Une ambition économique… et un enjeu de santé publique
C’est un « ouf » de soulagement qu’a poussé Nicole Tassiaux, la directrice patrimoine de la SPI, l’Agence de développement territorial de la province de Liège, lors de l’inauguration de ce nouveau bâtiment. Il faut dire que la construction et la mise en service du « Pôle circuit court » liégeois représentent un investissement de 7,66 millions d’euros, intégralement financé par l’Union européenne à travers le Plan national de relance et de résilience. Ce qui a demandé de respecter des délais particuliers, diverses normes techniques… Mais après un premier coup de pelle donné en avril 2024, voici l’outil opérationnel, dans les temps requis !
Un outil ambitieux et porteur de sens
Outil qu’Yves Coppieters, ministre wallon de la Santé, de l’Environnement et de l’Économie sociale, a qualifié de « concret, visible, ambitieux et porteur de sens car il permet non seulement d’ouvrir les collectivités aux produits sains et durables, mais aussi de soutenir nos producteurs locaux ».
Des propos appuyés par Edouard Mibeya, conseiller au sein du cabinet de la ministre wallonne de l’Agriculture, Anne-Catherine Dalcq : « Ce projet en circuits courts garantit une juste rémunération des agriculteurs, tout en répondant aux attentes des citoyens qui souhaitent des produits sains, locaux et de saison ».
Le ministre Coppieters a encore rappelé que l’infrastructure liégeoise répond aussi à un enjeu de santé publique. « En facilitant l’accès des collectivités à des produits frais et locaux de qualité, nous contribuons à améliorer l’alimentation de tous, y compris des publics plus précaires et moins sensibilisés à ces questions », a-t-il insisté. Ce qui faire dire à M. Mibeya que « chaque repas est un choix… Celui de construire une Wallonie durable et solidaire ».

L’obstacle des marchés publics
Toutefois, si les intentions sont au rendez-vous, les collectivités se heurtent à un obstacle majeur, celui des marchés publics. En effet, il s’agit d’un passage obligé et cadré pour les écoles, hôpitaux, maisons de repos… dès que les montants engagés dépassent 143.000 € (htva), mettant en concurrence les producteurs locaux avec des poids lourds. « Le prix ne peut être le seul argument… Cependant, le caractère local de la production ne peut être intégré dans les cahiers des charges », déplore Fabienne Mathot (Wallonie Entreprendre).
« Une belle infrastructure ne suffit pas. Sans engagement réel de la part des collectivités, des acheteurs publics et privés, sans volonté collective d’y recourir, le hub ne pourra pas remplir toutes ses missions », concède Yves Coppieters. Le ministre souligne, dès lors, « l’importance des clauses sociales dans les marchés publics » et promet de « forcer les choses au niveau politique pour favoriser pareilles initiatives ».