Accueil Agritourisme

Les fermes pédagogiques: un formidable outil d’échanges entre agriculteurs et citoyens

Avec plus de 100 000 visiteurs chaque année, les fermes pédagogiques wallonnes peuvent être l’un des liants permettant de relancer le débat et la communication entre des mondes qui tendent à s’éloigner. C’est dans ce but qu’Accueil Champêtre en Wallonie veut les mettre en avant.

Temps de lecture : 8 min

En tant que principale association d’encadrement des agriculteurs en diversification, l’asbl entend « remettre la ferme au milieu du village » en promouvant davantage d’échanges et d’interactions entre citadins, ruraux et agriculteurs. Montrer la ferme aux plus jeunes comme aux moins jeunes, leur enseigner l’agriculture, leur montrer le travail de la terre et partager une passion – celle de vivre au quotidien proche de la nature et des animaux –, c’est le rôle des fermes pédagogiques.

Les fermes pédagogiques sont l’occasion pour les visiteurs de découvrir la vie à la ferme ou d’approcher des animaux qu’ils ne côtoient pas au quotidien.
Les fermes pédagogiques sont l’occasion pour les visiteurs de découvrir la vie à la ferme ou d’approcher des animaux qu’ils ne côtoient pas au quotidien. - D. Jaunard

Une ferme pédagogique, c’est quoi ?

Une ferme pédagogique est une ferme en activité qui accueille des visiteurs, des classes, des stages ou des anniversaires. Bien que la majorité de son public soit composé de jeunes enfants, elle peut aussi accueillir des adultes ou des familles en visite.

Les fermes pédagogiques sont l’occasion pour les visiteurs de découvrir la vie à la ferme ou d’approcher des animaux qu’ils ne côtoient pas au quotidien : vaches, cochons, poules, lapins, moutons et chèvres, voire des alpagas, des bisons, des autruches ou même des escargots.

Outre la découverte de bêtes typiquement rurales, ces visites permettent aux jeunes et moins jeunes de nourrir les animaux, de récolter et cuisiner des produits de la ferme, de découvrir la transformation agricole… En plus du plaisir de l’expérience, cela leur permet de comprendre le monde agricole actuel et ses relations avec leur vie quotidienne : d’où viennent les légumes, les œufs, la viande ou les céréales qu’ils ont mangés le matin ou la veille.

L’objectif d’une ferme pédagogique est donc, par la découverte, la détente et la dégustation, de sensibiliser ses visiteurs au métier d’agriculteur, au monde animal et végétal, au développement durable mais aussi aux rôles économique, sociologique, environnemental, patrimonial et technologique de l’agriculture.

De manière générale, trois types d’accueil peuvent être organisés : des visites scolaires, parfois sur plusieurs jours, des stages pendant les vacances ou des anniversaires à la ferme.

Bien que la majorité de son public soit composé de jeunes enfants, la ferme pédagogique peut aussi accueillir des adultes ou des familles en visite.
Bien que la majorité de son public soit composé de jeunes enfants, la ferme pédagogique peut aussi accueillir des adultes ou des familles en visite. - D. Jaunard

100.000 visiteurs par an

La Wallonie compte une bonne cinquantaine de fermes pédagogiques reconnues en activité ainsi qu’une quinzaine de fermes d’animation. Ces fermes accueillent plus de 100.000 visiteurs par an. Le public majoritaire sont les enfants (95 % des visiteurs) qui viennent à la ferme lors de sorties scolaires ou de stages.

La très grande majorité de ces fermes pédagogiques sont encadrées par Accueil Champêtre en Wallonie, dont le pôle « Ferme Pédagogique » travaille en collaboration avec la DGO3 (Agriculture) et l’APAQ-W (promotion de l’alimentation wallonne) pour animer et promouvoir ce réseau.

Le coût moyen d’une journée en ferme pédagogique est de 10€ par élève, hors frais de déplacement.

