Accueil Equipements

Ventes de tracteurs en Europe: la Belgique, une île à la hausse dans un océan en baisse

La baisse généralisée des immatriculations de tracteurs neufs se confirme sur la plupart des principaux marchés européens. Dans ce contexte, seuls quatre pays voient leurs ventes progresser : l’Espagne, le Portugal, la Grèce et… la Belgique.

Temps de lecture : 6 min

Si le nombre d’immatriculations de tracteurs neufs s’affiche en baisse à l’échelle européenne, la situation diffère quelque peu selon les pays. Ainsi, certains enregistrent des reculs plus significatifs que d’autres, tandis que quelques-uns se distinguent en ayant vendu davantage de tracteurs neufs en 2024 qu’en 2023 (voir figure 1 et lire également ici).

Figure1: évolution des ventes de tracteurs entre 2023 et 2024, en Europe (source: Cema).
Figure1: évolution des ventes de tracteurs entre 2023 et 2024, en Europe (source: Cema).

Les deux leaders coulent une bielle

Les deux plus grands marchés pour les tracteurs agricoles en Europe demeurent la France (23 % du marché) et l’Allemagne (19 %), qui représentent, ensemble, plus de quatre immatriculations sur 10. Cependant, l’an dernier les ventes ont connu un certain retrait dans ces deux pays, évalué à -4,9 % pour le premier et -4,4 % pour le second.

En Allemagne, 27.595 tracteurs agricoles neufs ont été immatriculés en 2024, soit un recul par rapport aux bons résultats observés en 2023. Les modèles d’une puissance inférieure à 50 ch voient leur marché se contracter quelque peu. Au niveau des puissances intermédiaires (50 à 150 ch), les pertes sont plus importantes et des nombres à deux chiffres sont évoqués. A contrario, les puissances plus élevées (au-delà de 150 ch) enregistrent un léger mieux par rapport à l’année précédente.

Du côté de la France, un peu plus de 34.000 tracteurs ont été immatriculés, toutes catégories confondues, soit un recul de 7 % par rapport à 2023. Les ventes de modèles dits « standards » connaissent leur première baisse depuis 2020 (-8 %), pour s’établir à 23.976 unités. La puissance moyenne de ces mêmes engins, elle, augmente et passe de 163,5 ch en 2023 à 169 ch en 2024. Le Cema pointe encore la nette croissance du nombre de tracteurs d’une puissance supérieure à 300 ch (+13 %).

En vignes et vergers, les immatriculations fléchissent pour la troisième année consécutive, atteignant leur plus bas niveau depuis dix ans (2.531 unités). La puissance moyenne se maintient à 89,1 ch. Enfin, les tracteurs dédiés aux espaces verts sont les seuls à progresser (+9 %), pour atteindre 6.718 unités.

Panne moteur pour l’Italie, le Royaume-Uni et la Pologne

Les chiffres interpellent plus encore en Italie et au Royaume-Uni, respectivement troisième et quatrième marchés d’Europe. Ces deux pays affichent des pertes respectives de 12,2 % et 11,7 %. Sixième, la Pologne fait pire encore, en témoigne la chute des immatriculations estimées à 17 % en 2024. En cinquième position, l’Espagne est le seul pays du top 6 à faire mieux par rapport à 2023 (+13,4 %).

En Italie, le marché des machines agricoles a clôturé 2024 avec une baisse significative des ventes et ce, pour tous les types de machines. À commencer par les tracteurs qui, avec 15.400 immatriculations environ, ont chuté de 12 % par rapport à 2023, marquant ainsi la pire performance enregistrée depuis 1952. Toutes les catégories de puissances ont reculé, sauf les plus petits modèles (25 ch et moins) qui bondissent de 19 %.

Après avoir atteint un sommet en 2021, le secteur enregistre sa troisième année consécutive de déclin. Cela s’explique, d’une part, par l’augmentation des coûts de production et, d’autre part, les taux d’intérêt élevés compliquant l’accès aux crédits bancaires.

À l’inverse, le marché des tracteurs d’occasion culmine à un nouveau pic, avec plus de 57.000 unités écoulées (+ 8 %). L’âge moyen des engins d’occasion est, cependant, élevé (22 ans, environ).

Au Royaume-Uni, les immatriculations sont passées sous la barre des 12.000 machines en 2024 et ce, pour la première fois depuis 2020. Pour six des sept dernières années, le total se situait plutôt entre 13.000 et 14.100. Avec 11.741 immatriculations, 2024 est donc loin sous la moyenne mais ne diffère cependant pas significativement de ce qui est habituellement observé lorsque le marché britannique est d’humeur morose.

