la lutte contre les adventices se complique
le Cipf expose ses recommandations pour un désherbage réussi, en pré ou en
postémergence, face aux dicotylées annuelles et autres graminées estivales.
Des retraits… et un nouveau produit
Outre le retrait des autorisations des produits à base de S-métolachlore (lire en p.13), plusieurs points sont à épingler dans la liste des produits phytosanitaires disponibles.
La seule nouveauté : Dragster
Dernière saison d’utilisation
pour le tritosulfuron
Le 31 octobre 2024, la Commission européenne a décidé de ne pas renouveler l’approbation de la substance active « tritosulfuron » au niveau européen. En culture de maïs, cela concerne les produits Callam, Frisk et Piorun. Leur utilisation reste autorisée jusqu’au 31 juillet 2025.
Principalement utilisés en lutte contre liserons des haies ou dans les schémas sans terbuthylazine contre dicotylées difficiles telles que renouées des oiseaux, ceux-ci pourront être remplacés à l’avenir par des produits de type Casper ou Peak.
Retrait des autorisations
des produits à base de flufénacet en vue !
Le retrait du flufénacet va également complexifier les traitements de préémergence. En effet, cette matière active est la seule associée à la terbuthylazine qui peut être appliquée en préémergence et qui peut assurer, avec le Stomp Aqua comme partenaire, un désherbage complet, renouées comprises. Si l’on sait que l’association flufénacet + terbuthylazine pourra encore être utilisée cette année, au moment de la rédaction de cet article, aucun délai de vente ou d’utilisation n’a encore été publié par le Comité d’agréation.
Limitation pour l’application
de la terbuthylazine
Depuis le 21 mai 2021, un nouveau règlement d’exécution de la Commission européenne concernant les conditions d’approbation de la substance active « terbuthylazine » a été voté afin d’éviter la contamination des eaux souterraines
Cette restriction s’appliquant depuis 2022, cela signifie que les agriculteurs qui ont utilisé un produit à base de terbuthylazine sur une parcelle en 2023 et 2024 ne pourront pas appliquer cette matière active en 2025.
Sont concernés par cette modification les produits suivants : Akris, Andes, Aspect T, Promess, Calaris, Callistar, Click pro et Click Premium.
Réussir le désherbagede préémergence
L’humidité du sol est le facteur essentiel. En effet, seule la partie qui est dissoute dans la solution du sol sera efficace vis-à-vis des adventices. On notera toutefois des différences de solubilité dans l’eau entre substances actives. À titre d’exemple, l’efficacité du diméthénamid P (1.499 mg/l à 20°C) très soluble dans l’eau sera moins affectée en conditions plus sèches que la pendiméthaline qui est nettement moins soluble (0,33 mg/l à 20°C). Dans les mêmes conditions, la pethoxamide se situe respectivement à 400 mg/l.
Les teneurs en argile et en matière organique influencent également le contrôle des adventices. Des taux élevés bloquent les substances actives qui ne seront plus disponibles pour assurer la destruction des mauvaises herbes.
La réussite d’un traitement de préémergence est fortement tributaire de la qualité de préparation de sol et des conditions d’humidité au moment de l’application. Privilégier les interventions dans les 48 heures après le semis permet souvent de bénéficier de l’humidité en surface du sol et de favoriser la bonne régularité du film herbicide formé.
La pluviométrie post-application est également importante. En effet, pour obtenir une efficacité optimale des produits racinaire, 1 à 15 mm de pluies sont nécessaires dans les dix jours.
Avec quels herbicides ?
En présence de terbuthylazine,
Certaines substances actives (flufénacet, isoxaflutole, pendiméthaline) utilisées en préémergence ont une sélectivité de position. Elles ne peuvent entrer en contact avec la graine de maïs en germination (profondeur de semis de 3 à 5 cm nécessaire). L’application sur un sol sec avant une pluie abondante n’est donc pas sans risque, surtout s’il s’agit d’un sol léger.
La réussite est toutefois liée à une bonne préparation du sol (terre suffisamment émiettée) et à une humidité suffisante au moment du traitement. Les traitements conseillés sont décrits dans le tableau 2. En fonction de la combinaison choisie, quelques adventices peuvent leur échapper.
La « post », avec recoursà la terbuthylazine
En présence de dicotylées annuelles, le schéma de base sera constitué d’une association d’une tricétone (mesotrione ou tembotrione) combinée à la terbuthylazine et à un radiculaire
Le Capreno TCMax est composé de tembotrione et renforcé par la thiencarbazone méthyl qui apporte un complément d’efficacité sur renouées des oiseaux et matricaires.