1990 : les fermes buissonnières ou découvertes

Si, à travers l’histoire, les fermes ont souvent eu une fonction d’accueil, il fallut attendre 1990 pour que les fermes pédagogiques se structurent. Après des décennies d’urbanisation tant de la société que du terroir doublées d’une certaine perte de repères agricoles des citadins, des agriculteurs créèrent les premières fermes pédagogiques en tant que telles, sous les appellations fermes buissonnières ou fermes découvertes. Leur objectif était simple : restaurer le dialogue avec le grand public, et plus spécifiquement avec les enfants.

Avec la création d’Accueil Champêtre en Wallonie, en 2001, les choses se structurent et l’encadrement, auparavant syndical, devient unique et spécifique aux fermes pédagogiques. L’ASBL s’instaure comme le lien privilégié entre l’administration, les partenaires régionaux et les propriétaires, animateurs ou porteurs de projet(s) agro-pédagogique(s).

Bien au-delà du niveau financier, accueillir des enfants apporte un réel enrichissement sur les plans humain et social pour l’agriculteur et sa famille. C’est cet aspect avant tout qui motive les agriculteurs.
Bien au-delà du niveau financier, accueillir des enfants apporte un réel enrichissement sur les plans humain et social pour l’agriculteur et sa famille. C’est cet aspect avant tout qui motive les agriculteurs. - D. Jaunard

Une appellation reconnue et des critères à respecter

C’est en 2014 que le terme de « Ferme pédagogique » a officiellement été défini dans le Code Wallon de l’Agriculture avant qu’un arrêté ministériel n’en précise les conditions, en 2017.

On ne s’improvise pas « Ferme Pédagogique ». Ou plutôt, on ne peut se revendiquer de l’être sans l’aval de la Wallonie, l’appellation est reconnue et protégée par un cahier des charges précis. La Ferme pédagogique est définie dans le Code Wallon de l’Agriculture comme « une exploitation agricole qui tire la majorité de ses revenus de l’activité agricole et qui est gérée de façon autonome par un agriculteur tout en accueillant régulièrement, à titre accessoire, des visiteurs et enfants dans le cadre d’activités pédagogiques. » Pour pouvoir porter l’appellation, il est nécessaire de répondre aux critères suivants :

• La demande doit être initiée par un agriculteur en activité ;

• L’agriculteur et/ou un de ses animateurs doit disposer d’une formation pédagogique ;

• L’agriculteur et/ou un de ses animateurs doit disposer d’une formation en premiers secours ;

• La ferme pédagogique doit disposer d’un local d’accueil et d’un bloc sanitaire ;

• Le local d’accueil doit être en ordre au niveau de la réception électrique et de la sécurité incendie ;

• L’agriculteur doit veiller à la sécurité de ses visiteurs, en prenant les assurances nécessaires et en faisant réaliser une analyse de risques par un organisme spécialisé ;

• Les activités de la ferme pédagogique doivent répondre aux missions citées dans le Code Wallon de l’Agriculture.

L’aspect pédagogique étant au cœur de la démarche, il est vivement recommandé de suivre une formation spécifique de 3 jours, dispensée en collaboration avec Education-Environnement. Cette formation aborde quelques activités concrètes effectuées à la ferme avec les enfants et les met en rapport avec les apprentissages scolaires. Les participants se rencontrent, échangent sur le type d’animations qu’ils proposent, etc. La formation donne également des conseils concrets pour sensibiliser les participants à l’accueil pédagogique (la façon dont on s’adresse à un enfant, par exemple).

On n’apprend pas simplement les choses, on les vit

Le premier intérêt de ces fermes est évidemment pédagogique. Par la découverte, l’expérimentation, les cinq sens et l’apprentissage, les jeunes et moins jeunes découvrent la nature ou la vie à la ferme. Ils se rendent compte, par une pédagogie à la fois active et participative, que l’agriculture a un impact majeur sur l’environnement et l’alimentation de l’Homme.

Diverses activités sont généralement proposées, des plus classiques (nourrir les animaux, les pailler, récolter les œufs…) aux plus originales (golf champêtre, balade en calèche…) en passant par les plus pratiques (fabrication du jus de pomme, du pain…).

