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Syngenta expose ses nouveautés et tente d’anticiper le futur

Biostimulants, lutte contre la rouille jaune en froment et contre le rhizoctone brun en betteraves sucrières, protection foliaire des pommes de terre… Les sujets de recherche ne manquent pas chez Syngenta. Cela se traduit par la mise sur le marché de nouveaux produits ou l’extension d’agréations existantes mais aussi par l’ambition de proposer, dans un futur proche, d’autres nouveautés.

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Comme bien d’autres sociétés actives dans le monde agricole, Syngenta évolue. Ainsi, bien que la protection phytosanitaire demeure son cœur de métier, de nouveaux domaines sont explorés, notamment en matière de produits de biocontrôle. Citons ainsi le fongicide Taegro (reposant sur le micro-organisme Bacillus amyloliquefaciens souche FZB24, 13 %), agréé sur plusieurs cultures légumières contre mildiou, oïdium, pourriture grise… et commercialisé depuis peu sur le marché belge.

Quantis stimule les pommes de terre

Les biostimulants suscitent aussi l’intérêt du phytopharmacien. Le Quantis, un produit à base de carbone, sodium, potassium et acides aminés, est actuellement au centre de plusieurs essais en Belgique.

« Il s’agit d’un biostimulant, enregistré comme engrais au niveau européen, que nous destinons à la culture de la pomme de terre. En trois applications, il permet de réduire la perte de rendement découlant d’un stress extérieur (épisode de chaleur, par exemple) ou d’un stress propre au développement de la plante (la floraison, notamment). La qualité des tubercules s’en trouve également améliorée », éclaire Mario Lagrou, Crop advisor pour la Flandre. Et de nuancer immédiatement : « Ce n’est toutefois pas un produit miracle. Si une sécheresse se prolonge durant trois mois, ce n’est pas un biostimulant qui permettra de pallier ce problème. »

Les essais visent à déterminer quand et de quelle manière le produit doit être appliqué pour maximiser son efficacité. « Nous tentons également de voir dans quelle mesure la quantité d’azote apportée peut être réduite lorsque Quantis est appliqué. Ce qui permettrait de faire des économies et de réduire les résidus azotés mesurés en fin de saison. »

L’introduction sur le marché belge de ce nouveau produit est attendue pour l’année prochaine.

Froment : recherche d’un T1 efficace contre les rouilles

Du côté du froment, Syngenta dispose dans son portefeuille du Solatenol (nom commercial de la substance active benzovindiflupyr présente dans les fongicides Elatus Plus, Velogy Era et Ceratavo Plus), une SDHI efficace notamment contre les rouilles en T2. « Les conditions climatiques humides et fraîches de l’année dernière nous ont permis d’observer son comportement sur Microdochium spp. également, avec de très bons résultats face à ce ravageur », ajoute Christian Walravens, Crop advisor pour la Wallonie.

Pour Syngenta, le véritable problème ne se trouve cependant pas au niveau du T2 mais bien du T1. « Le nombre de produits commercialisés s’amenuise de saison en saison et les matières actives toujours sur le marché sont menacées de disparition. Nous craignons que d’ici quelques années, les seuls produits encore disponibles ne soient pas les plus efficaces contre les rouilles. En outre, la sélection s’est fortement intéressée à la résistance à la septoriose, mais beaucoup moins aux rouilles. C’est d’autant plus dommageable que l’on observe une évolution comportementale rapide dans le chef de ces dernières. » Dans ce contexte, la firme s’attelle à tester de nouvelles solutions.

Dans un premier temps, une application de prothioconazole en T1 a été mise à l’épreuve. Avec quel résultat ? « Le comportement face à la rouille jaune est bon mais imparfait. De plus, nous préférons conserver cette matière active pour le T2 et, surtout, ne pas l’utiliser deux fois sur la saison. » Un deuxième essai mêlait le bromuconazole et la fenpropidine, sélectionnée pour son effet booster sur les triazoles. « Une nouvelle fois, c’est une combinaison que l’on réserve au T2. »

En guise de troisième essai, le bromuconazole et la fenpropidine sont associés à l’Amistar « maison » (250 g/l azoxystrobine). « D’après nos observations, ce mélange peut, à termes, être une solution face à la rouille jaune », commente Christian Walravens. Les essais conduits sans triazole montrent, eux, que cette famille chimique est indispensable en présence de ce champignon.

Et de conclure : « Syngenta n’est pas en mesure de mettre un nouveau fongicide sur le marché cette année mais devrait y parvenir d’ici deux à trois ans ».

En maïs, pas de réelle nouveauté

En culture de maïs aussi, les changements législatifs conduisent à une évolution des pratiques. Cependant, aucune nouveauté « produit » n’est à épingler. « Nous considérons la mésotrione comme la base des programmes, à la fois en solo et en combinaison avec d’autres matières actives, comme c’est le cas dans Calaris, Camix et Elumis », détaille Mario Lagrou.

Des restrictions de dose ou d’usage supplémentaires sont attendues dans un futur plus ou moins proche. Et devraient venir s’ajouter à celles existantes ! « Autrefois, le Calaris (330 g/l terbuthylazine + 70 g/l mesotrione) pouvait être appliqué à la dose de 1,5 l/ha. Désormais, ce n’est plus que la moitié et un partenaire doit lui être associé pour un désherbage efficace. C’est pourquoi nous recherchons et essayons différents programmes selon la flore adventice rencontrée. »

« Vu les restrictions croissantes, nous testons plusieurs programmes permettant  de maintenir un désherbage efficace du maïs », éclaire Mario Lagrou.
« Vu les restrictions croissantes, nous testons plusieurs programmes permettant de maintenir un désherbage efficace du maïs », éclaire Mario Lagrou. - J.V.