Lorsque la terbuthylazinene peut être utilisée
Il convient toutefois d’être vigilant vis-à-vis de certains mélanges. En effet, le Monsoon Active 0,75 l, le Maïster Power 0,75 l ne peuvent pas être associés à Laudis OD lorsque la dose appliquée est supérieure à 1,5 l (risque de phytotoxicité).
Eviter la présencede matricaires repiquées
La matricaire n’est difficile à éliminer que si elle a été repiquée par les travaux de sol (cas de non-labour ou de labour reverdi). En postémergence, lorsque les matricaires ont moins de 10 cm, les associations classiquement utilisées (Laudis 1,75 l + Aspect T 1,75 l) les contrôlent parfaitement
En présence des matricaires repiquées (tableau 6), les meilleurs résultats sont obtenus avec l’ajout de 20 g de Peak aux mélanges classiques à base de Callisto 100SC. Le Peak (75 % de prosulfuron) peut être appliqué du stade 2 à 9 feuilles du maïs mais agit assez lentement. Il faudra donc être patient avant de voir ses effets.
Sur digitaires : Laudisreste la seule solution !
Si les parcelles où on retrouve des digitaires restent nettement moins fréquentes que les parcelles avec sétaires et panics, les cas rencontrés sont de plus en plus courants et les régions concernées plus nombreuses d’année en année. Si le nord du pays est le plus concerné, on rencontre également la digitaire filiforme et, occasionnellement, la digitaire sanguine dans certaines parcelles dans l’ouest du Hainaut, au nord-est de Liège, en Brabant, surtout en sols légers et sols sablonneux de la région jurassique. Leur levée est plus tardive que celles des autres graminées.
Quel traitement face aux panics dichotomes et panic schinzii ?
Ces graminées, essentiellement localisées en régions sablonneuses du nord du pays, en Campine, se retrouvent depuis quelques années dans quelques régions de Wallonie (Pays de Herve, Brabant wallon).
Le traitement Laudis 2,0 à 2,25 l + Aspect T 2,0 l ou Akris 2,0 l a confirmé son excellente efficacité contre ces graminées. En préémergence, en conditions humides, leur destruction était complète en apportant comme radiculaire le Frontier Elite 1,4 l ou Akris 2,25 l. L’Adengo 0,33 l en préémergence et le Laudis 2,0 l + Frontier Elite 1,0 l au stade 1 à 3 feuilles des graminées assurent également un contrôle total des panics schinzii.
Enfin, il ressort que le succès d’un traitement postémergence face à ces nouvelles graminées n’est garanti que par une pulvérisation en conditions d’humidité satisfaisante et à des stades très précoces des adventices (maximum au stade deux à trois feuilles étalées à talle 1 cm). Passé ce stade, la destruction devient nettement plus problématique.
Le vulpin et le ray-grassrésistants aux sulfonylurées,une nouvelle difficulté en maïs
Dans quelques parcelles, le ray-grass et les vulpins résistants aux sulfonylurées ont fait son apparition. L’importation de paille provenant du bassin parisien est à l’origine, dans certaines situations, de l’extension du ray-grass.
Les premiers essais, réalisés en 2019 et 2020, avaient montré les limites des herbicides actuellement disponibles en maïs. En 2024, un nouvel essai a été installé à Haulchin sur une parcelle présentant une infestation moyenne de ray-grass résistants (13/m²). Tous les traitements ont été appliqués en post très précoce sur des ray-grass de 1 à 3 feuilles. Vingt-et-un jours après les traitements, aucun antigraminée spécifique (nicosulfuron, foramsulfuron) n’est parvenu à détruire le moindre ray-grass présent.
Un premier cas de résistanceaux sulfonylurées sur sétaires
En 2024, dans la région d’Hélècine, le Cipf a découvert plusieurs parcelles envahies de sétaires verticillées présentant des cas de résistances au nicosulfuron. Même si la résistance des sétaires vertes aux ALS est connue en France depuis 2011, il s’agit d’une première détection en Belgique. Dans le cadre d’un essai réalisé dans cette région, des traitements de postémergence à base de Samson Extra 60OD 0,5 l + Frontier Elite 0,7 l ont réduit les populations de sétaire sous l’action du Frontier Elite mais aucune destruction des sétaires déjà levées lors des traitements n’a été constatée.
Des essais seront entrepris en 2025 pour évaluer le type de résistance concerné et rechercher des solutions pour la contrôler.
Centre pilote maïs, Cipf, UCL – Louvain-la-Neuve
