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Betteraves sucrières: les clés de décision pour conserver les tas de manière optimale

Pour assurer une longue et bonne conservation des betteraves, il est primordial de veiller à la qualité de l’arrachage : avec un minimum de blessures aux racines et un minimum de terre dans le tas ! Par ailleurs, en cas de gel, les « jupettes » sont une alternative pratique à la « bâche noire » et ont l’avantage de ne pas devoir être retirées en cas d’alternance de gel-dégel.

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En plus de la durée de stockage, deux phénomènes influencent principalement la conservation des racines mises en tas et leurs pertes en sucre :

– le métabolisme de la betterave : la respiration engendre principalement des pertes en sucre et en eau. La perte en sucre sera accélérée si les températures dans le tas sont trop élevées (métabolisme plus important, fermentation et développement de moisissures de stockage) ou trop basses (gel/dégel entraînant la décomposition progressive des betteraves) ;

– le développement de pourritures : celui-ci provoque des pertes en sucre et des pertes en poids (parties pourries).

Le bâchage de type Toptex et les sur-bâchage doivent être réalisés en priorité selon les accords interprofessionnels, différents pour chacune des sucreries.
Le bâchage de type Toptex et les sur-bâchage doivent être réalisés en priorité selon les accords interprofessionnels, différents pour chacune des sucreries. - M. de N.

Les essais montrent que la qualité de la récolte est l’élément le plus déterminant pour les potentialités de conservation des betteraves.

Le présent article livre dès lors les clés de décision pour raisonner au mieux ce stockage parfois de longue durée.

Durée de stockage

La période de conservation des betteraves est exprimée en degrés jours qui est la somme des températures journalières moyennes cumulées au cours du stockage. Cela permet de faire le lien entre la durée et la température de conservation. À partir de 300 degrés jours (soit 60 jours à 5 ºC), on peut généralement observer un début de pourrissement des betteraves (± 2 % en poids de parties pourries). Celui-ci évolue ensuite de manière exponentielle.

Une récolte de qualité!

Le développement des moisissures et la respiration des betteraves durant la conservation sont inévitables, mais il est possible de limiter l’ampleur de ces phénomènes en prenant certaines précautions.

La qualité de la récolte est un élément très déterminant pour la conservation. Elle nécessite une attention particulière lors de l’effeuillage, du décolletage et du décrottage réalisé par les machines d’arrachage. En effet, les blessures occasionnées aux racines sont autant de plaies à cicatriser pour la betterave (aux dépens de son métabolisme et de sa teneur en sucre). Ces blessures sont également des points d’entrée pour les moisissures de conservation.

L’optimisation de la conservation des betteraves suppose :

– un bon état sanitaire : des betteraves atteintes de rhizoctone (brun, violet), de carence en bore ou de nématodes du collet sont difficiles voire impossible à conserver ;

– un minimum de dégâts aux racines afin de réduire les portes d’entrée pour le développement des moisissures ;

– un minimum de « verts » et un minimum de tare terre afin de permettre une bonne aération du tas ;

– une protection optimale contre la pluie (géotextile), le gel (bâche plastique ou Jupette).

Pour favoriser une récolte la plus respectueuse de l’intégrité des racines, il vaut mieux anticiper l’arrachage de plusieurs jours, de manière à travailler dans les conditions les plus favorables. Des betteraves comportant peu de blessures et surtout présentant une surface de bris de pointes de racines inférieure à 4-6 cm de diamètre se conserveront mieux. Si les conditions d’arrachage sont mauvaises, il y aura davantage de terre et de débris végétaux dans le tas, ce qui empêchera la bonne aération et donc limitera la conservation des racines. De plus, les mauvaises conditions d’arrachage sont dommageables pour le sol.

Le développement de moisissures sur les racines après une longue période de stockage est d’autant plus sévère que la surface du bris de pointe (à l’arrachage) est grande.
Le développement de moisissures sur les racines après une longue période de stockage est d’autant plus sévère que la surface du bris de pointe (à l’arrachage) est grande.

Un essai très éclairant en 2017

En 2017, un essai de bâchage a été réalisé sur deux sites : Racour et Emptinne. Les betteraves ont été arrachées à la mi-novembre et conservées approximativement pendant deux mois. Le Toptex a été posé 3-4 jours après les arrachages réalisés à la mi-novembre :

– à Racour, les betteraves ont été arrachées dans d’excellentes conditions avec un microdécolletage quasiment parfait et peu de terre dans le tas ;

– à Emptinne, l’arrachage a eu lieu dans des conditions difficiles après la pluie et dans une terre très argileuse. Le tas contenait donc beaucoup de terre collante et des résidus de feuilles.

