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Au grand jeu

de la manipulation !

Les gens râlent, oh ça oui ! Ils se vexent carrément quand on répond trop peu à leurs sollicitations au printemps, en période d’agnelages ou de vêlages. Ils ne comprennent pas à quel point

Temps de lecture : 3 min

À l’inverse des dictatures où un seul individu manipule tout le monde, en démocratie, chacun est libre de manipuler autant que faire se peut. C’est un bel exercice de style auquel nous venons d’assister à la mi-mars.

Or donc, un agriculteur attaque en justice TotalEnergies pour cause de réchauffement climatique. JT, une page dans Le Soir avec, en prime, ce petit billet dans le Sillon. Trop fort. Finement joué !

Saluons d’abord le créneau médiatique : pas d’élection présidentielle, pas d’explosion, pas d’inondation et pas de championnat du monde. Du miel pour les médias.

Chapeau pour le style : David contre Goliath. Goliath, c’est Total, des milliards d’euros, des millions d’automobilistes qu’il alimente en carburants, des millions de consommateurs en gaz et électricité et, bien entendu, des actionnaires en dividendes.

En face, un « petit paysan » (aussi professeur et porte-parole syndical) et surtout trois ONG dont Greenpeace.

Et là, je suis en admiration : n’est-ce pas la fameuse ONG multinationale d’origine américaine qui s’est lancée au moment de la guerre froide en faisant poil à gratter des essais nucléaires français ? Celle dont les journalistes occidentaux n’ont jamais réussi à percer (tout-à-fait) l’opacité de son financement ? Celle qui a entraîné tous les écologistes de la planète dans un « Nucléaire, non merci » qui se révèle aujourd’hui catastrophique au niveau climatique ? Celle qui a enfermé tous les leaders écolos dans un dogmatisme incompréhensible, jusqu’au jour où l’invasion de l’Ukraine et les déclarations de Greta Thunberg les en libèrent ?

Soit, on n’imaginerait pas pour autant attaquer en justice une ONG parce qu’elle a entraîné tout un mouvement politique dans la mauvaise direction. Si les émissions en gaz à effet de serre d’un allemand sont 50 % plus élevées que celle d’un français, c’est essentiellement une question d’électricité, et Greenpeace peut revendiquer sa part de responsabilité dans l’affaire.

Total, effectivement, est un grand dans le monde des énergies fossiles (que nous consommons tous). Il est aussi un grand dans les investissements en énergies renouvelables (5 milliards d’euros), sachant qu’en énergies fossiles, il continue d’investir au bénéfice de l’Afrique qui ne comprend pas pourquoi on la priverait de ce qui a fait le bonheur matériel des sociétés occidentales et arabes.

Sur ce sujet, il faut écouter sur YouTube le spécialiste français du climat, Jean-Marc Jancovici, entendu en commission sénatoriale le 12 février dernier. Il réaffirmait l’importance de la lutte contre le réchauffement climatique, que celle-ci nécessite une transition qui sera ardue, que si Total n’est pas une société philanthropique, ce n’est pas non plus le pire des énergéticiens et combien d’autres entreprises étrangères cherchent à occuper le terrain.

C’est le rôle des états de définir les règles. Citons Antoine Buéno dans « Faut-il une dictature verte ? » : Les multinationales sont dans le monde comme des enfants seuls dans un magasin de bonbons à qui on demanderait de ne pas y toucher.

Bref, cette sortie médiatique m’a fait penser au film « La peste », inspiré du roman de Camus, sur les écrans TV tout récemment. On y décrit comment, dans une situation difficile concernant la communauté humaine, certains se soucient des autres faire profit.

Décidément, le monde ne sera jamais parfait.

JMP

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