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Quelles leçons tirer des essais menés en froment?

En France, l’institut technique Arvalis mène des essais similaires à ceux conduits par le Cra-w. En céréales, ils sont riches d’enseignement, notamment en matière de temps de travail, d’inter-rang et d’efficacité.

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En France, l’institut technique Arvalis mène des essais similaires à ceux conduits par le Cra-w. En céréales, ils sont riches d’enseignement, notamment en matière de temps de travail, d’inter-rang et d’efficacité.

Parmi les nombreuses thématiques auxquelles s’intéresse l’institut français, le désherbage figure en bonne place. En ligne de mire, notamment, le besoin de trouver une solution face aux adventices résistantes aux herbicides. C’est dans ce cadre que le robot de désherbage mécanique Dino, issu des ateliers de Naïo Technologies, est testé au sein de la Digiferme Arvalis de Saint-Hilaire-en-Woëvre (Lorraine), sous la houlette de Pascaline Pierson.

Et cette dernière de planter le décor : « Ce modèle est initialement destiné au maraîchage et n’est donc pas optimisé pour désherber de grandes parcelles. Toutefois, nous avons voulu évaluer le potentiel de ce type de robot en grande culture ». Comme au Cra-w, les essais visaient à évaluer le guidage, l’efficacité et le débit de chantier de l’engin.

L’optimum : cinq passages

Les tests relatifs au guidage avaient pour objectif d’analyser la qualité de celui-ci, mais aussi de déterminer l’inter-rang auquel devait être semé le froment pour permettre un désherbage robotisé.

Ils ont permis d’évaluer l’erreur de guidage à 5 cm environ, dans 95 % des cas (contre 2 à 2,5 cm avec un tracteur guidé par gps), ce qui corrobore les résultats obtenus en Wallonie. En tenant compte de cette erreur et du fait que l’outil de désherbage travaille une bande de terre de 16 cm, il a été décidé de semer les céréales avec un écartement de 30 cm. « Cela représente une perte de rendement de 10 à 12 % par rapport à un écartement de 15 cm », annonce Pascaline Pierson. Robotiser les opérations demande donc d’accepter ce compromis.

Le volet dédié à l’efficacité avait pour but de déterminer le nombre optimal de passages permis et possibles pour réussir le désherbage. Au total, cinq passages ont été réalisés à l’automne et quatre au printemps ; chacun étant couplé à une évaluation systématique.

Avec le constat suivant : « Plus il y a de passage, plus on s’affranchit de la concurrence des adventices et plus le rendement est élevé. Mais jusqu’à un certain seuil seulement ». Pourquoi ? « Une fois que le blé a atteint un certain niveau de croissance, le passage du robot peut abîmer le système racinaire ou arracher l’un ou l’autre pied. L’optimum travail/rendement se situe à cinq passages. »

 

Le chronophage demi-tour…

Enfin, les tests dédiés au débit de chantier montrent que le désherbage d’une parcelle parfaitement carrée de 1 ha s’effectue en 3h40 (contre 25 à 30 minutes avec un tracteur de 120 ch équipé d’une bineuse 6 rangs). « Le demi-tour en fin de rang est l’étape la plus chronophage et est évalué à une minute », éclaire Mme Pierson. En tenant compte de ce chiffre, d’une part, et de l’autonomie et du temps de recharge du robot, d’autre part, Arvalis estime qu’il faudrait entre 25 et 27h pour désherber une parcelle moyenne française, soit 10 ha.

Rappelons néanmoins, devant ce résultat, que Dino est un robot initialement dédié au maraîchage et n’est donc pas adapté aux parcelles céréalières. Néanmoins, ces premiers enseignements laissent entrevoir quelques pistes de réflexions pour les utilisateurs… et les constructeurs.

J.V.

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