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En Europe, les ventes de tracteurs à leur plus bas niveau depuis 10 ans

La baisse des revenus agricoles, observée partout en Europe, n’incite pas aux investissements. Cela se ressent fortement au niveau des ventes de tracteurs neufs, en nette baisse. Avec une nuance toutefois : les plus grosses puissances tirent leur épingle du jeu et voient leurs ventes progresser.

Temps de lecture : 4 min

Selon les chiffres que l’Association des constructeurs européens de machines agricoles (Cema) s’est procurés auprès des différentes autorités nationales, 204.500 tracteurs neufs ont été immatriculés en Europe en 2024. Le Cema considère que 144.400 de ces véhicules sont effectivement des tracteurs agricoles, dont 26.500 (18 %) affichent une puissance inférieure à 50 ch et 117.900 (82 %) développent 50 ch et plus ( tableau 1 ). Le solde est constitué de divers engins parfois classés comme des tracteurs ; notamment des quads, des véhicules utilitaires (UTV), des chargeurs télescopiques ou d’autres équipements encore.

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Par rapport à 2023, il s’agit d’une chute considérable de 8,1 %. Les immatriculations ont, en outre, atteint leur plus bas niveau depuis 2014. Si un pic avait été observé en 2021, elles ont diminué durant les trois années qui ont suivi, dégringolant même de 20 % entre 2021 et 2024 ( figure 1 ).

Figure 1: évolution des ventes européennes de tracteurs, par trimestre, entre 2016 et 2024 (source: Cema).
Figure 1: évolution des ventes européennes de tracteurs, par trimestre, entre 2016 et 2024 (source: Cema).

Une demande réduite…

Comment expliquer cette tendance ? Les perturbations observées au niveau des chaînes d’approvisionnement, en raison de la crise sanitaire de Covid-19, ont eu un impact considérable sur le marché européen des tracteurs en 2021 et 2022. Toutefois, lesdites perturbations sont désormais derrière nous et ne peuvent expliquer cette tendance.

La situation actuelle au niveau de canal de Suez (une baisse de la fréquentation résultant d’attaque de rebelles contre des navires marchands en mer Rouge) a posé quelques problèmes, mais n’a eu qu’un impact très limité sur les constructeurs.

Une fois ces deux possibilités remisées, le recul des immatriculations observé en 2024 reflète, en réalité, un reflux de la demande dans le chef des agriculteurs européens. « Plusieurs facteurs ont contribué à cette tendance, notamment une perte de rentabilité au niveau de certaines spéculations, la baisse des aides publiques à l’investissement, mais aussi les conditions météorologiques défavorables qui ont pesé sur la trésorerie de nombreuses fermes », avance le Cema.

… à l’image du revenu des agriculteurs

La demande en matière de machines agricoles, tracteurs y compris, est étroitement corrélée aux revenus des fermiers.

Après avoir atteint des sommets en 2022, suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les prix de la plupart des produits agricoles ont, depuis, fléchi. Bien que les marchés mondiaux se soient stabilisés aux environs de mi-2023 – certains se sont même légèrement redressés – ils prix demeurent à peine plus élevés qu’en 2021. Tenant compte de l’inflation, les prix de nombreuses denrées agricoles sont même inférieurs à ce qu’ils étaient voici quatre ans.

En parallèle, les intrants ont vu leur prix progresser, dont certains fortement, durant ces mêmes quatre ans. Les prix de l’énergie et des carburants ont bondi de 23 % ; le coût des engrais a grimpé de 25 % (après prise en compte de l’inflation). « Pour l’ensemble des intrants, l’augmentation a été de 7 % au cours de cette période », insiste le Cema. Au final, en 2023, les revenus agricoles ont chuté de 10 % au sein de l’Union européenne. La tendance est la même pour 2024…

La baisse des prix n’explique pas à elle seule la mauvaise santé financière des exploitations agricoles. Les déplorables conditions météorologiques observées dans de nombreuses régions d’Europe ont eu un impact sur les rendements et, par conséquent, sur la trésorerie.

Une grande partie de l’Europe du Nord et de l’Ouest a connu des périodes de précipitations abondantes et soutenues au cours de l’année dernière. Cela n’a pas été sans conséquence sur les travaux des champs et a eu un impact sur les superficies emblavées et les rendements. Plus au sud et à l’est, des conditions chaudes et sèches ont eu un impact négatif similaire sur les cultures. La diminution des revenus affecte, in fine, la volonté des agriculteurs d’investir dans du nouveau matériel.

Les fortes puissances ne pâtissent pas de la baisse

Le recul des immatriculations observé entre 2023 et 2024 ne se reflète pas dans l’ensemble des gammes de puissance (figure 2). Ainsi, les tracteurs d’une puissance inférieure à 30 ch ont vu leurs ventes légèrement croître. Le contraste est encore bien plus marqué pour les modèles de plus de 250 ch. En effet, les immatriculations se sont envolées de 20 % en un an. Ces engins représentaient 9 % des immatriculations européennes, ce qui est à la fois peu mais aussi un progrès par rapport à 2023 (7 %).

Figure 2: ventes de tracteurs agricoles en 2023 et 2024, par puissance (source: Cema).
Figure 2: ventes de tracteurs agricoles en 2023 et 2024, par puissance (source: Cema).

Seule une poignée de pays européen a vu les ventes de tracteurs agricoles croître en 2024. Il s’agit notamment de l’Espagne et du Portugal, où une météo favorable a permis au marché de se redresser, mais aussi de la Belgique. Les deux plus grands marchés que sont la France et l’Allemagne reculent, mais moins que la moyenne (-4,9 % et -4,4 %, respectivement). A contrario, certains pays se caractérisent par des pertes supérieures à 20 %.

Jérémy Vandegoor

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