En présence de datura, contre lequel la lutte s’avère essentielle, sont recommandés les programmes standard (Lumica 1 l + Dual Gold 0,9 l + Samson 0,5 l + Peak 15 g) ou avec terbuthylazine (Lumica 0,75 l + Gardo Gold 2 l + Samson 0,5 l + Peak 15 g). « Nous mettons toutefois en garde contre le fait que le datura peut aussi germer plus tard, vers juillet – août. Il n’y a alors pas d’autre option que de l’arracher manuellement, avec des gants. »

Enfin, Mario Lagrou refait un point sur l’insecticide Force Evo (0,5 % tefluthrine) agréé en maïs et en pommes de terre. « Il s’agit de microgranulés à positionner à l’aide d’un applicateur dans le sillon de plantation des pommes de terre ou dans la raie de semis du maïs pour un enfouissement optimal. Il se caractérise par son large spectre (taupins, mouches des semis, hanneton et diabrotica) et sa longue durée d’activité. »

Lutter contre le rhizoctone brun en betteraves sucrières

En betterave, c’est le rhizoctone brun qui peut poser problème dans certaines régions. « Les progrès génétiques en la matière sont importants et de nombreuses variétés tolérantes sont disponibles sur le marché. Toutefois, tolérance ne signifie pas résistance. Le choix variétal est à combiner avec la protection fongicide, surtout en cas de forte infestation », estime Christian Walravens.

Les produits Angle, Quadris Gold et Bicanta, déjà agréés pour la protection foliaire  des betteraves sucrières, bénéficient d’une extension d’homologation  en vue d’assurer la lutte contre le rhizoctone brun.
Les produits Angle, Quadris Gold et Bicanta, déjà agréés pour la protection foliaire des betteraves sucrières, bénéficient d’une extension d’homologation en vue d’assurer la lutte contre le rhizoctone brun. - J.V.

Dans son portefeuille, Syngenta dispose des produits Angle, Quadris Gold et Bicanta à la composition identique (125 g/l difénoconazole et 125 g/l azoxystrobine). Ceux-ci sont agréés pour une protection contre les maladies foliaires classiques de la betterave, pour un traitement dès fin juillet – début août. « Suite à une extension de leur homologation, ils peuvent également être appliqués dès le stade 8-10 feuilles afin d’assurer la protection contre le rhizoctone brun », complète-t-il. L’intervention doit donc s’anticiper dès l’entame de la saison, ce qui requiert de connaître parfaitement l’état sanitaire de ses parcelles.

Angle, Quadris Gold et Bicanta peuvent être appliqués en mélange avec d’autres produits, notamment dans le cadre d’un traitement Far, à condition que ce ne soient pas des anti-graminées.

Protection et désherbage des pommes de terre

Côté pommes de terre, plusieurs volets ont été abordés, dont la protection des tubercules. « Nous disposions précédemment du Maxim dans notre catalogue mais ce produit présentait de nombreuses contraintes. Nous l’avons retravaillé pour rendre son usage plus aisé. C’est ainsi qu’est né le Maxim 100 FS (100 g/l fludioxonil), dont la commercialisation a débuté voici peu »

Ce dernier, se présentant sous forme d’une suspension concentrée, peut être appliqué à la dose de 0,25 l/t de plants sur table à rouleaux ou sur planteuse. Sa formulation a été étudiée de manière à permettre une bonne répartition sur les plants et, ainsi, assurer leur protection contre le rhizoctone, la galle argentée et la dartose.

Christian Walravens enchaîne sur le désherbage : « La métribuzine est sur la sellette… Nous mettons actuellement le Defi (800 g/l prosulfocarbe), en association avec d’autres matières actives, à l’épreuve en présence de morelles noires ». Cette adventice à, en effet, la particularité de germer tout au long de la saison, ce qui complique son élimination. L’efficacité sera évaluée au fur et à mesure de la saison.

Enfin, un focus a été fait sur les maladies foliaires. Face au mildiou, l’accent est mis sur l’importance d’intervenir avant que le champignon ne se soit installé durablement dans la parcelle, sur la protection des étages successifs de la culture et sur l’alternance des produits et matières actives.

L’autre maladie foliaire ciblée, c’est l’alternariose. « Ici, l’historique de la parcelle joue un rôle prépondérant, bien plus que le climat, car les sclérotes peuvent survivre jusqu’à 7 ou 8 ans dans le sol. Mais il existe une autre complication : aucun moyen curatif de lutte n’est disponible. » Pour éviter que la maladie ne s’installe, Syngenta recommande d’effectuer un premier traitement vers la mi-juillet avec, par exemple, Amphore Plus (18 % cymoxanil + 25 % mandipropamide) ou Carial Star (250 g/l difénoconazole + 250 g/l mandipropamide) tout en veillant à l’alternance des produits.

Contre le mildiou de l’oignon

L’an dernier, le phytopharmacien a également lancé le pack commercial Orondis Plus Ortiva. La combinaison d’Orondis Plus (100 g/l oxathiapiproline) et Ortiva (250 g/l azoxystrobine) permettrait de lutter efficacement et préventivement contre le mildiou de l’oignon, une maladie impactant sévèrement les rendements.

J. Vandegoor

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