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Chez Joskin: transformer les crises en opportunités d’évoluer

Voici trois ans que Joskin n’avait plus organisé les « Pro Days », sur son site de Soumagne. En effet, la crise sanitaire avait poussé le constructeur à organiser ses traditionnelles portes ouvertes en version digitale. À l’occasion du retour de cet événement, nous avons rencontré Didier Joskin, Ceo et responsable de la production, afin de savoir comment la société a traversé ces dernières années.

Temps de lecture : 5 min

Début janvier, les « Joskin Pro Days » faisait leur retour pour une 21ème  édition. Depuis la dernière édition « physique », début 2020, la société a connu de nombreux événements : pandémie, problèmes d’approvisionnement, conflit russo-ukrainien, distribution de Bednar en Belgique… Autant d’actualités que commente Didier Joskin.

Revenons près de trois ans en arrière… Le début de la crise sanitaire nous a soudainement confrontés à la distanciation sociale et a entraîné plusieurs confinements. Comment votre entreprise a-t-elle traversé cette épreuve ?

Nous avons eu la chance que le secteur agricole puisse poursuivre son activité. La production n’a pas été interrompue. Le showroom, par contre, ne pouvait plus accueillir de clients et l’usine était fermée aux visiteurs.

Vu la superficie du site, les règles de distanciation sociale ont été respectées avec une relative facilité. Certains membres du personnel se sentaient même davantage en sécurité ici que chez eux (rires). Nous avons aussi pris les mesures adéquates pour réduire la circulation sur le site. Il fallait constamment s’adapter et trouver les solutions adéquates.

Le personnel de bureau s’est immergé dans le télétravail. Par un heureux hasard, nous avions informatisé notre système de téléphonie quelques mois avant le début de la crise sanitaire. Ainsi, les appels de nos clients trouvaient réponse, qu’un membre du personnel travaille depuis Soumagne ou son domicile.

Nous nous sommes cependant demandé combien de temps nous allions pouvoir travailler sur base de notre stock de pièces et matériaux. Là encore, nous avons eu la chance que nos fournisseurs poursuivent leur activité et nous approvisionnent.

Dans la foulée, les foires agricoles ont été annulées les unes après les autres. Avec quel effet ?

Nous avons consacré le budget initialement dédié à ces événements à l’accélération de notre transition numérique. Cela nous a permis de développer plus rapidement que prévu notre showroom virtuel ainsi que notre configurateur en ligne.

Une crise succédant à une autre, des problèmes d’approvisionnement ont vu le jour après la pandémie. Comme y avez-vous fait face ?

Nous avons pour politique de toujours disposer d’un important stock de pièces détachées. Nous avons pu l’augmenter, mais de manière limitée compte tenu de notre capacité de stockage.

L’augmentation du prix de revient ainsi que la disponibilité limitée des pièces détachées ont compliqué le travail de bien des constructeurs. Heureusement, cela n’a pas entraîné un effondrement du marché. La demande en machines agricoles restée importante.

Naturellement, nous n’avons pas traversé cette période sans difficulté. Le métier de nos acheteurs a évolué… Désormais, nos questions portent d’abord sur la disponibilité et les délais de livraison, puis sur le prix. C’était tout autre voici deux ans…

L’approvisionnement en pièces et matériaux demande davantage de travail, que ce soit en matière de gestion ou pour éviter tout arrêt sur la chaîne de production. Tout cela est énergivore… (soupirs).

Revenons-en aux salons et événements (inter)nationaux, dont le calendrier a été perturbé par la crise sanitaire. Est-ce un bouleversement pour les constructeurs ?

Il y a trop de salons professionnels ! Ou du moins, l’intervalle de temps qui les sépare est trop court. Certaines foires ne devraient pas avoir lieu chaque année ou tous les deux ans, mais tous les deux ou quatre ans, par exemple. Nous avons déjà ajusté notre politique vis-à-vis des événements européens et continuerons de le faire. Mais attendons d’abord de voir comment le calendrier évoluera spontanément de lui-même.

Ne le nions, pas, participer à un événement « physique » est un plus pour notre entreprise. La crise sanitaire nous a montré combien les clients ont besoin de voir et toucher les machines, de discuter entre eux ou d’avoir un réel contact avec nos délégués commerciaux.

Un événement qui est plus économique et très intéressant pour nous, ce sont nos propres portes ouvertes. Nous sommes propriétaires des lieux, ce qui est un avantage en termes de coûts, et attirons un public très ciblé.

Je suis très satisfait de l’affluence des derniers « Pro Days ». Quelques Français nous ont rendu visite, ainsi que des Néerlandais et Allemands, en plus du public belge. Nous attendions avec impatience de voir ce que donneraient les premières portes ouvertes post-Covid-19, mais nous clôturons l’édition 2023 avec satisfaction.

Le conflit russo-ukrainien est venu s’ajouter aux problèmes précédemment cités. Avec quel impact sur vos activités ?

Sur le plan commercial, l’impact est pratiquement nul. Ces pays représentent moins de 1 % de notre chiffre d’affaires. Nous n’avions pas parié sur ces marchés au cours des dernières années.

Au début de la guerre, certains concessionnaires polonais, installés à la frontière avec l’Ukraine, ont souhaité que les livraisons soient retardées, de peur que le conflit ne les atteigne. Entre-temps, la situation s’est stabilisée et la situation commerciale est revenue à la normale.

En octobre 2021, vous avez une nouvelle fois tiré la sonnette d’alarme en raison des difficultés que vous rencontrez pour engager du personnel...

Depuis, la situation s’est quelque peu améliorée. Durant la crise sanitaire, qui a entraîné la fermeture des restaurants et l’annulation de nombreux événements, nous pensions que la main-d’œuvre issue de ces secteurs pourrait nous rejoindre. Nous avions tort… et avons fait le même constat en Belgique et en Pologne.

Nous essayons de faire face à la pénurie de personnel en ayant recours aux machines. Nous avons notamment acquis des robots de soudure et des bras de manutention robotisés destinés à alimenter les machines d’usinage des métaux.

Alors qu’« auparavant », un travailleur devait, par exemple, alimenter une machine en métal et récupérer les pièces finies, cette tâche est désormais assurée par un bras robotisé. Le travail de l’ouvrier a évolué vers la gestion de certains outils.

Le même bras permet aussi de réduire fortement les risques de blessures ou d’accident. Nous disposons de bras robotisés capables de soulever et de décharger des charges allant jusqu’à 40 kg, et même une charge allant jusqu’à 120 kg.

D’après Tim Decoster

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