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Pluviosité record et faible luminosité, sources d’une récolte moyenne en colza d’hiver

En colza d’hiver, la météo a, sans conteste, jouer les trouble-fêtes tout au long de la saison écoulée. Si la douceur automnale a permis à la culture de bien se développer, les pluies et le manque de luminosité ont largement impacté la fécondation, le remplissage des graines, les récoltes… Ce qui se traduit par des rendements inférieurs aux attentes.

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Après une moisson 2023 interrompue par trois semaines d’affilée de pluies fin juillet et début août, les semis de colza d’hiver ont pu démarrer fin août, avec toutefois des orages localisés ayant conduit au report des travaux à début septembre. Celui-ci fut le mois le plus chaud jamais enregistré. La levée de la culture, implantée dans un sol humide, a généralement été rapide.

Les limaces étaient bien présentes. Il en était de même des altises, profitant des conditions clémentes. Les premiers vols ont été enregistrés la première semaine de septembre, caractérisée par une vague de chaleur exceptionnelle. Les grosses altises ont été nombreuses et très actives à l’automne, durant une longue période. Les pucerons ont également été observés durant cette saison.

L’hétérogénéité entre champs et au sein de ceux-ci était marquée au niveau du développement des plantes, en fonction de la date de semis et des dégâts de limaces ou morsures d’altises. De bonnes températures ont été observées tout au long de l’automne avec, toutefois, un rafraîchissement lors de l’arrivée, mi-octobre, de fréquentes et abondantes pluies. Se poursuivant des mois durant, celles-ci ont fortement entravé les récoltes et semis des céréales d’hiver.

Le colza, déjà correctement installé, a profité des températures douces pour bien se développer. L’excès en humidité du sol s’est fait ressentir dans les parcelles les moins drainantes car l’espèce n’apprécie pas cette humidité excessive et prend alors une couleur violacée. L’hiver a encore une fois battu des records de douceur, malgré une période plus froide accompagnée d’un peu de neige en janvier.

Au cours de cette même saison, quelques dégâts de pigeons ramiers ont été relevés.

Des méligèthes précoces mais peu problématiques

À la sortie de l’hiver, la situation sur le terrain était contrastée. On observait, d’une part, des champs très réguliers avec un développement très rapide des plantes, et d’autre part, des parcelles plus hétérogènes avec des plantes moins développées et souffrant parfois de l’excès en eau des sols, suite aux abondantes pluies.

Le retour de températures exceptionnellement douces mi-février a entraîné la sortie des premiers charançons de la tige, détectés le 17 février grâce à la présence des pièges jaunes dans les parcelles.

Les méligèthes, dont l’arrivée a été précoce (le 4 mars), ont été moins problématiques qu’il y a quelques années. Le colza d’hiver, ayant accumulé une somme de températures importantes, a en effet démarré sa floraison précocement, avant la fin du mois de mars. Ainsi, la plante se trouvait hors de danger vis-à-vis de ces insectes à la recherche de pollen. La situation était très variable d’un lieu à l’autre.

La pression en insectes ravageurs était plus importante à l’automne 2023 qu’au printemps dernier. La maîtrise de ceux-ci a posé moins de problèmes lors de cette saison pluvieuse. Le vent et les pluies fréquentes ont entravé leurs vols. Les charançons des siliques ont été globalement peu nombreux.

Une floraison sous la pluie

Les interventions dans les champs n’ont pas été facilitées au cours de ce printemps caractérisé par des sols saturés en eau, laissant de profondes traces jusqu’à la récolte. Les zones les plus humides ont vu le colza dépérir et être envahi par des mauvaises herbes non contrôlables en fin de cycle. Le cumul des pluies reçues au cours de la culture dépasse 1.000 l/m², selon les lieux, ce qui est réellement exceptionnel.

La floraison, démarrée précocement fin mars, a connu quelques belles journées douces et ensoleillées en avril mais surtout une période pluvieuse et très sombre ainsi que l’arrivée d’air polaire, laissant peu de jours de sortie aux abeilles pour assurer la fécondation du colza. L’année 2024 est d’ailleurs catastrophique pour les apiculteurs, en raison d’un printemps exceptionnellement humide.

Les 22 et 23 avril, le gel nocturne n’a pas affecté la culture, pourtant bien en fleurs. De nombreuses variétés ont terminé leur floraison sous la pluie. Certaines plus tardives ont continué à fleurir début mai et ont ainsi pu profiter de meilleures conditions ensoleillées.

Les 22 et 23 avril,  le gel nocturne  n’a pas affecté  la culture, alors  que celle-ci était  en pleine floraison.
Les 22 et 23 avril, le gel nocturne n’a pas affecté la culture, alors que celle-ci était en pleine floraison. - Cepicop

Les plantes restées saines longtemps avant l’apparition, en fin de cycle, de taches allongées sur les siliques vertes, réduisant sans doute leur activité photosynthétique. Il s’agissait de symptômes de Mycosphaerella, forme parfaite du Pseudocercosporella.

En fin de cycle,  on a pu voir des taches allongées apparaître sur les siliques, symptômes de Mycosphaerella.
En fin de cycle, on a pu voir des taches allongées apparaître sur les siliques, symptômes de Mycosphaerella. - Cepicop

Des rendements hétérogènes, impactés par les aléas climatiques

La période de remplissage des graines a connu une faible luminosité en juin car la couverture nuageuse a entraîné un temps sombre et très pluvieux. In fine, nous avons connu dix mois de pluies continues, un record jusqu’à présent en Belgique.

La décomposition des feuilles tombées sur un sol très humide a été très rapide cette année ; la minéralisation également.

La récolte a eu lieu en juillet, « entre deux averses », tant la météo était incertaine, instable et variable d’un endroit à l’autre. Les rendements sont en général moyens, inférieurs aux attentes, avec de grands écarts (de 2,5 à 4-4,5 t/ha), comme dans nos pays voisins. Les aléas climatiques sont en grande partie responsables de ces hétérogénéités. La grêle a aussi été destructrice localement.

Les essais variétaux (tableaux 1 et 2) ont été récoltés lors de courtes périodes avec de meilleures conditions ensoleillées, toujours entrecoupées par les averses. L’humidité des graines récoltées était proche de la norme de 9 %. Cette année, les variétés tardives auront été plus performantes que les précoces. La diversité génétique est intéressante, notamment parce que plusieurs variétés sont cultivées dans différents pays européens, aux conditions pédo-climatiques diverses.

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Côté qualité, les résultats d’analyse des variétés testées dans les essais en 2024 montrent des teneurs en huile inférieures à l’an dernier et, surtout, à 2022, qui avait été une année record.

Christine Cartrysse

Cepicop

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