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Fenaison en saison close

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« C’est juin qui fait les foins ! ». Dans nos régions, ce dicton est aussi vieux que l’agriculture, et n’a pris aucune ride en dix siècles. Il nous rappelle, dans sa sagesse éternelle, l’importance majeure des dernières semaines de printemps. Mai et juin conditionnent de manière décisive la plupart des récoltes de l’été : fourrages, prairies, céréales, plantes sarclées… La météo de cette année, chaude et humide, est détestable par ses orages violents, mais particulièrement favorable à la croissance des herbes. La fenaison débute sous d’excellents auspices. Comme on dit : « Y’a plus qu’à… ».

Les premiers ensilages ont donné le ton : comparées à l’an dernier, les quantités ramassées sont pratiquement doubles ! Les foins, à récolter en sec, sont un rien trop mûrs, hélas, avec une fléole en fleurs depuis le 12 juin en Ardenne. Si tôt ? Du jamais vu ! Les faucheuses ont de gros fourrages à digérer ; les faneuses roulent au ralenti lors du premier passage ; les presses auront fort à faire ces jours-ci pour tout mettre en ballots. Mais avec le parc actuel de tracteurs et de machines, cela ne posera guère de problèmes…

Jadis, à l’aide de sa faux, un bon fermier couchait ses cinquante ares en une journée de 10 heures, ce qui constituerait aujourd’hui un authentique exploit sportif ! En 2018, avec une largeur de coupe de 6 mètres, le tracteur d’entreprise, climatisé et tout confort, dépasse les 5 hectares/heure sans se dépêcher, cent fois autant qu’un faucheur manuel ! Toute la famille retournait les andains à l’aide de râteaux en bois, puis il fallait andainer, rassembler le foin en « croupettes », le laisser sécher et finalement l’engranger lors d’un dur et interminable labeur.

Heureuse époque vivons-nous, si l’on considère la pénibilité des fenaisons d’autrefois ! Pourtant, les paysans vivaient ainsi sans se plaindre, tandis qu’aujourd’hui, questions plaintes… La récolte des fourrages a bien évolué : la besogne est raclée en une semaine, alors qu’il fallait jadis un bon mois, au bas mot, pour autant que le soleil soit de la partie. Oui, le soleil ! C’est finalement lui le meilleur allié du faneur, et en ce qui le concerne, au moins, rien n’a changé ! Il est toujours le maître du ciel, le maître du jeu. Les agriculteurs modernes ont inventé l’ensilage et le fanage en grange, mais aucune technologie ne remplacera l’astre du jour, qui fane efficacement et gratuitement quand il daigne s’en donner la peine.

Aujourd’hui comme hier, on craint ses caprices, on attend son solide coup de main, si possible quinze jours d’affilée, et plus si affinité. Ce qui n’est pas gagné d’avance, quand on vit dans un pays davantage réputé pour ses pluies et son temps gris… Il faut scruter les cieux, consulter les bulletins météo. Avec les ordinateurs, les smartphones, on peut suivre les prévisions d’heure en heure, et celles-ci sont plutôt fiables. Autrefois, on écoutait Monsieur Météo à la radio, qui racontait parfois des carabistouilles. On consultait le baromètre : s’il montait ou descendait trop vite, c’était mauvais signe. À propos de signes, la nature elle-même jouait à la Miss Météo : les araignées qui tissent de grandes toiles et annoncent le bon temps ; les hirondelles qui volent bas avant la pluie ; l’absence de rosée au matin qui annonce l’arrivée d’une zone de pluie ; le ciel rouge magenta au coucher du soleil, signe de temps venteux et humide le jour suivant, etc, etc.

Nous en a-t-il joué des tours, ce fichu climat belge ! Et la pluie pendant les foins, passez-moi l’expression, ça fout le bordel en saison close… Bonjour le stress, quand les nuages menaçants envahissent le ciel, quand des éclairs zèbrent le ciel à l’horizon, quand les premières grosses gouttes s’écrasent sur le pare-brise ! Reste à prier le bon dieu paysan, pour que la pluie s’éloigne, et que la presse ne tombe pas en panne.

Franchement, la fenaison, c’est du sport. Aussi passionnante qu’une coupe du monde de football, et qu’il nous faut gagner chaque année coûte que coûte !

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