
Une genèse africaine
Pour savoir comment tout a démarré, c’est Charles Reinders qui prend la parole. Ce dernier a vécu quatre ans au Bénin. « J’y ai constaté que le suivi post-opératoire était souvent compliqué, à cause du manque de personnel et de matériel. De plus, il y a peu d’hôpitaux par habitant, lesquels sont souvent situés dans les grandes villes, et difficilement accessibles pour certains ».
Une fois l’idée sur la table, la première difficulté était de viser le marché humain, plus difficilement accessible que celui des animaux. « Mais en discutant avec des vétérinaires, ils nous ont dit que cela pourrait être très intéressant pour leur secteur ». Maëlle ajoute : « On remarque parfois trop tard les infections. Et les dommages peuvent être dramatiques lorsqu’on ne les soigne pas au bon moment. Par ailleurs, l’utilisation des antibiotiques étant de plus en plus restreinte, l’effet antiseptique du fil peut aider à ne pas recourir à ces médicaments de manière systématique, mais vraiment qu’en cas de nécessité. Nous savons aussi que les professionnels de la santé animale sont souvent débordés, ce système leur permet de mieux cibler leurs consultations ».
De l’idée au labo
La concrétisation de cette idée a débuté en septembre, dans le cadre de leur cours de gestion entrepreneuriale, donné par Madame Thirion. Après avoir réalisé leur business plan, direction le laboratoire pour élaborer le produit. « Il fallait trouver les légumes que nous allions utiliser, savoir comment nous allions fixer le produit, si ça allait tenir dans le temps, etc. Nous avons vraiment eu plein de réflexions à ce sujet », indique Charles.
Par ailleurs, le fil de suture en lui-même est acheté à l’extérieur, tandis que ces élèves s’occupent de son traitement, du packaging et de la vente. « Nous préférons garder ce qui est déjà présent sur le marché, notamment pour ne pas trop perturber le travail des vétérinaires ».
Actuellement, Colorvital est toujours en phase de prototype avant d’aller vers une possible certification, pour, in fine, pouvoir être commercialisé.
Une entrée dans la cour des grands
Si ce fil de suture possède, évidemment, toutes les qualités pour séduire le plus grand nombre, ce projet a aussi permis aux jeunes de développer leurs compétences professionnelles et personnelles.
« Cela nous a fait sortir du cadre scolaire. Nous avons dû travailler en équipe, apprendre à fonctionner ensemble », souligne Laurie. « Nous avons notamment gagné en maturité, en polyvalence, et nous sommes aussi allés à la rencontre de professionnels du secteur », complète Charles.
Une cohésion d’équipe et un esprit d’innovation récompensés lors de la finale du Young Enterprise Project, à Louvain-la-Neuve, au mois de mai. Une victoire « haut la main » qui leur ouvre les portes du concours JA Europe, organisé en Sicile, en juillet. Pour ce faire, ils ont dû envoyer leur dossier, puis devront répondre aux questions d’un jury en ligne. Sur place, comme à Louvain-la-Neuve, les Hutois devront convaincre un panel composé de plusieurs nationalités différentes et mettre en place un stand où leurs capacités communicationnelles, notamment, seront mises à l’épreuve. Le tout… en anglais. Mais leur professeur a confiance en eux et ne tarit pas d’éloges à leur propos. « Ils sont tellement motivés, c’est incroyable. Parmi eux, certains étaient de nature plus timide… Avec Colorvital, ils ont grandi d’un coup ».
De quoi assurer à ces étudiants qui se lanceront bientôt dans le monde professionnel un bel avenir devant eux.
