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Ne laissez pas un incendie mettre en péril votre exploitation!

Mieux vaut prévenir que guérir… Ce proverbe prend d’autant plus de sens quand on sait qu’un incendie – et ses multiples conséquences – peut conduire une exploitation agricole à sa mort. Plusieurs mesures préventives, simples à mettre en place, permettent cependant d’éviter pareille situation. Frédéric Gastiny (PreventAgri) nous les expose.

Temps de lecture : 6 min

Lorsqu’un incendie se déclare au sein d’une exploitation agricole, les dégâts occasionnés peuvent rapidement devenir importants. Destruction du bâtiment, perte des récoltes ou des fourrages stockés, intoxication voire mort du bétail… Les dangers du feu sont multiples et peuvent sérieusement mettre en péril la survie de l’exploitation.

Afin de conscientiser les agriculteurs à cette problématique, le comice agricole de Tournai a organisé, le 18 janvier dernier, une après-midi d’étude consacrée à la prévention des incendies au sein des exploitations agricoles. Frédéric Gastiny y a délivré de précieux conseils et recommandations en la matière.

De multiples dangers

Qui dit incendie, dit feu. Cependant, les dangers occasionnés par un incendie ne se limitent pas à la seule présence de flammes. Ainsi, les fumées se révèlent être irritantes et affectent rapidement la vue. La présence de gaz issus de la combustion, notamment des plastiques, est souvent sous-estimée alors qu’ils sont asphyxiants et toxiques, voire mortels. Des effets collatéraux, tels des effondrements de structures ou des effets thermiques, peuvent également survenir. À cela s’ajoute le fait qu’un incendie se propage à une vitesse trop souvent sous-estimée. Face à de tels dangers, une seule solution : la prévention !

« La prévention consiste à mettre en place toutes les mesures possibles pour éviter qu’un incendie se déclare », explique Frédéric Gastiny. Néanmoins, le risque zéro n’existe pas. Il conseille dès lors de prévoir, sur la ferme, un plan d’urgence interne. Celui-ci défini comment gérer un éventuel incendie : qui fait quoi ?, comment le faire ?…

Des moyens de lutte doivent être présents et/ou installés : détecteurs, compartimentage des bâtiments, moyen d’extinction… « En outre, tout devra être fait pour faciliter l’intervention des secours en cas d’accident ! ».

Autre point important : former et informer les travailleurs sur les risques, l’évacuation et les comportements à adopter face aux dangers.

Éloigner chaleur et combustibles

Pour qu’un incendie se déclare, trois éléments doivent être présents : le combustible, le comburant (l’oxygène de l’air) et la source de chaleur (qui fera démarrer le feu). Un des enjeux de la prévention sera d’éviter qu’ils se rencontrent. « L’oxygène étant omniprésent, combustible et source de chaleur devront être éloignés autant que possible, selon l’agencement de la ferme », insiste M Gastiny.

Plusieurs règles évidentes et simples à mettre en place permettent de les séparer et d’éviter l’incendie. Il est, par exemple, incontestable que fumer là où les pailles sont stockées est interdit. Dans l’atelier, des poubelles métalliques fermées par un couvercle seront privilégiées. « En cas de combustion d’un chiffon gras, le feu ne se propagera pas au reste du bâtiment », précise-t-il. Le fourrage ne sera stocké qu’une fois bien sec. Les stocks de matières inflammables ou comburantes seront quant à eux limités et éloignés des zones de stockages des récoltes, de la paille…

D’autres situations requièrent encore l’attention de l’agriculteur : les lampes à infrarouge ne seront pas placées trop près des litières, les canons à chaleur et disqueuses seront utilisés avec le plus grand soin, les machines ne seront pas stationnées à proximité des ballots (dégagement de particules chaudes dans les échappements). « Au vu des vapeurs hautement inflammables dégagées, interdiction formelle de fumer lors du remplissage d’un réservoir de carburant ! », ajoute-t-il.

