Les fers de lance… et les pistes étudiées chez Syngenta
Face aux problématiques rencontrées par les agriculteurs, le phytopharmacien dispose dans sa gamme de divers produits mis à l’épreuve, dans le contexte de l’année, sur ses parcelles d’essais. Plusieurs nouveautés sont également testées avec, d’une part, l’objectif de confirmer leur efficacité et, d’autre part, l’ambition de les commercialiser dans un futur plus ou moins proche pour autant qu’elles répondent aux attentes des utilisateurs.

Si Syngenta développe de plus en plus son portefeuille de produits de biocontrôle (lire par ailleurs), ce n’est pas pour autant que la société oublie les produits de protection des plantes « traditionnels ». En témoigne la visite de ses parcelles d’essais sises dans la région de Bassily, en compagnie de Christian Walravens, Crop advisor pour la Wallonie.
Fongicides en céréales : un T2 adéquat…
Dans la première parcelle, dédiée aux essais de fongicides sur céréales, notre guide dresse d’abord un bilan des derniers mois. « L’humidité a été omniprésente dans les parcelles céréalières. Il en résulte une durée d’humectation du feuillage exceptionnellement longue qui, couplée aux températures anormalement élevées en début d’année, a permis l’éveil précoce des maladies fongiques et, par la suite, leur explosion. » Sont visées, plus particulièrement : la septoriose, qui a causé d’importants dégâts sur certaines variétés sensibles semées précocement, et la rouille brune, dont les premières traces ont été observées mi-février.
« Alors que les traitements sont généralement préventifs, de nombreux agriculteurs ont été forcés, vu la météo, de mener des interventions curatives… », ajoute-t-il. On sait cependant que les fongicides apportent une plus-value supérieure lorsqu’ils sont appliqués préventivement.
Pour en venir aux traitements eux-mêmes, Syngenta mise toujours sur le Solatenol (nom commercial de la substance active benzovindiflupyr présente dans les fongicides Elatus Plus, Velogy Era et Ceratavo Plus). Cette SDHI, appliquée en T2 au stade dernière feuille – épiaison, se montre efficace contre les rouilles et affiche un spectre d’action contre la septoriose.
Plusieurs partenaires du Solatenol sont également testés, que ce soit des triazoles ou des strobilurines. « Nous constatons que de nouvelles souches de rouille brune apparaissent. Utiliser d’autres modes d’action que les SDHI permettrait d’éviter le développement de résistance mais aussi de mieux lutter contre le pathogène. »
… mais quel T1 ?
Pour le phytopharmacien, le véritable problème se trouve au niveau du T1. « L’omettre n’est certainement pas une bonne idée… Or, de nombreuses matières actives, dont le chlorothalonil, ont été retirées du marché… », déplore M. Walravens. Dans ce contexte, de nouvelles pistes sont testées.
L’essai compare ainsi le recours au metconazole, seul ou en association. Premier constat : la protection n’est pas suffisante si la matière active est appliquée seule. « Lorsque qu’elle est utilisée avec de nouvelles combinaisons (metconazole + strobilurine + partenaire ou metconazole + strobilurine + multisite), les résultats sont nettement plus encourageants. » Des essais sont également menés en association avec un stimulateur des défenses naturelles de la plante. « Les résultats ne sont pas aussi nets qu’avec des produits « classiques » de protection des plantes, mais c’est une voie que nous explorons. »
Lutter contre le jouet du vent, dans un contexte de résistance croissante
En matière de désherbage, la problématique des jouets du vent résistants aux herbicides de printemps a été abordée. Christian Walravens : « En cas d’échec du désherbage automnal, ou si les parcelles n’étaient pas accessibles, que faire ? »
L’essai montre qu’intervenir au printemps avec l’herbicide de contact Axial (50 g/l pinoxaden + 12,5 g/l cloquintocet-mexyl) donne des résultats satisfaisants, à condition d’être attentif à la qualité de la pulvérisation (pression et quantité d’eau) afin de toucher au maximum les jouets du vent.
Les essais visent à identifier des associations efficaces de type Axial + autres agents foliaires ou Axial + agent racinaire (car ledit produit n’agit que sur des adventices développées). Le but : améliorer la lutte et protéger l’Axial face aux possibles résistances.
« Quoi qu’il en soit, il ne faut pas miser exclusivement sur les interventions printanières. Traiter dès l’automne reste la meilleure chose à faire pour éviter la présence de jouets du vent dans les parcelles », conclut notre guide.
Face au mildiou, mélanger et alterner !
Christian Walravens s’est également intéressé au mildiou, qui donne, cette année, du fil à retordre à de nombreux patatiers. « On voit apparaître de plus en plus de souches résistantes aux fongicides. Or, lorsque l’inefficacité apparaît, il est déjà trop tard… », déplore-t-il.
Pour éviter que ce phénomène prenne de l’ampleur et devienne incontrôlable, il préconise avec grande insistance de mélanger les matières actives mais aussi de les alterner. « Cette recommandation est valable qu’importe le niveau de risque. Que celui-ci soit élevé ou faible, les intervalles entre traitements constituent la seule variable d’ajustement possible. Mélanger et alterner doit demeurer la règle ! » Les agriculteurs qui n’ont jamais rencontré de problème de résistance doivent aussi s’y conformer.
L’autre maladie foliaire ciblée, c’est l’alternariose. En la matière, Syngenta recommande d’intervenir avec Amphore Plus ou Carial Star (250 g/l difénoconazole + 250 g/l mandipropamide), en prenant des précautions similaires.
Protéger le maïs face aux taupins, jusqu’à l’émergence
Suit un point sur le taupin, source de difficulté en culture de maïs. « Certaines pratiques agricoles, comme le semis de couverts végétaux, présentent de nombreux atouts mais favorisent également le développement de ces insectes. La désinfection de semence, quant à elle, n’assure pas une protection complète. » M. Walravens conseille l’application de micro-granulés au semis, procurant une protection autour de la semence et jusqu’à la surface du sol. « Tant la graine que la tigelle sont alors protégées, jusqu’à l’émergence du maïs. »
Force 1.5G (15 g/kg téfluthrine) ainsi que Force Evo (5 g/kg téfluthrine) étaient déjà connus en la matière. S’y ajoute Karate 0.4G (4 g/kg lambda-cyhalothrine).
Contre la cercosporiose en betteraves sucrières
Enfin, en betteraves sucrières, l’accent est mis sur la cercosporiose. « 2024 est une année à hauts risques, vu l’humidité qui règne en continu au-dessus des parcelles ». Dans son portefeuille, Syngenta dispose des produits Angle, Quadris Gold et Bicanta à la composition identique (125 g/l difénoconazole et 125 g/l azoxystrobine). Ceux-ci sont agréés pour une protection contre les maladies foliaires classiques de la betterave, pour un traitement dès fin juillet – début août.
Ils peuvent aussi être utilisés pour lutter contre le rhizoctone brun, dès le stade 8-10 feuilles, à la dose de 1 l/ha.