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La Belgique doit redoubler d’effort pour rattraper son retard vers la neutralité carbone

La Belgique doit aller deux fois plus vite qu’actuellement sur le chemin de sa transition si elle ne veut pas arriver en retard au rendez-vous de la neutralité carbone en 2050, selon une analyse du Service changements climatique du SPF Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement, publiée lundi.

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Le «baromètre de la transition», dont c’est la deuxième édition, s’appuie sur une centaine d’indicateurs et sur les chiffres les plus récents (2023) pour dresser un état des lieux le plus complet possible de la trajectoire de décarbonation de notre pays. L’accord de Paris sur le climat, dont ont fête les 10 ans en cette fin 2025, prévoit en effet, outre l’objectif de contenir le réchauffement climatique à +2°C et de poursuivre les efforts pour le limiter à +1,5°C, un objectif à long terme de neutralité carbone pour la moitié de ce siècle.

Sur ce long chemin parsemé d’embûches, la Belgique avait déjà réduit, en 2023, ses émissions de gaz à effet de serre de 31% par rapport à 1990. Ce rythme d’environ 1% par an est toutefois insuffisant et devra être plus ou moins doublé pour atteindre le zéro carbone en 2050.

Energie (16% des émissions totales de gaz à effet de serre), bâtiments (18% des émissions totales), industrie (28% des émissions), transport (25%) et agriculture (11%): aucun des grands secteurs émetteurs de gaz à effet de serre dans notre pays n’est dans les temps. Tous ou presque (sauf le transport) ont, certes, réduit leurs émissions depuis 1990 mais «aucun secteur ne s’inscrit sur une trajectoire cohérente avec les scénarios de neutralité climatique en Belgique», constate implacablement le baromètre de la transition.

Trois domaines d’activité sont particulièrement préoccupants. Le transport domestique, premièrement, dont les émissions sont en hausse de 18% depuis 1990. Le transfert modal de la voiture vers des modes de mobilité douce reste insuffisant et le nombre de voitures ne cesse d’augmenter en Belgique. Quant à l’électrification du parc automobile, elle concerne surtout les voitures de société et n’en est qu’à ses balbutiements pour les voitures de particuliers.

Le transport international, ensuite, voit aussi ses émissions continuer à augmenter, alors que des solutions matures font toujours défaut pour décarboner ce secteur.

Enfin, le secteur de l’utilisation des sols est aussi source d’inquiétude en Belgique en raison de l’artificialisation des sols et de l’étalement urbain. En outre, les forêts jouent moins bien leur fonction de puits de carbone, à cause du réchauffement climatique.

Le baromètre relève toutefois quelques évolutions encourageantes ci et là : le déploiement de l’éolien se fait à un rythme correct, la baisse des émissions de gaz à effet de serre dans l’industrie chimique et de l’élevage suivent une tendance à la baisse intéressante, tout comme la consommation finale d’énergie dans les bâtiments et dans l’industrie.

Le plan énergie-climat (PNEC) dont la Belgique s’est finalement dotée dernièrement, là aussi avec retard, ne semble pas de nature, à ce stade, à inverser suffisamment la vapeur. La Belgique gagnerait aussi sans doute à se doter d’une stratégie à long terme «claire et mise à jour» de neutralité carbone, afin de fixer des règles du jeu claires aux acteurs économiques et à l’ensemble de la société.

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