La seule éclaircie se situe au sommet du classement, avec plus de 1.500 tracteurs de plus de 240 ch enregistrés au cours de l’année écoulée, soit 14 % de plus qu’en 2023. Cela n’a pas été sans influence sur la puissance moyenne des tracteurs immatriculé, dépassant 160 ch. Il s’agit d’un double record !

Du côté de l’Espagne, l’achat de tracteurs agricoles neufs a représenté 53 % de l’investissement total en machines agricoles. D’autres véhicules, tels que les ATV (quads et autres tout-terrain) et chargeurs télescopiques, progressent également.

En termes de puissance, seules les immatriculations de tracteurs étroits de 80 à 100 ch ont connu une baisse, bien que ceux-ci ne représentent que 6 % du marché total. Les engins d’une puissance comprise entre 100 et 150 ch s’adjugent, eux, 38 % du marché, et ont augmenté leur présence de 17 % par rapport à 2023. Les modèles de 151 à 200 ch occupent 15 % du marché (+13 %). Les plus performants en 2024 sont les modèles de plus de 200 ch qui, avec une envolée de 26 %, représentent désormais un cinquième du marché.

Plus de 8.500 nouveaux tracteurs ont été immatriculés en Pologne, soit une chute de 17 % par rapport à 2023. La plus forte baisse des ventes (-27 %) est observée du côté des modèles entre 140 et 200 ch. Les ventes de tracteurs spécialisés de petits gabarits (jusqu’à 30 ch) se sont, quant à elles, maintenues.

Les raisons principales de cette détérioration, qui touche toutes les machines agricoles, sont, d’une part, la mauvaise santé financière des fermes, résultant de la hausse des coûts de production, et, d’autre part, des importations incontrôlées de céréales au premier trimestre 2024. Ces facteurs, combinés à l’instabilité politique en Europe de l’Est et à l’incertitude économique régnant en Pologne, sont source d’incertitudes pour le monde agricole. Actuellement, les décisions d’investissement et les achats de tracteurs ne sont motivés que par les besoins réels des fermes.

Ces six principaux marchés représentent, à eux seuls, 105.638 unités sur un total de 144.447. En d’autres termes, seul un peu plus d’un tracteur neuf sur quatre est vendu hors France, Allemagne, Italie, Pologne, Royaume-Uni et Espagne.

La Belgique double son voisin hollandais

En Belgique, Les immatriculations de tracteurs agricoles ont bondi de 14 % en un an. Contrairement à la situation globale, le marché national a retrouvé des couleurs après deux années moroses. En détail, 2.158 tracteurs de plus de 50 ch ont été immatriculés, soit 300 de plus qu’en 2023 (+ 100 par rapport à la moyenne quinquennale). Un peu plus de 1.000 tracteurs de 50 ch et moins ont été recensés, ce qui est inférieur à la moyenne quinquennale.

La part des modèles les plus puissants (plus de 250 ch) continue d’augmenter, passant de 13 % en 2021 à 22,5 % en 2024. La catégorie des 180 à 250 ch reste stable, tandis que la part des engins de moins de 180 ch diminue progressivement (lire Le Sillon Belge du 30 janvier dernier).

Enfin, aux Pays-Bas, la vente de tracteurs neuf de plus 60 ch a quelque peu fléchi l’an dernier. En cause : l’incertitude politique, au niveau national, et l’absence d’une vision claire pour l’avenir de l’agriculture. Bien que le revenu des fermiers, en grandes cultures, horticulture ou élevage, ait été supérieur à la moyenne en 2024, l’incertitude réfrène les investissements. Le Cema constate encore que nos voisins achètent de nombreux tracteurs (neufs ou d’occasion) à l’étranger.

Si les chiffres ont baissé en 2024, les prévisions sont tout aussi négatives pour 2025 et ce, pour deux raisons. Premièrement, le non-renouvellement des générations. Deuxièmement, le nombre d’éleveurs optant pour la fermeture volontaire de leur exploitation contre le payement d’indemnités, dans le cadre du programme national de réduction des émissions d’azote.

Jérémy Vandegoor

A lire aussi en Equipements

Les bons choix, pour faner et andainer proprement et en douceur

Equipements Prenant le relais de la faucheuse, la faneuse et l’andaineur jouent un rôle tout aussi essentiel dans la qualité de la récolte. De leurs bons réglages et options choisies dépendent l’homogénéité du séchage, la propreté du fourrage, le respect du sol… mais aussi l’usure du matériel lui-même.
Voir plus d'articles

Trouvez un emploi dans le secteur agricole et horticole

Centre wallon de Recherches agronomiques - CRA-W

Gembloux, Namur, Belgique

Postuler maintenant

CHANT D'EOLE

Quévy-le-Petit, Hainaut, Belgique

Postuler maintenant

Trouvez l'employé qui vous convient vraiment.

Publier une offre d'emploi
Voir toutes les offres d'emploi