IBR: redevenir indemne en 4 ans, c’est possible
Rencontre avec un éleveur, naisseur et engraisseur de BBB en pays condruzien. Son bétail est inscrit au Herd-Book. C’est dire le soin qu’il apporte à son élevage, et ce à tous les niveaux. Indemne d’IBR, son troupeau l’était déjà avant la lutte obligatoire en 2012 ; il participait en effet à la lutte volontaire initiée en 2007.
C’est en inscrivant à l’expertise 4 taureaux en mars 2019, démarche nécessitant des prises de sang pour le contrôle IBR, que tout bascule ; les 4 bovins sont positifs… alors qu’ils n’avaient jamais été ensemble. Un bilan complet est alors réalisé. Le résultat est catastrophique : tous les bovins sont positifs, même les veaux de 3 mois…
L’Arsia mène l’enquête pour identifier l’origine de l’infection et quels ont été les premiers bovins touchés, sur base des résultats des analyses. Grâce à son suivi scrupuleux de l’occupation des pâtures, l’éleveur recoupe les informations et identifie la source de la contamination qui n’était autre que la pâture voisine d’un marchand de bêtes… infectées.
« Ce fut et c’est encore une énorme frustration, car nous avons toujours travaillé dans les règles. Nous faisions des prises de sang IBR avant la lutte obligatoire et nous étions déjà I3. Nous nous sommes retrouvés bien seuls, avec toutes nos bêtes positives. Le marchand s'est débarrassé de ses bêtes positives, et c’était réglé. Nous avons dû payer les pots cassés… ».
Redevenir indemne devient son souci prioritaire. À force de réformes, bilans sanguins, visites vétérinaires, de courage et de travail… au bout de 4 ans, son troupeau retrouve le statut « assaini » fin 2022, après 1 bilan sérologique complètement négatif sur tous les bovins de plus de 12 mois, réalisé un mois après la réforme du dernier bovin infecté.
Mais, déplore l’éleveur, « la perte financière est énorme, en termes de vente d’animaux, de frais vétérinaires, de vaccins. Seules les prises de sang sont indemnisées par le Fonds de santé… Sans compter la charge de travail, notamment quand les animaux sont en prairie. Pour récupérer notre statut assaini au plus vite, j’ai dû vendre une quinzaine de bêtes qui n’avaient vêlé qu’une fois, alors qu’elles rentraient en pleine productivité. Nous avons suivi les fécondités de très près. La première année, nous avons gardé la plupart des mères car il nous fallait bien des veaux, la seconde année les vaches positives qui étaient vides partaient… À l’heure actuelle, nous avons autant de bêtes qu’avant, même plus… Mais on a encaissé et cela reste une expérience très dure. Et il y a pire, mes collègues voisins eux aussi ont été contaminés ; comme ils n’engraissaient pas, ils ont dû vendre leurs bêtes positives à un prix moindre… ».
Chance dans son malheur, l’éleveur engraissait déjà au moment de la contamination ; tout partait à l’abattoir, ce qui limite, relativement, les pertes. Une autre chance fut qu’aucun signe clinique n’est apparu parmi les veaux. Et que pour le reste, le troupeau est en très bonne condition sanitaire générale, preuve d’une tenue exemplaire de son élevage.
Mais regrette et conclut l’éleveur, « tout se précipite en dernière minute à cause ou grâce à la Loi de Santé animale et du coup se règle maintenant seulement, alors qu’il aurait fallu être beaucoup plus strict dès le début et ne pas laisser circuler des animaux infectés dans la nature, que ce soit en pâture ou dans les camions de certains marchands peu scrupuleux. C’est très difficile à comprendre et accepter, lorsqu’on en subit les conséquences et en paie le prix fort ».