Les températures mesurées dans les tas ainsi qu’à l’extérieur montrent que :

– à Emptinne, il y a eu un échauffement d’environ 133 degrés jours pendant la période de stockage. On atteint 395 degrés jours dans le tas pour une somme de 267 degrés jours à l’extérieur du tas. Cet échauffement est principalement dû au manque d’aération dans le tas lié à la présence de restes de feuilles et de boues (tare terre). En outre, les teneurs en sucre ont chuté de façon importante à la suite de la mauvaise conservation des betteraves. La teneur en sucre après conservation ne s’élevait plus qu’à 17,3ºS, contre 18,8ºS à l’arrachage ;

– à Racour, aucun échauffement n’a été constaté. La somme des degrés jours mesurés à l’extérieur du tas (301 degrés jours) est équivalente à la somme des températures mesurées dans le tas sous le Toptex (317 degrés jours). Les teneurs en sucre sont restées stables au cours de la conservation.

Vue d’un tas couvert d’un géotextile (vert) et partiellement surbâché d’une jupette (blanche). L’utilisation de jupettes ou d’une bâche plastique est obligatoire en cas de gel intense et permet de diminuer de 50% le nombre de betteraves gelées dans les premières couches du tas.
Vue d’un tas couvert d’un géotextile (vert) et partiellement surbâché d’une jupette (blanche). L’utilisation de jupettes ou d’une bâche plastique est obligatoire en cas de gel intense et permet de diminuer de 50% le nombre de betteraves gelées dans les premières couches du tas.

Bâchage avec un géotextile (figure 1)

Le Toptex est un géotextile non tissé en polypropylène muni de microperforations qui permettent la perméabilité de l’air. Ses principaux avantages ? Une moindre pénétration de l’eau de pluie dans le tas, une élimination de l’humidité, un maintien de l’air sec et une protection contre le gel nocturne.

La figure 1 ci-dessous présente l’arbre décisionnel lié à la pose des bâches de type Toptex; il convient toutefois de respecter les accords interprofessionnels liés au bâchage.

Figure 1: arbre décisionnel lié à la pose des bâches de type Toptex; il convient toutefois de respecter les accords interprofessionnels liés au bâchage.
Figure 1: arbre décisionnel lié à la pose des bâches de type Toptex; il convient toutefois de respecter les accords interprofessionnels liés au bâchage.

Pour assurer des bons résultats avec ce géotextile, il convient de réaliser des tas « pointus » et réguliers ; la forme « triangulaire » du silo augmente l’efficacité de la bâche qui doit être bien tendue (ruissellement de l’eau) ; on veillera aussi à placer la bâche avant la pluie et à assurer une protection complémentaire (jupette ou bâche de plastique) en cas de gel intense.

Bâchage de protection contre le gel (figure 2)

La jupette est une toile étanche au vent, sur laquelle des bandes auto-agrippantes sont cousues afin de se fixer sur le Toptex. Cette toile limite les dégâts de gel des betteraves. Par rapport à la bâche noire en plastique, elle a l’avantage de ne pas devoir être retirée lors du dégel et est réutilisable.

La figure 2 ci-dessous présente l’arbre décisionnel lié à la protection contre le gel. Il est conseillé de suivre la météo et les avertissements de bâchage contre le gel émis par l’Irbab et les sucreries.

Figure 2: arbre décisionnel lié à la protection contre le gel. Il est conseillé de suivre la météo et les avertissements de bâchage contre le gel émis par l’Irbab et les sucreries.
Figure 2: arbre décisionnel lié à la protection contre le gel. Il est conseillé de suivre la météo et les avertissements de bâchage contre le gel émis par l’Irbab et les sucreries.

La bâche en plastique offre une protection contre le gel, mais empêche toute aération du tas de betteraves. Il faut donc obligatoirement enlever cette bâche en absence de gel sévère afin d’éviter un échauffement excessif du tas et une accélération du développement de moisissures.

Lors de l’utilisation de bâches en plastique, il faudra veiller à les fixer correctement afin d’éviter toute prise au vent. En cas de redoux, ces bâches en plastique devront être immédiatement enlevées pour éviter la surchauffe du tas de betteraves.

D’après l’Irbab

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