Entre chien et loup, je suis arrivée chez eux. Il était d’une humeur de chien, lui qui pourtant ne se laisse jamais abattre. En mai, malgré une longue période sans pluie, ils ont encore tant à faire sur les champs. Les pommes de terre sont plantées, les betteraves, les carottes sont semées. Déjà 2 silos d’ensilage d’herbe fermés mais il reste encore tant à faucher. C’est qu’il leur en faut de la réserve pour cette bande de vaches ! Que faire demain dimanche, faucher ou attendre ? Écouter la météo, lire le canard ?
C’est alors qu’elle est arrivée, sortant de l’étable, à ma vue, son sourire éclaira son visage fatigué. Je me suis dit que malgré sa salopette, ses bottes, son foulard, elle était très belle avec sa mèche rebelle qu’elle remet sans cesse derrière l’oreille. Quel charme ! Vraiment elle a du chien. Elle m’a offert un canard dans mon café. Malgré ses gestes avenants, je sens bien, elle en gros sur la patate, trop de travail, jamais fini. Alors, après qu’elle m’a donné le lait qu’elle tire de son tank avec son « bec de cygne », je suis rentrée chez moi un peu triste comme le ciel de ce samedi. Elle est retournée à ses vaches, veaux, cochons. Une vie de chien ? Jamais, ils ne se plaignent, trop fiers peut-être. Respect. Je la connais trop bien… dès que le travail sera un peu moins dru, elle reprendra son air enjoué, taquinera son chien, rira d’une peccadille, me téléphonera juste pour le plaisir de m’entendre. Cela seul réchauffe mieux que le soleil : le cœur d’une maman.