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Récoltes dans l’UE, résultats et perspectives : Ukraine, climat ... la vie en morose?

C’est désormais une tradition. Chaque année, dans les premiers jours du mois de septembre, la commission fait l’état des lieux des récoltes des principales cultures arables dans l’UE, mais aussi, situation géopolitique oblige, en Ukraine. Et les résultats sont mitigés…

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D es chiffres qui se fondent sur l’expertise des services de la commission et des États membres, afin de transmettre des données agrégées les plus précises possible.

L’Exécutif a aussi recours aux outils de modélisation du centre commun de recherche, et ce, pour prendre en compte les conditions pédoclimatiques les plus pertinentes et les plus à jour, compte tenu des événements climatiques parfois extrêmes qui ont touché notre continent.

 

Une moyenne historique assez faible

Dans le domaine céréalier, la commission note une évolution assez réduite qui reflète des situations disparates dans différentes parties de l’UE. Elle table sur une récolte de 271 millions de tonnes pour 2023, soit 2,4 % de plus qu’en 2022 qui était toutefois la plus faible des dix dernières années. 2023 se situe en fait 3 % en deçà de la moyenne.

Avec une production « stable » de 126 millions de tonnes, le blé tire son épingle du jeu même si les précipitations qui ont arrosé l’UE ces dernières semaines ont reporté la récolte dans certains États membres. « Nous nous attendons à ce qu’il y ait une part de blé de qualité inférieure à la moyenne de ces dernières années » a déjà annoncé le représentant de la commission.

Avec 49 millions de tonnes, la récolte d’orge est en repli de 5 % tandis que celle de maïs devrait avoisiner les 62 millions de tonnes, en augmentation de 18 % par rapport à 2022, année « catastrophique » en raison de la sécheresse. C’est donc un rebond malgré un chiffre en-deçà d’environ 10 % de la moyenne historique.

Les conditions climatiques de ces mois de septembre et octobre influenceront encore les derniers chiffres de la récolte.

 

 L’Europe reste un exportateur clef

Les services de la commission ont observé une baisse des prix des céréales dans l’UE au cours des 12 derniers mois, une tendance baissière des prix des matières premières avec une offre importante au niveau mondial. Il y a eu des cotations de blé qui ont baissé de 25 % pour arriver à 230€/tonne pour le blé.

Les récoltes devraient garantir à l’UE de rester un exportateur clef sur les marchés, en particulier pour le blé et l’orge. « Nous envisageons une concurrence très forte de la Russie dont la production de céréales russes a encore atteint record » a encore pointé le représentant de la commission avant d’évoquer la situation du Canada qui a connu d’importants épisodes de sécheresse, ce qui entraînera une baisse de production du blé dur dont il est le plus gros exportateur.

Le prix des céréales devrait continuer à baisser au cours des prochains mois à l’exception du blé de haute qualité.

 

La production d’oléagineux en hausse

Pour les oléagineux, on devrait tourner autour des 32 millions de tonnes pour 2023/2024, il s’agit de 4 % de plus de l’année et « nous sommes au-delà de la moyenne historique de 9 % à 10 %, donc une évolution progressive de la production d’oléagineux dans L’UE ».

La commission envisage une récolte de 19 millions de tonnes de colza, une petite baisse de 2 % alors que le soja devrait connaître une hausse de près de 15 % et de 14 % pour le tournesol malgré une prévision qui était annoncée à la baisse en raison des récentes conditions climatiques en Bulgarie pour le tournesol ainsi qu’en Roumanie et en France pour ce qui est du soja.

 

De bons chiffres des récoltes en Ukraine…

Malgré toutes les difficultés liées à la production et grâce à des conditions climatiques favorables, plusieurs productions ukrainiennes devraient être en positif avec des récoltes revues à la hausse par rapport aux observations enregistrées depuis l’année dernière.

Dans le territoire contrôlé par le gouvernement, les prévisions officielles tournent autour 56 millions de tonnes de céréales et de plus de 20 millions de tonnes d’oléagineux. L’orge 60 millions de tonnes et 28 millions de tonnes le colza. Mais il faut aussi savoir que 40 % du volume total de blé serait de qualité moyenne.

 

... Qui doit vendre ses céréales !

La commission a une nouvelle fois regretté la résiliation, par la Russie, de l’initiative céréalière en mer Noire. Elle a appelé à améliorer la qualité et le fonctionnement des voies de solidarité, accroître la capacité en termes de volumes tout en réduisant le coût logistique de manière à faciliter l’exportation des céréales ukrainiennes.

Car Kiev doit pouvoir vendre sa production sur le marché international dont elle est totalement coupée depuis la fin de l’accord d’Istanbul sur les acheminements en mer Noire.

Cela passera par l’élimination des contrôles superflus, la rationalisation des processus (dédouanement), l’amélioration des infrastructures et la pleine utilisation du potentiel du canal danubien, par exemple). Sa capacité devrait passer à 4 millions de tonnes par mois 3 millions de tonnes en début d’année.

L’UE fournit déjà des aides financières en faveur des couloirs de solidarité (postes frontière, transport ferroviaire, ports). Par exemple, 250 millions € de subventions ont été octroyées grâce au mécanisme pour l’interconnexion en Europe.

« Cela permettra d’acheminer plus rapidement les céréales ukrainiennes vers les pays tiers et les États membres qui ne jouxtent pas l’Ukraine et, de ce fait, de réduire la pression les marchés des pays limitrophes (Pologne, Roumanie, Slovaquie, Hongrie et Bulgarie) » a assuré la commission.

Malgré les difficultés liées à la météo dans différentes parties de l’UE (sécheresse dans le sud et d’importantes précipitations au nord), les récoltes devraient s’améliorer par rapport au faible niveau de 2022 mais en-deçà du niveau moyen de ces dernières années.

 

Et les réserves stratégiques ?

Mais qu’en est-il exactement des réserves stratégiques de l’UE ... Leur caractère « confidentiel », surtout dans la situation géopolitique actuelle, interpelle. Et le représentant de l’Exécutif n’a apporté aucune réponse concrète. Il a juste rappelé que les Etats membres devaient informer mensuellement la commission sur la situation des stocks. « Malheureusement, tous ne se plient pas à ces exigences. Nous n’avons donc pas une évaluation complète des stocks », a-t-il regretté.

Quoi qu’il en soit, les chiffres mitigés avancés par la commission mettent surtout en lumière les répercussions délétères du changement climatique (inondations, stress hydrique…) et ses répercussions sur la production agricole. Le représentant de la commission l’a reconnu, ces phénomènes sont amenés à devenir une donnée qu’il faudra désormais prendre en compte et la viabilité économique des exploitations en dépend.

Marie-France Vienne

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