Les visiteurs appréhendent ainsi le cycle de la vie, des saisons, de l’alimentation, etc. de manière pratique et récréative. Ils peuvent ainsi se rendre compte par eux même qu’un agriculteur ne détruit pas l’écosystème, il l’enrichit, il participe à la vie de la terre. Cette pédagogie active et participative est vraiment au cœur du projet : on n’apprend pas simplement les choses, on les vit.

Et cette journée peut ensuite se poursuivre en classe, les enseignants recevant des dossiers pédagogiques d’approfondissement de la matière approchée à la ferme édités en collaboration avec l’APAQ-W.

Bénéfices pour l’agriculteur

Une ferme pédagogique est une activité complémentaire de diversification. Cela signifie que la majeure partie des revenus de l’agriculteur découle de sa production première. Au niveau financier, l’activité « ferme pédagogique » constitue un complément pour l’agriculteur dont le métier principal reste la production.

L’activité pédagogique permet souvent de créer de l’emploi : si, au départ, les animations sont menées par l’agriculteur, il arrive bien souvent que, lorsque l’activité s’accroît, des emplois complémentaires temporaires (étudiants, intérimaires) ou permanents (engagement d’animateurs) soient créés. Il arrive également, comme l’a montré une enquête sur le temps de travail menée par Accueil Champêtre en Wallonie avec Diversiferm début 2017, que certaines tâches liées à la production primaire de la ferme soient déléguées à une personne ou une entreprise de travaux agricoles afin de permettre à l’agriculteur de mener l’activité d’accueil. Outre l’intérêt « humain », la plus-value financière est intéressante puisque les revenus générés par la diversification sont moins dépendants des fluctuations que ceux liés aux productions classiques (lait, céréales…).

Bien au-delà du niveau financier, accueillir des enfants apporte un réel enrichissement sur les plans humain et social pour l’agriculteur et sa famille. C’est cet aspect avant tout qui motive les agriculteurs.

La ferme pédagogique est donc un bel exemple de développement durable qui permet à l’exploitation agricole de se développer en parallèle sur les plans économique, social et écologique.

Pas les seules à faire de la pédagogie rurale…

Si la ferme pédagogique est une appellation reconnue et protégée, cela ne signifie pas qu’elles sont les seules à faire de la pédagogie en milieu agricole. À côté des fermes pédagogiques sont apparues les fermes d’animation, des fermes urbaines ou périurbaines avec peu ou pas du tout de production agricole. N’étant pas des exploitations agricoles, les fermes d’animation ne peuvent prétendre au titre de ferme pédagogique mais pratiquent néanmoins aussi l’accueil à finalité éducative. Elles ont donc aussi pour objet le rapprochement avec la nature, la découverte de la ferme, l’approche du monde animal et végétal ou encore la découverte de la production alimentaire. On compte une quinzaine de fermes d’animation en Wallonie.

Fermes d’accueil social pour les personnes en difficulté

À la différence des fermes pédagogiques, qui accueillent des visiteurs dans un cadre éducatif ou de loisirs, les fermes d’accueil social s’ouvrent aux personnes dites « en difficulté », pour des raisons sociales, familiales ou de santé. Le but est ici davantage la recherche de bien-être ou d’intégration sociale au travers d’activités simples mais valorisantes, comme le travail à la ferme, l’alimentation des animaux, les petits travaux manuels… L’esprit est que chacun, accueilli comme accueillant, donne et reçoive : du temps, de l’attention, du soutien, des connaissances et de la reconnaissance, des coups de main… Et que ces rencontres constituent pour chacun une source de mieux-être et d’enrichissement relationnel. Bien que les visées soient différentes, de nombreuses fermes pédagogiques font aussi de l’accueil social, pour le plus grand bonheur des uns comme des autres.

D’après Accueil Champêtre en Wallonie

A lire aussi en Agritourisme

Voir plus d'articles