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Une participation qui se tasse,

des perspectives en berne…

Le programme agro-environnemental porté par la Wallonie connaît une baisse de participation… Un fait qui inquiète les scientifiques d’autant que les objectifs fixés par l’Europe sont impossibles à atteindre avec une telle tendance. Des actions doivent donc être prises rapidement pour une relance du programme et l’utilisation des budgets disponibles. C’est particulièrement le cas pour les tournières enherbées et les bandes aménagées dans les cultures.

Temps de lecture : 5 min

Cofinancées par l’Europe et la Wallonie, les mesures agroenvironnementales sont en vigueur chez nous depuis 1995 et le nouveau programme court sur la période 2015-2020. S’il joue un rôle essentiel dans l’amélioration de l’environnement agricole, il figure parmi les meilleurs programmes européens. Il s’avère être un complément indispensable au respect des bonnes pratiques et des législations environnementales reprises notamment dans la conditionnalité.

Toutefois, certains enjeux environnementaux en agriculture nécessitent bien plus que cela et notamment des actions d’extensification souvent très locales. C’est par exemple le cas pour la faune et la flore des champs ou encore l’amélioration du paysage et la réduction du ruissellement érosif. Dans l’état actuel des choses et notamment la portée très limitée du « verdissement », seul l’agroenvironnement peut soutenir ces actions mises en œuvre de manière volontaire.

Participation et budgets se tassent

Après une progression nette entre 1995 et 2009, et un succès atteignant à son apogée 57 % des producteurs (voir figure 1), la croissance a été plus lente jusqu’en 2012. L’année suivante, suite principalement à la fermeture de l’accès pendant deux ans à la plupart des mesures de base, on notait une chute de la participation. Elle est retombée à 48 % en 2016, soit 2.600 participants en moins au programme (passage de 8.800 à 6.200 agriculteurs engagés sur la période).

Côté budget des MAE – et donc rémunérations des agriculteurs pour leurs services environnementaux –, son montant est moins élevé qu’à l’apogée récente du programme. En effet, la disparition de la mesure « couverture du sol » et la diminution des paiements pour les haies ont amené une réduction des prévisions de dépenses. Cependant, un montant important reste disponible et n’est pas utilisé. Les budgets fixés d’ici 2020 par la Wallonie avaient en effet prévu le redémarrage de bon nombre des mesures, ce qui n’est pas le cas actuellement.

Un espoir de reprise

2017 annoncerait une modeste reprise qu’on estime très liée à la conjoncture en tout cas pour les méthodes liées aux cultures (tournières, bandes aménagées) en relation avec la très mauvaise année culturale 2016. La stabilisation du programme, de ses modalités administratives d’accès et l’activité de Natagriwal sont aussi des facteurs positifs pour l’avenir. Cependant, la tendance lourde observée ces dernières années offre des perspectives globalement défavorables eu égard au potentiel de participation, aux enjeux environnementaux et aux ambitions affichées par le Programme wallon de développement rural d’ici 2020.

Mesures

Ci-après un rapide récapitulatif de l’historique des différentes mesures :

Petits éléments naturels et du paysage

La situation relative aux petits éléments naturels sous contrat suit la même tendance avec un fort tassement à partir de 2013 (voir figure 2). Pour 2016, une petite reprise, sans doute plus forte pour les mares reste à confirmer cette année.

Le renforcement des procédures et outils de contrôle et les soucis rencontrés dans ce cadre par les agriculteurs en 2016 pour cette mesure, combinés à la diminution des montants pour les haies et arbres isolés risquent de peser lourd sur son succès.

Prairies

Les évolutions des trois mesures sont différentes (voir figure 3). La « faible charge en bétail » dénommée aujourd’hui « autonomie fourragère » (charge moyenne sur les prairies de la ferme inférieure à 1.4UGB/ha) se tasse en 2013 et repart à la hausse en 2016. À noter qu’à partir de cette année-là une variante portant sur des fermes avec une charge entre 1.4 et 1.8 UGB/ha est accessible. Les surfaces concernées par les deux variantes sont regroupées. La nouvelle variante assure le redémarrage noté en 2016, mais moindre qu’attendu.

Pour la « prairie de haute valeur biologique », la progression est lente mais constante et se poursuit. Son succès est certain dans les zones Natura 2000 où, combinée à l’indemnisation spécifique elle semble relativement bien attractive.

La mesure « prairie naturelle a aussi connu une nette chute en 2013 et semble se stabiliser. Ses perspectives ne sont cependant pas très bonnes avec la sortie du système des contrats agroenvironnemntaux pour les prairies sous contrat et situées en zone Natura 2000. L’exploitation peu intensive s’y poursuivra et l’indemnisation aux agriculteurs sera assurée par des budgets spécifiques non agroenvironnementaux.

Cultures

Les tournières enherbées de même que les bandes aménagées ont connu un succès marqué à leur lancement. Pour les tournières, il s’est poursuivi à un rythme nettement moins marqué jusqu’à la chute du moratoire de 2013 et continue encore. Pour les bandes aménagées le plafond a été atteint en 2009 et l’érosion n’a pas cessé depuis (voir figure 4). Les bandes sont devenues plus efficaces et mieux ciblées que notamment certaines bandes « bords de cours d’eau » accessibles jusqu’en 2009 qui avaient dopé la participation initiale à la mesure. Le succès est très largement insuffisant pour un maillage des plaines agricoles et particulièrement soutenir la petite faune des champs.

Et les autres ?

La mesure relative à la conservation des races menacées de bovins, chevaux et moutons a subi un tassement comme les autres en 2013. Actuellement le nombre total d’animaux concerné est d’un peu moins de 10 000. Il semble repartir à la hausse et concerne entre 500 et 600 producteurs. La démarche globale du « plan d’action » concerne 120 exploitations et a aussi été la victime du moratoire des années 2013 et 2014 ainsi que d’autres incertitudes planant sur son financement.

Les trois autres mesures du programme (« cultures favorables à l’environnement », « prairies inondables » et « parcelles aménagées ») sont actuellement très marginales et, pour ces deux dernières leurs perspectives de succès notable est nul.

D’après Th. Walot

UCL/ELIA

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