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«C’est en solutionnant les problèmes que de nouvelles opportunités se développent»

Quel regard M. Joskin porte-t-il sur son entreprise et le chemin parcouru ? Débuter seul ses activités en 1968 et se retrouver 50 ans plus tard à la tête d’une entreprise disposant de 4 sites, employant plus de 750 collaborateurs et générant un chiffre d’affaires de 100 millions € n’est en effet pas banal…

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«  Lorsque je jette un coup d’œil dans le rétroviseur, je peux être satisfait bien entendu. Mais il faut aussi savoir que tout ceci est le fruit de beaucoup de travail », dit-il. « Pour réussir, il faut être travailleur et surtout faire preuve de logique.

Une fois, un interlocuteur m’a dit que j’avais la chance d’être un homme « complet ». Je ne sais pas s’il avait raison mais ses termes sont restés dans ma mémoire. Il est en tout cas certain qu’il faut être polyvalent et pouvoir entrer dans tous les domaines d’une entreprise.

La facette la plus difficile de mon boulot a toujours été la gestion du personnel. Ce n’est jamais facile, il faut pouvoir faire preuve de psychologie. Chacun vit avec ses intérêts, ses humeurs, ses joies et ses peines. Derrière chaque travailleur, il y a un humain avec une situation personnelle, familiale, financière… Malheureusement, dans certains cas, un chef d’entreprise est amené à annoncer de mauvaises nouvelles comme la fin d’une collaboration et il faut pouvoir gérer ces moments. Ce n’est pas simple ».

Déléguer et rester aux aguets

Mener une telle entreprise nécessite aussi de savoir déléguer intelligemment les tâches : « Faire tout soi-même est impossible. J’essaie de déléguer tout ce qui peut l’être. A contrario, je garde pour moi les tâches que les autres ne sont pas en mesure de réaliser et j’essaie d’y apporter une solution. Mon rôle est également de rester en permanence aux aguets pour détecter le plus rapidement tout problème et le résoudre immédiatement. Pour cela, il est utile de faire régulièrement le tour des bâtiments et du personnel. Avant, je le faisais quotidiennement mais, à 70 ans et vu l’agrandissement du site, cela devient compliqué de maintenir ce rythme.

Je porte aussi une oreille attentive à ce que me rapportent les clients. Je suis toujours parti du principe que c’est avec les problèmes que l’on avance. Il faut les solutionner et c’est souvent à ce moment que de nouvelles opportunités de développement se présentent… ».

En famille !

Si Joskin occupe une place de choix dans l’univers des constructeurs de machines agricoles, il est à souligner qu’il s’agit d’un groupe familial, une famille très importante pour Victor Joskin.

« Mon épouse, Marie-José, est à mes côtés depuis le début de mes activités professionnelles. Enseignante, elle répondait après sa journée de travail au téléphone et s’occupait de la comptabilité lorsque j’étais entrepreneur de travaux agricoles. Elle a ensuite décidé de quitter l’enseignement pour prendre en charge le travail administratif dans la société. Elle a un rôle très important vis-à-vis de moi : c’est ma personne de confiance. Elle a toujours été là, m’a encouragé ou tempéré dans mes décisions. Il est clair que sans elle, je ne serais pas là où je suis aujourd’hui ».

Les arrivées des trois enfants du couple dans l’entreprise ont aussi été des faits marquants pour Victor et son épouse. Chacun d’eux traite de domaines bien spécifiques dans le groupe : Didier de la production et de l’informatique, Vinciane de l’administration et des finances, et Murielle de la communication et du personnel.

Et l’avenir ?

Quels seront les défis à relever pour la prochaine décennie ?

« Au niveau technique, il est indispensable d’anticiper l’évolution de l’agriculture et du matériel. La vitesse de cette évolution est fulgurante. En tant que constructeur de machines, nous devons rester informés des tendances en matière de technologie embarquée dans les tracteurs. Nous avons la chance à ce titre d’entretenir de bonnes relations avec les tractoristes. De plus, grâce à notre concession de tracteurs, nous disposons d’un atout certain à cet égard.

Il est aussi nécessaire de simplifier les machines et leur utilisation malgré leur complexification technologique liée à l’automatisation de certaines de leurs fonctions.

Un autre objectif est d’encore réduire les coûts de production : cela passera par une standardisation encore plus poussée, une réduction des manipulations, une révision du design de certaines pièces…

Mais, selon moi, le plus grand défi pour les années à venir se situera au niveau du personnel. Il devient de plus en plus difficile d’engager du personnel qualifié, compétent et motivé. Je crains que cette tendance ne s’améliore malheureusement pas dans un futur proche. Ce problème n’est pas propre à l’entreprise, il touche tout le secteur agricole et même industriel en général. Des réponses sont à trouver à ce problème, qui peuvent passer par la formation interne, l’achat de machines, ou encore l’optimisation de la chaîne de production.

Tous ces défis nous donnent du pain sur la planche et nous sommes déjà au travail pour les relever. Comme je l’ai dit précédemment, c’est au travers des problèmes et des solutions qu’on leur apporte qu’on avance ».

N.H.

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