Antoine Mabille est petit-fils d’agriculteur et fils de boucher. « Et mon papa m’a toujours conseillé de faire ce que les autres ne faisaient pas. En tant que boucher, il rencontrait des problèmes d’approvisionnement en agneaux belges, et donc la filière était en manque ». En effet, dans notre pays, on produit environ 22 % de la consommation nationale. « Le reste de la viande provient de Nouvelle-Zélande, d’Irlande, d’Écosse ou encore de Grande-Bretagne », explique l’éleveur avant de se remémorer le début de cette aventure ovine.
L’histoire commence en 2009. Tandis qu’il termine ses études à Ciney, Antoine Mabille assiste à la détresse de ses grands-parents, éleveurs laitiers. Ce passionné de concours et de génétique bovine décide de se tourner vers une filière dans laquelle il peut être maître du prix. Il se tourne donc vers l’élevage allaitant d’ovins. D’abord, de manière annexe à ses autres activités, puisqu’il a d’abord travaillé au service de remplacement agricole, puis à la Scam à partir de 2013, comme gérant de dépôt. « De 2013 à 2019, je possédais entre 50 et 60 brebis, puis j’ai augmenté jusqu’à 350, avec un temps plein à l’extérieur ».
Durant cette période, une autre crise secoue le secteur ovin. En 2014, la population musulmane décide, en effet, de boycotter la fête du mouton à cause de la nouvelle réglementation sur l’étourdissement. « Je me suis retrouvé avec des agneaux hors catégorie, trop gros pour les particuliers. » C’est ainsi qu’il commence à commercialiser dans les boucheries, et amène ses animaux à l’abattoir de Charleroi. « Il se trouvait à 18 km de la ferme… » Mais en 2019, alors que sa femme et lui s’installent de manière professionnelle, à temps plein, cet établissement ferme ses portes. Direction Ciney… jusqu’en 2023. À cette date, même topo : ce n’est plus possible d’y faire abattre ses moutons. Et aujourd’hui ? « Je dois aller jusqu’à Ath. Cela représente 3 h 30 de route aller-retour, et on nous parle d’une fermeture en 2027 ».
Une situation que déplorent beaucoup d’éleveurs ovins, obligés de parcourir un tas de kilomètres pour trouver un abattoir. Un constat plus que compliqué, alors qu’on ne cesse de conseiller de consommer local et de favoriser le commerce de proximité…
Antoine Mabille avait pris part au mouvement agricole, début de l’année. Face à la détresse du secteur, d’autres actions vont être menées.