Quelques conseils pour bien démarrer le colza, dès le semis
La moisson étant terminée avant mi-août, les semis de colza d’hiver peuvent être envisagés. Avec l’avantage que cette culture piège à nitrates peut être implantée après une céréale – et profitera de l’azote qui n’a pas été exporté en raison des faibles rendements de cette année – ou une autre culture déjà récoltée (pois de conserverie ou autre légume). De plus, par son implantation précoce, elle permet d’éviter l’érosion du sol lors des orages de plus en plus fréquents. Enfin, elle permet d’activer l’éco-régime « couverture longue du sol ».

Suite à dix mois de pluies continues depuis mi-octobre 2023, les sols ont été saturés en eau durant de nombreux mois en 2024 ; les structures en sont impactées. Il faudra veiller à bien ameublir le sol pour permettre au colza de pouvoir développer sa racine pivotante.
Comme chaque année, le choix variétal est important et évolue rapidement. La gamme de variétés disponibles en Belgique est large. La vigueur des hybrides permet de garantir un bon développement automnal, gage de réussite de la culture. Une seule variété lignée est commercialisée.
Accorder une attention particulière aux limaces
Il faudra toutefois surveiller de près la présence des limaces car cette année très pluvieuse leur est favorable. Le colza d’hiver est très vulnérable à leurs morsures dès la levée et jusqu’au stade 3-4 feuilles. Pour lutter en partie contre ces nuisibles, le déchaumage après la récolte de céréales permet d’exposer les œufs de limaces aux rayons du soleil qui vont les détruire.
Après le semis, un épandage de granulés anti-limaces sera également rapidement réalisé pour éviter les attaques des jeunes plantules qui sont les plus fragiles.
Surveiller les altises, malgré la désinfection de semences
La surveillance des insectes ravageurs sera facilitée par la pose d’un piège à insectes, mi-enterré dans le sol. Les altises sont les insectes les plus fréquemment rencontrés à l’automne. Les piqûres d’alimentation sur les cotylédons, si elles sont nombreuses, affaiblissent les plantes et peuvent aller jusqu’à les détruire.
La désinfection insecticide des semences permet de lutter contre les premières attaques d’altises mais ne dispense pas de la surveillance de leur arrivée ni de l’importance des populations de ces insectes ravageurs.
Plus tard, ce sont les larves qui peuvent provoquer des galeries dans les tiges de colza, souvent très dommageables pour la suite du développement des plantes.
Les variétés pièges à méligèthes, un outil supplémentaire
Lors du prochain semis, on peut déjà préparer le printemps suivant par l’ajout d’une variété à floraison très précoce par rapport à la variété choisie. Celle-ci permet d’attirer les méligèthes à la recherche de pollen disponible dans les fleurs ou les boutons floraux et ce, dès leur sortie au printemps. Le choix s’étoffe d’année en année : la variété lignée bien connue Es Alicia est complétée par d’autres variétés hybrides à floraison précoce : Atrakt, Exavance et Treto.
Conditionnées en doses de 100.000 graines, elles sont ajoutées lors du semis aux semences de colza d’hiver. La densité de ce « piège à méligèthes » va de 4 à 10 plantes/m², en complément à la densité de 40 à 50 graines/m² pour les variétés hybrides et de 70 graines/m² pour les lignées.
Les couverts associés au colza d’hiver, lors du semis, sont proposés avec des compositions diverses de plantes légumineuses ayant l’avantage de capter l’azote de l’air et d’assurer une couverture de sol à l’automne avant d’être éliminés par le gel.
Un nouvel herbicide agréé en colza
Le maintien d’une culture propre jusqu’à la récolte nécessite l’usage d’herbicides ayant une certaine rémanence. Le désherbage doit être réussi à l’automne car les possibilités de rattrapage au printemps sont peu nombreuses. Lors de l’utilisation de couverts associés au colza d’hiver, il faut veiller à ne pas les détruire avec certains herbicides non sélectifs vis-à-vis des légumineuses.
Côté maîtrise des mauvaises herbes, il faut souligner l’arrivée d’un nouvel herbicide qui vient d’être autorisé en Belgique. Il s’agit du Ladiva composé de picloram (48 g/l), d’aminopyralide (32 g/l) et d’halauxifène-méthyl (10 g/l). Il peut être utilisé en post-levée, à partir du stade 2 feuilles du colza en bon état végétatif jusqu’à 9 feuilles, pour lutter contre les dicotylées annuelles. Son efficacité est bonne sur bleuet, matricaire camomille, capselle, coquelicot, fumeterre, gaillet, géranium, lamier, pensée et séneçon.
Le mélange de ce produit est autorisé avec la plupart des antigraminées. Cependant, il ne peut pas être associé avec des herbicides tels que le Fusilade Max (anti-graminées) ou le Kerb (propyzamide), ni avec un régulateur de croissance, ni avec du bore.
Le désherbage mécanique peut être envisagé si les conditions de sol le permettent, en fonction de la météo à venir, durant les mois de septembre et octobre. Il ne faut pas oublier que certaines mauvaises herbes sont difficiles à éliminer par désherbage mécanique et qu’elles risquent de se développer fortement au mois de juin prochain, en fin de végétation, à l’approche de la récolte. Il peut s’agir de laiterons, chardons, gaillet gratteron, matricaire camomille, coquelicot…
Bénéficier de l’éco-régime « réduction d’intrants »
Dans le cadre de l’éco-régime « Réduction d’intrants », une nouveauté apparaît en 2024 avec la possibilité d’avoir recours à des techniques de désherbage mécanique au minimum à deux reprises au cours de la période de maintien de la culture principale.
Comme lors de la première année d’application de la nouvelle politique agricole commune, une liste de 42 molécules interdites d’utilisation, a été publiée cette année par la Région wallonne. En colza d’hiver, cela concerne dix molécules (tableau 4), aussi bien des herbicides, insecticides et régulateurs de croissance que des fongicides.
Le fongicide fludioxonil, contenu dans le produit Treso, était repris dans la liste de 2023 mais pas en 2024.
Lorsque l’on active l’éco-régime « Réduction d’intrants », on sera attentif à ne pas utiliser de semences désinfectées avec du fluopicolide, c’est-à-dire avec le Scenic Gold.
Cepicop