Et si nous prenions notre destin en main ?

Le projet de la nouvelle sucrerie à Seneffe est actuellement un grand sujet de discussion dans les campagnes. Je suis un peu « surprix » de constater que le tonnage nécessaire pour la viabilité de l’opération ne soit pas encore atteint ! Dans ma grande naïveté, je m’étais imaginé que cela allait être bouclé très rapidement !

Une nouvelle sucrerie appartenant à 100 % aux planteurs, située en Wallonie, à la porte de nos fermes, est d’après moi une occasion unique de montrer que nous sommes capables de dire stop au diktat de l’industrie agroalimentaire qui s’en met plein les poches sur notre dos ! Arrêtons d’être de petits moutons que l’on conduit par le bout du nez sans réagir ! J’ose imaginer (avec joie) la crainte que cela inspirerait dans d’autres secteurs si on y arrivait : pommes de terre, légumes… La sucrerie de Seneffe pourrait rendre confiance à notre agriculture wallonne. Rêvons un peu…

Vous avez certainement tous lu le « publireportage » de la raffinerie tirlemontoise dans le sillon belge du 24 novembre. C’était très touchant… On y lit que les rendements records de cette année sont dus en partie à la réception de la plante entière qui fait gagner 10 % de rendement ! Que doit-on comprendre ? Le méchant collet à la base d’interminables discussions pendant des années et des années est subitement devenu notre allié… On nous a donc « pris » quelques pourcents pendant des années… À vos calculettes… Et ils parlent d’un partenariat loyal ! De même, tout le monde est « surprix » du niveau très bas de la tare terre. Il est vrai que les conditions d’arrachage ont été très bonnes cette année mais nous avons déjà eu des conditions similaires certaines années. Est-ce un hasard ou bien des consignes auraient-elles été données pour cette campagne afin de nous amadouer. ?

Le rendement de cette année est record (n’oublions pas que nous ne ferons pas 100-110 tonnes chaque saison…) mais il faut se rendre compte que le prix que nous allons toucher sera certainement record également… Mais vers le bas ! Quand le connaîtrons-nous ? On ne sait pas nous le dire… 2.500 € de chiffre d’affaires par hectare ! Mais de quoi vous plaignez-vous ! Ne perdons tout de même pas de vue qu’il faut retirer la fumure, les semences, les phytos, frais de semis et d’arrachage, fermage, frais de mécanisation, assurance grêle, remboursement de crédit, risque de gel avec des campagnes interminables… et cerise sur le gâteau le paiement final à la Saint-Glinglin ! On pourrait peut-être envisager un petit bénéfice tant qu’à faire… Non ? Bon d’accord, tant pis… Et nous acceptons cela sans broncher. « Ils » doivent bien rire de nous !

Garantie d’avenir

Je suppose que la principale pierre d’achoppement est l’argent qu’il faut mettre sur la table ! 30 € par tonne de betteraves, ce n’est pas rien. Mais n’oublions pas que l’on pourra récupérer 13 € de nos parts actuelles dans la Sopabe-T. Le solde à mettre devient déjà plus supportable en l’étalant sur plusieurs années et sera récupéré rapidement par le prix largement supérieur obtenu pour la vente de « notre » sucre. J’en veux pour preuve le courrier de la sucrerie que tous les betteraviers ont reçu avec le surprix mirifique que nous allons toucher pour 2016 ! D’après le calcul que nos représentants ont fait, nous toucherions aux alentours de 53 €/t si nous possédions notre propre outil ! 17 € de surprix plutôt que 1,39 €… ! Alors, 13 € à investir, est-ce vraiment beaucoup ? À comparer également avec le prix du matériel et de la terre…

L’avenir des usines en Belgique est assuré ? L’usine que nous construirons c’est certain ! Celles d’une multinationale, j’en suis moins sûr… surtout si on est situé loin de celles-ci ! Regardons ce qui se passe dans d’autres secteurs ! Notre usine est la seule manière de nous garantir à 100 % un avenir sucrier durable !

On entend certaines personnes mettre en doute le fait de redistribuer aux coopérateurs sucriers les plus-values à la manière de certaines grosses coopératives françaises qui n’en ont plus que le nom mais qui ont perdu leur raison d’être. Mais je dois tout de même constater qu’une coopérative indépendante présente dans la région de Binche et travaillant également dans les légumes parvient toujours à acheter nos céréales largement plus chères… au grand dam des négoces privés et autres grands groupes qui se demandent comment c’est possible. Évidemment la finalité n’est pas la même !

Pour terminer, je ne suis pas « surprix » que certains planteurs tardent à indiquer leurs intentions dans la nouvelle usine. À traîner de trop, ils ne pourront pas monter dans le train car la pleine capacité de l’usine risque fort bien d’être dépassée. Ils seront aussi les premiers à s’en plaindre !

Aidons les porteurs du projet à poursuivre et à concrétiser au plus vite et réfléchissons bien ! Pour moi, c’est tout réfléchi.

Un planteur

Le direct

Le direct