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Le slovène Joze Podgorsek se jette à l’eau à l’occasion de son premier Conseil «Agri»

C’était une première pour Joze Podgorsek, qui a présidé le Conseil des ministres européens de l’Agriculture le 19 juillet dernier. Le ministre slovène a fait le point sur les nombreux dossiers abordés durant la réunion et présenté les priorités et le programme de travail de son pays qui aura pour principale tâche de finaliser les travaux sur la réforme de la PAC 2023-2027.

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Venu devant la presse à l’issue de la réunion, il a annoncé la multiplication des efforts de son équipe pour avancer sur les trois règlements de façon à paver la voie vers l’adoption des actes techniques par la commission afin qu’ils puissent être discutés par le parlement européen lors de la session plénière du mois d’octobre.

Zones rurales, femmes, numérisation

La question de la gestion durable des zones rurales revêt une importance particulière pour la présidence slovène. Un dossier auquel son représentant a associé le rôle des femmes en ruralité et celui de la numérisation, et qui fera l’objet de la réunion ministérielle informelle des 5 et 7 septembre en Slovénie.

Agriculture biologique

Comme prévu, les ministres ont adopté leurs conclusions sur le plan de développement de l’Agriculture biologique, proposé au mois d’avril par la Commission et qui entrera en vigueur le 1er janvier 2022, dans lesquelles ils valident l’objectif très ambitieux d’atteindre 25 % de surfaces bio en 2030, contre 8,5 % actuellement.

Ils ont toutefois insisté sur le caractère volontaire des objectifs et la nécessité de développer la demande pour stimuler la production.

Le plan prévoit notamment une promotion active de la commercialisation des produits bio, identifiés par un logo européen, en renforçant leur présence dans les cantines et en les intégrant aux marchés publics, tout en améliorant la traçabilité pour mieux combattre les fraudes.

Les ministres qui ont réclamé, dans cette optique, un budget ambitieux afin d’encourager la demande, ont trouvé un écho favorable auprès du commissaire Wojciechowski. Lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion, il a en effet insisté sur la nécessaire création de synergies avec d’autres politiques telles le Plan de relance de l’économie ou les fonds de cohésion pouvant permettre de développer des marchés.

Il a aussi rappelé avoir encouragé les Etats membres à préparer leurs plans stratégiques nationaux en faveur de l’agriculture biologique, qui constitue à la fois l’une des clefs de voûte de l’architecture verte de la PAC et une priorité des stratégies « De la fourche à la fourche » et « Biodiversité ».

Dimension commerciale

Les Vingt-Sept ont travaillé sur les questions commerciales et en particulier les accords de libre-échange.

Le commissaire à l’Agriculture, qui a pu échanger avec son homologue américain Tom Vilscak en marge de la réunion, s’est félicité de l’approche des Etats-Unis, proche de celle de l’UE, tendant désormais vers une production alimentaire plus durable.

Joze Podgorsek a présidé son premier Conseil des ministres de l’Agriculture.
Joze Podgorsek a présidé son premier Conseil des ministres de l’Agriculture.

Ils ont ainsi, selon le commissaire européen, instauré au niveau de leur propre politique agricole des éléments développés dans le Pacte Vert européen, tels que la rotation des cultures, l’agriculture de précision. Les deux blocs, a pour sa part précisé Joze Podgorsek, procéderont à des partages d’expériences sur certaines pratiques telle que, par exemple, l’amélioration des aspects liés à la séquestration du carbone dans les sols.

Prudence sur l’élevage en cage

les Vingt-sept ont soutenu la proposition de la Commission sur l’interdiction progressive de l’élevage d’animaux en cage à partir de 2027 tout en insistant sur la nécessité de définir une période transitoire assez importante et de mener une étude d’impact socio-économique.

Certains ministres ont attiré l’attention sur les importations en provenance de pays tiers qui ne respectent pas des normes aussi strictes que celles de l’UE. Ils demandent à cet effet de garantir une réciprocité maximale pour éviter de pénaliser les productions européennes.

Qualifiant cette décision d’historique qui fera de l’UE le fer de lance de la cause animale dans le monde, l’Exécutif a tenu à rassurer les Etats membres et promit une évaluation des conséquences sociales, économiques et environnementales de la proposition.

Broyage des poussins

La proposition portée par la France et l’Allemagne d’interdire au niveau de l’UE la mise à mort systématique des poussins mâles a reçu le soutien d’une dizaine d’États membres, dont celui de la Belgique, tandis que certaines délégations ont souligné les surcoûts que cette interdiction pourrait avoir sur les producteurs, et en bout de chaîne sur les consommateurs.

Ils ont également mis en avant le risque de concurrence de produits venant de pays tiers.

Sans s’engager formellement, la commissaire européenne à la Santé, Stella Kyriakides, a répondu que le sujet serait évalué dans le cadre de l’étude d’impact qui accompagnera ces propositions de révision de l’ensemble de la législation européenne sur le bien-être animal attendues pour fin 2023.

Marie-France Vienne

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