« Comme les autres viroses, le court-noué se transmet par la multiplication végétative et peut donc être présent dans un jeune plant, contaminé par le greffon ou le porte-greffe. Assurer constamment le renouvellement du vignoble avec du matériel sain constitue la mesure prophylactique la plus simple et la plus efficace pour limiter l’emprise de cette virose, que l’on estime présente avec divers degrés de gravité dans les deux tiers des parcelles françaises », renseigne l’Institut français de la vigne et du vin (IFV) sur son site.
D’où l’importance pour les viticulteurs de se fournir dans une filière certifiée pour garantir au maximum l’absence de viroses graves dans le matériel.
Toujours selon l’IFV, les symptômes du court-noué sont multiples et leur sévérité est variable. La maladie se manifeste de plusieurs manières : au niveau de la souche dont l’affaiblissement progressif peut conduire à sa mort ; au niveau des rameaux (raccourcissement des entre-nœuds, disposition anarchique des vrilles, départ de nombreux bourgeons secondaires…) ; sur les feuilles (jaunissement, déformations ; et, bien sûr, sur les inflorescences et les grappes (coulure, millerandage, pertes de rendement jusqu’à 80 % et de qualité…)
« Il n’existe aucune méthode de lutte curative contre le court-noué. Il faut impérativement agir en préventif et planter dans des sols présentant une population la plus réduite possible de nématodes vecteurs… »
L’enroulement viral, une propagation explosive
Autre menace majeure, l’enroulement viral de la vigne qui toucherait à l’heure actuelle tous les vignobles du monde. Huit virus différents en sont responsables.
« Sa rapidité de propagation, parfois explosive, dépend de la dynamique des populations de ses vecteurs aériens, différentes espèces de cochenilles. Ce syndrome se caractérise par un enroulement vers le bas du limbe des feuilles. Sur cépages rouges, des taches rouges apparaissent dès les mois de juin-juillet, sur les feuilles de la partie inférieure des rameaux. Ce rougissement s’étend progressivement à l’ensemble du limbe. La zone autour des nervures, primaires et secondaires reste épargnée, le limbe s’épaissit et s’enroule vers le bas. À l’automne, les feuilles atteintes peuvent brunir et présenter une nécrose de l’épiderme supérieur. Les cépages blancs sont atteints d’un jaunissement plus difficile à diagnostiquer. Comme pour beaucoup de viroses, l’intensité des symptômes peut varier en fonction des cépages, du millésime, et de la forme d’enroulement présente », relève l’IFV.
L’enroulement ne provoque toutefois pas la mort du cep, mais celui-ci peut porter la maladie pendant de nombreuses années. Cette dernière entraîne une perte de rendement entre 10 et 40 % ainsi qu’une diminution de la qualité. Les plants perdent de leur vigueur, le poids des grappes baisse, des problèmes de fertilité et un retard de maturation de deux à trois semaines se remarquent également.
Détecter la maladie du bois noir
Dans cette famille des phytoplasmes, les deux maladies les plus craintes sont le bois noir et la flavescence dorée, toutes deux présentes en France mais pas encore en Belgique. Ce qui donne une importance supplémentaire à Vitibel qui pourra détecter si celle-ci apparaît chez nous.
Causée par le même type d’agent infectieux que la flavescence, la maladie du bois noir présente des symptômes identiques à cette dernière.
« La maladie doit son nom aux difficultés d’aoûtement qu’elle provoque, causant le noircissement hivernal des bois sous l’effet du gel. Elle est provoquée par un phytoplasme, petite bactérie sans paroi cellulaire de la classe des mollicutes. C’est un parasite strict, et il a besoin pour vivre d’utiliser l’activité métabolique des cellules qu’il infecte. Il se développe dans les vaisseaux conducteurs du phloème, et provoque leur dépérissement. Il est transmis par un vecteur, une cicadelle nommée hyalesthes obsoletus, dont les dégâts directs par piqûre des adultes sont négligeables.
(…) Le phytoplasme du bois noir est ubiquiste. Il infecte des territoires étendus, mais presque uniquement des plantes herbacées. Ses hôtes potentiels sont nombreux : liseron, ortie, morelle, tabac, lavande, armoise, séneçon, renoncule et beaucoup de solanacées (tomate, poivron, pomme de terre…). La cicadelle acquiert le phytoplasme par piqûre d’une plante déjà atteinte. Il se réfugie dans l’intestin de son hôte où il se reproduit, migre dans l’hémolymphe et dans les glandes salivaires, où la multiplication est très importante. Le phytoplasme n’est pas transmis à la descendance et l’infection de la vigne se fait au cours d’un vol », selon l’IFV.
La célèbre et dangereuse flavescence dorée
La flavescence dorée est, quant à elle, une maladie très grave, transmise par une cicadelle. Elle a été fortement médiatisée il y a quelques années par Emmanuel Giboulot, vigneron qui s’était opposé en juin 2013 à la préfecture de Côte-d’Or en Bourgogne qui voulait imposer l’usage d’un insecticide pour lutter contre la cicadelle sur l’ensemble des vignobles de la Côte d'Or.
Engagé en biodynamie depuis 1985 et celle-ci interdisant totalement l’épandage préventif de pesticides, Giboulot refusa alors de traiter dix hectares de vignes situés en Côtes-de-Beaune et Hautes-Côtes de Nuits. Il n’était pas le seul à s’opposer à la mesure, mais il va focaliser l’attention du public sur son cas. Une pétition de soutien sur Facebook rassembla rapidement plus de 120.000 signatures, en France et en Belgique, et plus de 900.000 personnes se déclarèrent en sa faveur. L’affaire se termina au tribunal correctionnel de Dijon qui condamne le vigneron à une amende avec sursis de 500 euros, celui-ci faisant immédiatement appel. Fin de la parenthèse.
Quels en sont les symptômes et dégâts qui y sont liés ? « Au printemps, on peut observer une réduction de la croissance des rameaux fructifères, une coloration et un enroulement des feuilles. Les symptômes plus évidents sont mieux visibles en septembre. Sur la vigne infectée, on voit un manque ou une absence de lignification des rameaux. Les feuilles s’enroulent, sont craquantes au toucher et deviennent rougeâtres pour les cépages rouges ou jaunâtres pour les cépages blancs. Le dessèchement des inflorescences et des baies peut se produire en été. À l’intérieur de la plante, le phytoplasme réduit l’activité photosynthétique et le transport des nutriments, diminue la qualité du raisin ou peut même entraîner un dessèchement total des grappes, provoquant des pertes de rendement significatives (jusqu’à 100 %). »
Classée parmi les jaunisses de la vigne, la flavescence se remarque par le jaunissement de ses feuilles, un peu de rose également et un enroulement des feuilles.
Notons que la description et photos des maladies sont extraites des fiches pratiques de l’Institut français de la Vigne et du vin, www.vignevin.com.
