Bart De Wever, à Agribex: «Je veux tout mettre en œuvre pour que l’agriculture continue à prospérer dans ce pays»

Rendez-vous agricole de cette fin d’année, le Salon international de l’agriculture, de l’élevage, du jardin et des espaces verts – connu à travers toute la Belgique sous le nom d’Agribex – existe depuis 1909 déjà. L’événement, plus que séculaire, ne se contente toutefois pas d’être un simple « salon agricole ». « C’est un lieu de rencontre, un carrefour où se croisent ceux qui, de près ou de loin, façonnent le monde agricole », insiste Gracienne Geenens, présidente de Fedagrim, qui organise le salon bruxellois.

Année après année, Agribex conforte d’ailleurs son ambition de rassembler, inspirer et faire évoluer notre agriculture. Un credo que l’événement porte en confortant sa place de plus grand salon agricole en intérieur du Benelux.

Évolution du secteur qui se traduit, entre autres, par la mise à l’honneur de diverses innovations. Gracienne Geenens n’a pas manqué de le rappeler lors de l’inauguration officielle du salon : « Notre mission a toujours été, et restera toujours, de veiller à ce que le secteur évolue et puisse relever les défis actuels et futurs. Et ces défis ne sont pas minces. Avec Agribex, nous souhaitons démontrer que l’agriculture et la nature sont compatibles. L’un ne doit pas entraver l’autre. Mais cela nécessite du respect et de la compréhension ».

Un pilier économique… mais étouffé

La présidente de Fedagrim a insisté sur un autre point essentiel : l’agriculture, au-delà de son rôle nourricier, est aussi un pilier économique. « Un pilier qui, comme tant d’autres, subit les secousses géopolitiques et les entraves administratives », déplore-t-elle néanmoins.

À ce sujet, elle ne plaide pas pour l’absence de règles, mais demande qu’un cadre intelligent voie le jour, « afin de stimuler l’initiative au lieu de l’étouffer », insiste-t-elle. Avant de se tourner vers le Premier ministre, Bart De Wever, et de l’interpeller : « Vous l’avez vous-même dit : l’Europe excelle dans l’art de légiférer, parfois au détriment de l’innovation ».

« Faisons en sorte que ce continent demeure une terre de créativité, ouverte et porteuse d’élan, plutôt que de restrictions », a-t-elle ajouté. Un message que Mme Geenens souhaite faire percoler jusqu’aux oreilles de la Commission européenne.

Assurer un besoin fondamental

Si Agribex est un événement dédié à l’innovation et au progrès dans le monde agricole, il n’en demeure pas moins ancré dans une certaine tradition. « Nous n’oublions pas nos racines : les concours d’élevage en sont l’illustration. Cependant, cette année, une décision de la Région de Bruxelles-Capitale nous en prive. Ce qui est dommage, en particulier pour les enfants. Pour certains d’entre eux, il s’agit peut-être du seul contact avec le monde agricole, pourtant si essentiel pour l’avenir. Nous veillerons donc à ce que les animaux retrouvent leur place lors de la prochaine édition. » Ce que bon nombre d’éleveurs espèrent, eux aussi.

La tradition… Un point sur lequel le Premier ministre, Bart De Wever, n’a pas manqué de rebondir, faisant même référence à l’année 1909, laquelle symbolise la naissance du salon agricole de Bruxelles. « À l’époque, près d’un quart de notre population active travaillait encore dans l’agriculture. Cette proportion nous surprend aujourd’hui », a-t-il rappelé.

M. De Wever a ensuite fait l’éloge du secteur agricole. En effet, alors que l’être humain doit satisfaire deux besoins essentiels – se protéger et se nourrir –, il n’a pas manqué de rappeler que « l’agriculture assure l’un de ces besoins les plus fondamentaux ».

L’agriculture, moteur sous-estimé de notre monde

Pour le Premier ministre, les innovations agricoles ont été non seulement le moteur de la révolution agricole, mais aussi de la révolution industrielle, entamée voici 250 ans. « Les innovations technologiques ont permis de produire toujours plus de nourriture avec toujours moins de main-d’œuvre. La main-d’œuvre ainsi libérée a pu être employée dans les usines, puis dans les services. »

Ce qui l’amène à affirmer que « la technologie a nourri non seulement l’évolution du secteur agricole, mais aussi le développement de notre économie tout entière ».

Si, aujourd’hui, seulement un peu plus de 1 % de la population active travaille encore dans l’agriculture, le secteur n’en reste pas moins extrêmement productif. Et M. De Wever d’avancer des chiffres : « Il représente une valeur économique de 5 milliards d’euros par an. Notre industrie alimentaire, fortement dépendante de l’agriculture, y ajoute environ 10 milliards d’euros de valeur ajoutée et emploie près de 2 % de la population active. Avec ces taux d’emploi historiquement faibles, l’importance des secteurs agricole et alimentaire est parfois sous-estimée ».

Simplification administrative et sécurité juridique

Le numéro 1 du gouvernement fédéral reconnaît, lui aussi, qu’il est crucial que les secteurs agricole et agroalimentaire disposent de toute la latitude nécessaire pour continuer à entreprendre, innover et se développer de manière durable. Pour ce faire, il souligne l’importance de la simplification administrative et de la sécurité juridique dont doivent jouir lesdits secteurs.

Il estime encore que le gouvernement fédéral fait son possible pour y contribuer, grâce à de nombreuses mesures qu’il qualifie de favorables aux entrepreneurs, parmi lesquels figurent les agriculteurs. « Plus que jamais, les agriculteurs sont en effet des entrepreneurs. Renforcer la compétitivité, assouplir le marché du travail et supprimer toutes sortes d’obligations administratives est dans l’intérêt de tous les entrepreneurs, y compris ceux du secteur agricole. En bref, je veux tout mettre en œuvre pour que l’agriculture continue à prospérer dans ce pays ».

Faire valoir un avantage concurrentiel

Et la Belgique aurait d’ailleurs tous les atouts en main pour y parvenir. « Notre secteur agricole est l’un des plus innovants au monde. Tout au long de l’histoire, nos agriculteurs ont toujours été confrontés à davantage de défis que d’autres, car ils doivent travailler sur de petites surfaces, souvent à proximité des habitations, de la nature et des lieux de loisir. Cela rend notre agriculture beaucoup plus durable et innovante qu’ailleurs », avance Bart De Wever.

Selon ce dernier, cette attitude innovante permet aux Belges de pouvoir compter sur une production toujours plus élevée avec une consommation d’énergie toujours plus faible et un impact moindre sur l’environnement et le climat.

Et de conclure : « C’est cet avantage concurrentiel qui permet à notre secteur agricole de rester pertinent. C’est cet avantage concurrentiel que nous devons continuer à exploiter à l’échelle internationale. Il garantit la durabilité, partout dans le monde, et la rentabilité économique, ici. C’est une situation gagnant-gagnant à tous les niveaux ».

Agribex le prouve une fois encore, en présentant les dernières technologies permettant aux agriculteurs de répondre aux défis d’aujourd’hui et de demain.

Jérémy Vandegoor