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Plan de relance de l’UE: la Fwa et la Fugea réagissent

Suite aux négociations européennes du week-end dernier, portant sur le cadre budgétaire pluriannuel 2021-2027 et sur le plan de relance post Covid-19, le budget de la pac recule. Une décision que regrettent la Fwa et la Fugea.

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Il aura fallu près de 100 heures de négociations aux Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union européenne pour finaliser un Plan de relance de 750 milliards d’euros adossé au prochain cadre financier pluriannuel de l’UE. Toutefois, le budget européen est une victime collatérale du compromis accordé aux pays « frugaux ». En effet, il a encore été raboté à 1074 milliards d’euros alors que la Commission préconisait initialement une enveloppe de 1.100 milliards d’euros tandis que le Parlement avait formulé une proposition à 1.300 milliards d’euros.

Au niveau de la politique agricole commune (pac), le montant de l’enveloppe globale s’élève à 356,3 milliards dont 258,6 milliards d’euros pour le premier pilier et 77,8 milliards d’euros pour le second pilier. Ce montant est complété par des allocations au sein du plan de relance.

« Des propositions budgétaires insuffisantes », regrette la Fwa

À l’issue de ces décisions, la Fédération wallonne de l’agriculture (Fwa) rappelle qu’elle a « maintes fois dénoncé le caractère insuffisant des diverses propositions budgétaires au regard des ambitions environnementales et climatiques assignées à la pac ». Le syndicat regrette dès lors vivement la nouvelle diminution du budget total de la pac, preuve, selon lui, que les dirigeants européens n’ont pas reconnu à sa juste valeur le rôle de l’agriculture et le caractère stratégique de notre approvisionnement alimentaire. « À se demander si la sécurisation de l’approvisionnement alimentaire de près de 500 millions d’Européens constitue une priorité pour nos dirigeants ! », ajoute ladite Fédération. Et de constater, amèrement, qu’il est tout à fait significatif que l’accord final ne fasse aucune mention du revenu agricole ni du renouvellement des générations.

L’enveloppe affectée à la Belgique s’élève à 3,6 milliards d’euros. La Fwa souligne que « notre pays enregistre une baisse disproportionnée de 14,8 % en prix constants par rapport au cadre financier pluriannuel précédent. » La Fwa note l’allocation particulière de 100 millions d’euros attribuée à la Belgique au sein du second pilier mais se pose des questions fondamentales sur les modalités précises d’utilisation de ces montants. Elle prend également bonne note de la mise à disposition du secteur agricole d’une partie du fonds de soutien au Brexit. Elle espère néanmoins que ces montants pourront bénéficier aux producteurs.

Le syndicat prend également acte de la possibilité pour le secteur agricole d’être éligible à une enveloppe totale de 10 milliards d’euros en provenance du programme Horizon Europe dédié à la recherche à l’innovation pour le secteur agroalimentaire.

« Faire plus avec moins », déplore la Fugea

La baisse du budget agricole est également une déception pour la Fugea. « Sur le terrain, nos agriculteurs font évoluer leurs pratiques afin de concilier production et durabilité. La transition est en cours et la crise du Covid-19 a rappelé qu’elle était nécessaire. Mais pour être amplifiée, elle doit être encadrée par des politiques fortes et ambitieuses. Ce qui n’est pas le cas avec un budget à la baisse », souligne la structure.

Le 20 juin dernier, suite à l’annonce des stratégies européennes « De la ferme à la fourchette » et « Biodiversité », la Fugea appelait déjà « l’Europe doit se donner les moyens de ses ambitions et ne peut se permettre de faire des économies sur le dos d’un monde agricole déjà exsangue, chargé de surcroît d’adapter ses pratiques ». Avec la diminution du budget pac, les agriculteurs et les agricultrices devront faire plus avec moins.

Au-delà du budget, le contenu de la pac influencera aussi l’évolution des fermes et du secteur agricole. « À ce sujet, nous dénonçons les décisions de la Commission européenne et du Conseil européen concernant le plafonnement des aides. » La Fugea, comme d’autres acteurs, plaidait pour plafonner les aides en fonction du nombre d’hectare et ainsi éviter la concentration des terres. « Malheureusement, la Commission a opté pour un plafonnement à l’actif agricole. Surtout, le Conseil européen a finalement rendu ce mécanisme facultatif ! En espérant que la Wallonie valide ce plafonnement avec pour objectif de mieux répartir les aides entre agriculteurs. »

En Wallonie, les concertations concernant le plan stratégique ont d’ailleurs commencé. Ce plan définira les actions à mettre en place afin de répondre aux objectifs de la future pac. Le syndicat affirme qu’il « fera tout pour que la pac reste une aide à la production alimentaire agricole tout en assurant une évolution vers une agriculture résiliente permettant à chaque agriculteur de vivre dignement de son activité. » « À ce titre, nous veillerons à ce que la pac soutienne notre modèle agricole à l’opposé de l’agriculture industrielle destructrice de nos campagnes et nos agriculteurs. »

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