Pesticides: le plan du ministre Coppieters sera sur la table du gouvernement jeudi
Trois projets d'arrêtés devant permettre d'agir concrètement contre les effets sanitaires et environnementaux des pesticides seront sur la table du gouvernement wallon jeudi, a indiqué le ministre régional de la Santé et de l'Environnement, Yves Coppieters, mardi en commission du parlement régional.

Ecolo y avait défendu, peu auparavant, sa proposition de décret visant à élargir l'interdiction de l'utilisation de produits phytopharmaceutiques à l'intérieur des zones de prévention afin de protéger les zones de captage d'eau.
«Alors que 80% de l'eau du robinet consommée en Wallonie provient des eaux souterraines, plus de la moitié de celles-ci sont considérées en mauvais état chimique en raison de concentrations en nitrates et/ou pesticides trop élevées. La seule solution soutenable pour assainir cette ressource précieuse est d'interdire la pollution à la source pour garantir une eau de qualité sans devoir investir des montants exorbitants répercutés sur la facture d'eau pour potabiliser en aval cette eau polluée», avait plaidé, en vain, la députée Ecolo Céline Tellier. La proposition de décret des Verts a finalement été renvoyée pour avis au Conseil d'Etat, suspendant le vote.
«Il est indispensable d'assurer un renforcement de la législation et un phasing out vers le 'zéro pesticide' dans les zones de captage. Je souhaite agir dans ce cadre pour assurer une protection notamment des zones à haut risque environnemental tel que les captages d'eaux potables», a de son côté assuré le ministre.
Ce dernier compte ainsi interdire l'usage de tous les produits phytopharmaceutiques, à l'exception de ceux utilisés en agriculture biologique, dans les zones IIa (zones de prévention rapprochées) et IIb karstiques (zones de prévention éloignées).
«Je souhaite également permettre l'interdiction d'un ou plusieurs produits phytopharmaceutiques dans les zones IIb (zones de prévention éloignées) et III (zones de surveillance) pour des raisons environnementales ou de santé publique», a ajouté Yves Coppieters.
Son plan prévoit par ailleurs de «travailler à stopper l'usage des pesticides PFAS le plus rapidement possible. L'urgence est à l'arrêt des contaminations de nos ressources et de notre santé par ces substances éternelles. Cela fait également l'objet d'un point dans l'un des projets d'arrêté du gouvernement».
Selon le ministre, des mesures de protection des citoyens doivent aussi être prises, notamment en vue de réduire leur exposition aux produits phytopharmaceutiques. «A cette fin, les textes proposent de veiller à l'usage de moyens de réduction de la dérive de 90% lors de la pulvérisation des produits phytopharmaceutiques et de renforcer les exigences autour des lieux fréquentés par des publics vulnérables», a-t-il précisé en évoquant une interdiction totale de ces produits dans les espaces fréquentés par des enfants, des femmes enceintes et des personnes malades.
Des moyens pour cette transition
Outre le renforcement de l'information par les professionnels qui utilisent des produits phytopharmaceutiques chez les particuliers, «nous devons également travailler à la mise en place de mécanismes d'accompagnement supplémentaire (encadrement technique, formation, mesures financières directes,...) à la transition agricole afin de soutenir concrètement le secteur agricole», a poursuivi Yves Coppieters.
«Des moyens adéquats doivent évidemment être consacrés à la transition agricole. Il est en effet indispensable d'accélérer et de renforcer les dynamiques en cours et cela sera un des enjeux de la prochaine programmation de la Politique Agricole Commune», a-t-il insisté.
Enfin, le second Biomonitoring consacré aux agriculteurs réalisé par l'ISSEP est lui aussi au menu du gouvernement ce jeudi. Ce monitoring se déroulera sur 2 ans et ses conclusions sont attendues pour le printemps 2028.
«Il est évidemment que la Wallonie ne sera ambitieuse que si elle agit collectivement et veille à l'alignement des objectifs agricoles, environnementaux et de santé publique», a conclu le ministre.





