Accueil Betteraves

La betterave aux USA - suite - Après les arrachages, en route pour les stations de réception: des montagnes de betteraves conservées dans le froid

Dans la région visitée sous la conduite de Limagrain Belgique et Betaseed, les sucreries – des coopératives comme toutes leurs consœurs aux USA – sont en activité de la mi-août jusqu’en mai. Pendant de longs mois, elles seront alimentées au départ des immenses silos constitués pendant le rush d’octobre.

Temps de lecture : 4 min

Les sucreries de la principale région betteravière de l’Amérique du Nord traitent en moyenne la même surface de betteraves que leurs homologues européennes, mais la campagne dure deux fois plus longtemps, avec une capacité journalière deux fois moindre. Ce qui compte pour les sucreries coopératives américaines, ce n’est pas tant le volume traité chaque jour que la durée de la campagne. L’objectif pour celles-ci est de faire la plus longue campagne possible afin d’amortir au mieux l’outil industriel. Dans la Red River Valley, plus on remonte vers le nord, plus on se rapproche de la frontière canadienne, plus il fait froid au bénéfice de la conservation des betteraves, et plus les usines pourront fonctionner longtemps, soit environ jusqu’à la mi-mai !

Une logistique bien rodée à l’entrée des stations de réception

Comme précisé dans l’article précédent, les arrachages du mois d’octobre viennent remplir les silos contigus aux usines sucrières mais aussi de nombreux sites de stockage disposés dans un rayon proche de celles-ci. Ces stations de réception, à l’allure de gigantesques terre-pleins, correspondent souvent à l’emplacement d’anciennes usines.

Pour les sucreries sises dans la Red River Valley, la campagne peut durer 250-280 jours. Elles sont alimentées par les immenses silos constitués en octobre.
Pour les sucreries sises dans la Red River Valley, la campagne peut durer 250-280 jours. Elles sont alimentées par les immenses silos constitués en octobre. - M. de N.

Les agriculteurs y acheminent les betteraves au moyen de leurs propres camions, souvent achetés en occasion. Ceux-ci servent également au transport des grains stockés à la ferme, et à d’autres fins. Pour le transport des produits agricoles de la ferme, la législation américaine ne fait d’ailleurs aucune distinction entre un camion et un tracteur agricole.

Pour garantir une conservation de longue durée, il est essentiel que les racines livrées soient exemptes de maladies racinaires, parfaitement défoliées et dépourvues de terre.
Pour garantir une conservation de longue durée, il est essentiel que les racines livrées soient exemptes de maladies racinaires, parfaitement défoliées et dépourvues de terre. - M. de N.

À leur arrivée pour le déchargement dans ces aires de stockage pour une plus ou moins longue durée de conservation, les camions, (les parcelles et les planteurs) sont identifiés au moyen de code-barres, la marchandise est pesée, échantillonnée de façon assez sommaire. La saisie d’informations quant aux paramètres intervenant pour fixer le paiement des betteraves suit une procédure très simplifiée en comparaison avec les protocoles mis en place en Belgique.

Froidure et cadence élevée: le travail est rude pour la main-d’oeuvre saisonnière engagée dans les gigantesques aires de conservation des betteraves.
Froidure et cadence élevée: le travail est rude pour la main-d’oeuvre saisonnière engagée dans les gigantesques aires de conservation des betteraves. - M. de N.

Les racines sont déchargées, déterrées et convoyées au moyen de grandes bandes transporteuses pour grossir de gigantesques silos à ciel ouvert, dont la hauteur varie de 6 à 9 m selon les sites, la largeur mesure une trentaine de mètres, et la longueur peut faire des centaines de mètres.

Saisies progressivement par le gel hivernal, les racines seront alors précieusement et volontairement conservées dans le froid selon des dispositifs de plus en plus élaborés en lien avec leur temps d’attente avant leur reprise dans le processus industriel.

Conservation au froid : d’un simple bâchage…

La plus grosse partie des betteraves est stockée à l’extérieur dans les vastes silos évoqués ci-avant. Il gèle normalement pendant tout l’hiver, et les betteraves rangées dans ces silos y demeurent totalement gelées également. Pour conserver les racines dans ces silos géants, les moyens les plus simples consistent en un bâchage blanc ou en une structure simple qui feront obstacle au rayonnement du soleil de manière à ralentir le réchauffement des tas.

Le suivi de l’état de conservation des betteraves pendant plusieurs mois est un gros travail pour les agronomes et techniciens responsables des immenses silos. Un petit pépin non identifié pourrait rapidement engendrer de lourdes pertes.
Le suivi de l’état de conservation des betteraves pendant plusieurs mois est un gros travail pour les agronomes et techniciens responsables des immenses silos. Un petit pépin non identifié pourrait rapidement engendrer de lourdes pertes. - M. de N.

… à la pulsion d’air froid…

La ventilation est le premier niveau d’investissement pour améliorer la conservation de longue durée des racines, avec un coût d’installation relativement limité. Pour une partie des betteraves qui seront conduites et travaillées en usine un peu plus tard dans la saison, il existe en effet des sites de stockage un peu plus élaborés : au fur et à mesure de l’acheminement des racines en octobre, des canaux de ventilation sont disposés parallèlement les unes aux autres, à la base des tas. Cette ventilation (pulsion d’air froid) permet, au moment de la constitution des silos, de refroidir plus rapidement les racines mises en stockage.

Vue d’une plateforme de stockage où l’on distingue les canalisations destinées à insuffler de l’air froid à la base des tas.
Vue d’une plateforme de stockage où l’on distingue les canalisations destinées à insuffler de l’air froid à la base des tas. - M. de N.

… jusqu’aux bâtiments frigorifiques géants

« Mais, ce qui se développe de plus en plus, depuis quelques années, en termes d’investissement par les sucreries de la région, c’est la construction, sur le site propre des usines, de gigantesques bâtiments complètement isolés et réfrigérés au moyen d’un système de ventilation », précise encore Sébastien Chaveron.

Ces installations constituent de véritables glacières maintenant les betteraves gelées, même au moment où les températures vont commencer à remonter au printemps. Notons que ces dispositifs très perfectionnés ne concernent qu’une minoritaire des betteraves, celles qui seront travaillées en dernier lieu, en avril-mai.

M. de N.

A lire aussi en Betteraves

Voir plus d'articles