Se protéger de la concurrence mondiale
Du côté des défis économiques, la question est de savoir si une filière basée sur l’exportation est durable. « Nous disposons des connaissances, des compétences, des centres de recherche… Pourquoi abandonner tout cela et laisser partir notre savoir-faire de l’autre côté du monde ? », interpelle Emanuel Van den Broeke. Et d’ajouter : « Pourquoi cultiver des pommes de terre dans les régions où les rendements atteignent 15 t/ha alors que l’on réalise jusqu’à 45 t/ha ? »
Les industriels affirment aussi vouloir sécuriser leur présence sur nos territoires, en investissant dans de nouvelles lignes de production. « C’est une matière de protéger les entreprises de la transformation, mais également les cultivateurs, d’une concurrence croissante. L’Inde et la Chine gagnent progressivement du terrain en matière de production. Mais, demain, ces pays se tourneront peut-être vers la transformation et l’exportation, en ciblant notamment nos marchés… », poursuit-il.
Mais les agriculteurs eux-mêmes profitent-ils de cette réussite ? Oui, selon Nicolas Mullier. « À l’heure actuelle, il n’y a plus beaucoup de cultures que l’on peut qualifier de rentable. La pomme de terre est l’une d’entre elles. De nombreuses fermes sont encore en vie grâce à l’industrie de transformation », estime-t-il. Et d’apporter une nuance : « Bien que les façons de consommer la pomme de terre change et que le marché du frais soit en recul, n’oublions pas que celui-ci, avec ses spécificités, est important et contribue, lui aussi, à la rentabilité de nos exploitations. »