondie. » L’agence a confirmé que « de cette enquête, il est ressorti qu’il n’y avait aucune indication d’une fraude intentionnelle pour cet envoi, mais qu’il y avait effectivement une erreur humaine. »