leurs attentes quant à la durabilité de l’agriculture belge.
Si tous s’accordent sur l’importance d’une approche durable, leurs priorités divergent : environnementales pour
les consommateurs, économiques pour les agriculteurs.
« Toutefois, une fois la notion d’agriculture durable définie, consommateurs et agriculteurs se rejoignent. Ils sont en effet plus de 90 % à accorder de l’importance à ce concept », nuance Caroline Devillers.
Des priorités différentes
Derrière cette large unanimité se cachent néanmoins diverses priorités. Ainsi, les consommateurs sont 65 % à considérer le pilier environnemental comme étant le plus important, loin devant le social (17 %) et l’économique (15 %).
Les critères auxquels le Belge se montre le plus sensible au sein des trois piliers de l’agriculture durable ne constituent quant à eux qu’une demi-surprise. En effet, ils privilégient majoritairement l’achat de produits frais (68 %), de saison (60 %) et locaux (55 %). Le caractère biologique des produits achetés et consommés n’est prépondérant que pour 22 % des sondés. Plus décevant, les résultats révèlent encore que garantir un salaire décent au producteur n’est déterminant que pour un Belge sur cinq.
Du côté des agriculteurs, les considérations économiques l’emportent largement (62 %). Un résultat sans surprise : tout exploitant souhaite pérenniser son activité et bénéficier d’un revenu décent pour le travail qu’il accomplit. Le pilier environnemental arrive en seconde position et récolte 22 % des suffrages. Déjà à la traîne aux yeux des consommateurs, le pilier social ne fait guère mieux chez les producteurs (12 %).
Dans les fermes
L’Observatoire a également demandé aux agriculteurs d’évaluer leur durabilité, en s’auto-attribuant une cote sur 10, et comment l’améliorer.
Premier constat : les fermiers se donnent, en moyenne, un score de durabilité économique de 6,2/10 mais ne sont que 48 % à considérer que leur exploitation est économiquement durable.
Afin d’améliorer ce résultat, ils souhaiteraient maîtriser deux compétences qu’ils estiment leur faire défaut : négocier davantage les prix avec leurs fournisseurs et créer plus de valeur ajoutée sur leur production. Réfléchir à plus de collaboration entre fermes ne semble pas être une priorité. A contrario, ils affirment déjà maîtriser leurs charges financières et savoir interpréter les résultats techniques et financiers de leur exploitation, ce qui ne peut qu’être favorable dans leur recherche de durabilité économique.
Concernant la durabilité sociale, les agriculteurs se donnent un score moyen de 6,1/10. Seuls quatre agriculteurs sur dix jugent être « socialement durables ».
Ici aussi, des pistes d’amélioration sont évoquées par les agriculteurs ; la principale étant de prendre plus de temps pour leur famille et leurs amis. Une part importante d’entre eux estime déjà travailler à la durabilité sociale de leur exploitation. D’une part, en communiquant positivement sur le métier et, d’autre part, en optimisant leurs équipements pour faciliter leur travail et améliorer leur bien-être. L’Observatoire met également en évidence qu’ouvrir sa ferme aux écoles ou aux riverains n’est pas une priorité pour une majorité d’agriculteurs.
C’est au niveau de la durabilité environnementale que les exploitants se donnent la meilleure note : 6,9/10. C’est par ailleurs la dimension qui est la mieux maîtrisée puisque plus de six agriculteurs sur dix affirment être durables sur le plan environnemental. « C’est également le critère auquel le consommateur accorde le plus d’importance », commente Caroline Devillers. Et d’ajouter « Il faut néanmoins faire des efforts pour que les autres piliers soient eux aussi considérés à leur juste valeur par le consommateur ».
Pour parvenir à ce résultat, bon nombre d’exploitants utilisent déjà des techniques de conservation des sols ou diminuent leurs doses d’intrants. Mais afin de faire mieux, ils souhaiteraient réduire leur dépendance énergétique. L’Observatoire révèle encore que 80 % des exploitants n’envisagent pas de convertir tout ou partie de leur ferme à l’agriculture biologique. « Agriculteurs et consommateurs se rejoignent sur ces points. En effet, ces derniers ne sont que 22 % à porter une attention particulière au caractère biologique de leurs denrées alimentaires. »
S’améliorer, mais comment ?
Selon les résultats présentés par Mme Devillers, une large majorité d’agriculteurs envisagent d’étudier des pistes pour améliorer leur durabilité, tout pilier confondu. Toutefois, seul un tiers d’entre eux sait, ou dit savoir, comment s’y prendre.
Ainsi, pas moins de 87 % des agriculteurs souhaitent accroître leur durabi
Des efforts valorisés par un label
Les résultats révèlent encore que 62 % des agriculteurs sondés estiment que l’agriculture durable constitue un argument marketing intéressant permettant, notamment, de mieux valoriser leur production. Mais un label « Agriculture Locale et Durable » serait-il accueilli positivement par les consommateurs ?
Et bien oui, à en croire l’Observatoire CBC. « Près de 9 Belges sur 10 se disent ouverts à l’idée de voir apparaître un tel label. Au vu de ces résultats, son utilité n’est pas à remettre en question », commente Mme Devillers. À condition toutefois qu’un certain nombre d’agriculteurs se l’approprie et se lance dans l’aventure.