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Jaunisse de la betterave: la France prête à réautoriser les néonicotinoïdes

Le gouvernement français veut autoriser les agriculteurs à utiliser dès 2021 sous « condition stricte » des semences de betteraves enrobées de néonicotinoïdes, un insecticide interdit depuis 2018, afin de « pérenniser » la filière sucrière française, malgré l’opposition des défenseurs de l’environnement et des apiculteurs.

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Le ministère français de l’Agriculture a annoncé jeudi dans un communiqué son intention d’obtenir « une modification législative cet automne » permettant de déroger à l’interdiction de certains néonicotinoïdes au maximum jusqu’en 2023. Ces insecticides, qui s’attaquent au système nerveux des insectes et donc des pollinisateurs comme les abeilles, ont été interdits de tout usage phytosanitaire en septembre 2018.

Les planteurs de betteraves français alertaient depuis plusieurs semaines sur la situation de la filière sucrière, démunie selon eux face aux pucerons verts, presque immanquablement vecteurs du virus de la jaunisse qui fait s’effondrer les rendements.

Le syndicat spécialisé CGB, affilié à la FNSEA, syndicat majoritaire dans la profession agricole en France, a prévenu que le pays produirait « 600.000 à 800.000 tonnes de sucre » en moins cette année à cause de la jaunisse. Soutenu par des élus locaux et nationaux, le syndicat demandait de pouvoir recourir à nouveau aux néonicotinoïdes pour protéger les plantes des pucerons et garantir les rendements.

En face, le président de l’association Générations futures, François Veillerette, dit sa « colère ». « La France avait été exemplaire et là, on recule », a-t-il déploré.

« Nous ne pouvons accepter un retour en arrière », soutient également l’Union nationale des apiculteurs (UNAF), dans une lettre publiée jeudi peu avant l’annonce ministérielle. Elle juge que réautoriser l’utilisation des néonicotinoïdes serait « catastrophique pour la filière apicole et pour l’ensemble des insectes pollinisateurs déjà fortement fragilisés en France ».

C’est un « premier échec » pour la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, et « une terrible nouvelle pour l’environnement », estime sur Twitter l’ONG Greenpeace.

Pour le ministère français de l’Agriculture, il y avait « urgence à agir ». Il veut « permettre explicitement, pour la campagne 2021 et le cas échéant les deux campagnes suivantes tout au plus », de déroger à l’interdiction. Ce sera « dans des conditions strictement encadrées » et « comme le font d’autres pays européens confrontés aux mêmes difficultés ».

Il est uniquement envisagé d’autoriser l’enrobage des semences par des néonicotinoïdes. Il restera interdit de pulvériser ces produits dans l’air. Les agriculteurs ne pourront pas planter ensuite sur la même parcelle des cultures susceptibles d’attirer des pollinisateurs afin de ne pas les exposer « aux résidus éventuels ».

Belga

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