Équiper les bâtiments

À la construction d’un nouveau bâtiment, divers éléments doivent être pris en compte afin d’éviter qu’un incendie se déclare ou se propage. Ainsi, des matériaux de construction ayant une grande résistance au feu (béton, bois traité par exemple) seront privilégiés. Les différents locaux seront compartimentés afin de limiter au maximum les risques de propagation.

« Une fois que le feu s’est déclaré, il ne reste plus qu’une seule chose à faire : limiter les dégâts ! ».

Dans tous les bâtiments, nouveaux ou existants, la détection est essentielle. C’est pourquoi Frédéric Gastiny recommande de placer des détecteurs optiques de fumées ou, dans les grands volumes, des détecteurs thermovélocimétriques (sensible à l’élévation de chaleur).

L’électricité, source de risques

« La plupart des incendies étant d’origine électrique, maintenir son installation (lignes, prises, interrupteurs…) en bon état permet déjà de réduire considérablement les risques », relève-t-il. Chaque boîte de dérivation doit être protégée par son couvercle. Prises et interrupteurs doivent être entretenus et à l’abri de la poussière. Dans les locaux « sensibles », des prises IP66 (adaptées aux lieux poussiéreux et résistantes aux projections d’eau sous pression) viendront idéalement remplacer les prises « classiques ». « Il ne s’agit pas uniquement d’éviter un incendie, mais aussi de réduire tout risque d’électrocution. »

L’agriculteur doit éviter toute surcharge de ses lignes électriques. « Cela signifie qu’un câble ne doit pas mener à dix prises montées en série… » Les fusibles et sections de câble doivent être adaptés à l’utilisation qui sera faite du réseau et un interrupteur différentiel doit être installé. Une attention particulière doit aussi être portée aux câbles enroulés ou écrasés. Leur surchauffe rapide augmente les risques d’embrasement.

Mentionnons encore que toute installation électrique doit satisfaire au Règlement général des installations électriques (Rgie). Par ailleurs, celui-ci définit que la conformité de toute installation électrique à vocation professionnelle doit être vérifiée tous les cinq ans par un organisme agréé.

Signaler pour guider

« La signalisation, c’est à la fois facile et utile », insiste Frédéric Gastiny. Visibles de loin, les pictogrammes guident la personne qui détecte le début d’incendie mais ne connaît pas les lieux. Ils facilitent la recherche d’un extincteur, d’une lance à incendie ou de la sortie du bâtiment.

« À propos d’extincteurs et lances, ceux-ci doivent être facilement accessibles, placés en des endroits stratégiques et à hauteur d’homme, et adaptés à la nature du risque de feux (lire ci-contre) », recommande-t-il.

Enfin, les machines requièrent toute l’attention de l’exploitant. En effet, elles constituent aussi une source de risques. Vérifier l’installation électrique, installer un coupe-circuit au niveau de la batterie, nettoyer les parties susceptibles de chauffer et prévoir un extincteur en ordre de fonctionnement sont des règles élémentaires à respecter.

Et si l’incendie survient ?

En cas de départ d’incendie, et uniquement dans ce cas, le premier réflexe à avoir est d’attaquer le feu sans attendre les secours. Face à un feu bien démarré, une seule solution : prévenir – sans attendre ! – les secours (112) en précisant le lieu et la nature du sinistre, la présence ou non de blessé… En parallèle, il convient de donner l’alarme et de faire évacuer les personnes présentes. Enfin, les différentes sources d’énergie (électricité, gaz…) seront coupées et on préparera l’arrivée des pompiers.

Frédéric Gastiny : « Pour ce faire, dégagez les abords de l’incendie afin de permettre l’arrivée des véhicules. Facilitez l’intervention des pompiers, notamment en les guidant vers le sinistre ». Il peut également être utile d’indiquer aux services de secours où se trouvent les bouches d’incendies proches. L’agriculteur touché par le sinistre se doit de porter assistance aux pompiers, ne serait-ce que par sa connaissance des lieux, des produits, des machines et des risques dans l’exploitation.

J.V.

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