Accueil Hors-texte

Mener la chicorée à son meilleur niveau, dans l’intérêt des planteurs et de l’usine

À travers diverses initiatives, et dans le cadre de plusieurs collaborations, Cosucra s’attelle à accroître la compétitivité de la chicorée. Alors que pour le pois, une autre stratégie est envisagée…

Temps de lecture : 5 min

À travers diverses initiatives, et dans le cadre de plusieurs collaborations, Cosucra s’attelle à accroître la compétitivité de la chicorée. Alors que pour le pois, une autre stratégie est envisagée…

Pour atteindre cet objectif, le département Recherche et Développement de l’entreprise mène un important travail visant à étendre le recours aux variétés riches en inuline de qualité. Comme la sélection variétale fait défaut en chicorée, en raison de l’étendue limitée des zones de culture, l’ensemble des étapes menant à la commercialisation de nouvelles variétés est réalisé en interne. Y compris les essais, la multiplication… et la vente des semences, aussi bien au sein du « réseau Cosucra » qu’auprès d’autres acteurs du marché.

« Des essais techniques sont réalisés d’année en année afin d’assurer le support aux agriculteurs. Nous mettons aussi à l’épreuve de nouveaux produits ou de nouvelles techniques en vue d’accroître les performances agronomiques ou de réduire l’impact environnemental de la filière », complète Benoît Dion. À titre d’exemple, le semis de chicorée sous couvert a été testé voici plusieurs années et a donné des résultats similaires aux techniques « classiques » de culture. Aujourd’hui, 20 % des planteurs ont adopté cette pratique.

Et de poursuivre : « Grâce à la génétique, à l’amélioration du potentiel de levée et à la technicité des agriculteurs, les rendements ont grimpé de 25 % en quelques années, passant de 40 à 50 t/ha ». Cette année, le rendement moyen est évalué à 48 t/ha. Les parcelles semées hâtivement affichent des résultats supérieurs aux semis tardifs qui n’ont pas bénéficié de pluies avant mai, voire juin. La qualité des racines est au rendez-vous : la teneur en inuline est élevée (17,10 %) – grâce à un ensoleillement important – tandis que la tare terre est faible.

La campagne a cependant démarré deux semaines plus tard que prévu, en raison de la sécheresse. Les pluies de septembre étaient fortement attendues, notamment afin de faciliter les arrachages.

À l’écoute du terrain

Par ailleurs, la société est active au sein du Centre agricole betterave-chicorée, en collaboration avec l’Institut royal belge pour l’amélioration de la betterave, les groupements de planteurs, les autorités belges et d’autres industriels. Aux côtés de l’Organisation professionnelle des producteurs de chicorée de Warcoing, elle a créé ChicoProTeam, rassemblant des agriculteurs de toutes les régions d’approvisionnement de l’usine et des membres de son service agronomique.

« Ce groupe de travail permet aux planteurs de nous faire part de leurs préoccupations et des contraintes techniques qui pèsent sur leurs épaules. Nous cherchons ensemble des solutions aux problèmes rencontrés et mettons en place les essais nécessaires pour faire progresser la culture, tout en veillant à respecter les exigences de l’usine », explique Benoît Dion. « Deux à trois fois par an depuis 2015, ces échanges nous permettent d’avoir un regard complet sur ce que vivent les agriculteurs. Les discussions concernent tant les techniques culturales que l’amélioration variétale. Nous essayons aussi d’anticiper les changements qui frappent le monde agricole, tel le retrait de certaines matières actives. »

À ce sujet, le désherbage demeure une préoccupation importante. « Aucun produit n’est développé spécifiquement pour la chicorée… Le Bonalan (180 g/l benfluraline) est actuellement le seul produit permettant de lutter efficacement contre les chénopodes, avant le semis. Pourtant, nous faisons face à des incertitudes concernant son avenir… »

Aujourd’hui, l’ensemble de la filière chicorée travaille à la défense du dossier et au renouvellement de l’agréation du Bonalan. Et de plaider : « Avant d’envisager son retrait, il faut laisser le temps à la recherche et à l’industrie de trouver des alternatives aussi efficaces et permettant de conserver le même niveau de propreté dans les parcelles ».

Le désherbage mécanique apparaît comme une piste complémentaire, en témoigne l’accroissement du parc de bineuses. Cependant, il requiert de piloter les semis par gps, et donc un investissement supplémentaire de la part des entrepreneurs. Les conditions météorologiques doivent aussi permettre ce type d’opération, ce qui n’est pas le cas chaque année.

Un travail similaire sur le pois ?

Cosucra entend-elle jouer un rôle similaire au niveau de son autre matière première qu’est le pois ? « Indéniablement, nous souhaitons participer à l’amélioration de la filière, comme nous l’avons fait pour la chicorée, mais d’une manière différente. Le pois bénéficie d’une attention accrue de la part des semenciers. De ce fait, nous envisageons de nouer des partenariats avec d’autres acteurs plutôt qu’endosser le costume de sélectionneur », répond Eric Bosly.

Ce dernier souhaite que tous les acteurs se mettent autour de la table pour améliorer le pois selon les attentes des uns et des autres. « Le travail doit cibler la résistance aux maladies, la levée, la facilité de récolte… tout en respectant les attentes de l’industrie (quantité et qualité des protéines). » Et de marquer une préférence pour le pois d’hiver : « Il reste plus longtemps au champ, est plus résistant au gel, fleurit généralement avant que ne se manifestent les stress hydriques et se récolte plus tôt. Il nous restera à convaincre les agriculteurs d’opter pour ces variétés. »

J.V.

A lire aussi en Hors-texte

Voir plus d'articles