Claas fait évoluer ses engins de manutention et tracteurs
Le constructeur allemand a récemment présenté ses dernières nouveautés au sein de deux fermes situées à quelques encablures de son usine de Paderborn, en Allemagne.
Dans la première exploitation, les engins de manutention étaient mis à l’honneur, avec une chargeuse sur roues Torion 1611P de gros gabarit, un chargeur sur roues à bras télescopique Torion 738T et un télescopique Scorpion 746. Sur le second site, attendaient différents tracteurs : un Arion 550, un Axion 870 doté d’un système de télégonflage, un Axion 960 TerraTrac avec télégonflage sur les roues avant, et deux Xérion.
Les Scorpion gagnent en confort et performances
Les innovations sur la gamme de télescopiques Scorpion portent principalement sur le confort d’utilisation et les performances. Ainsi, les moteurs Stage V des modèles 732, 736, 741 et 746 bénéficieront de 50 Nm de couple supplémentaire et d’une puissance portée à 142 ch.
Pour des cycles de chargement plus rapides, les grands modèles 746, 756 et 960 sont pourvus de la rétractation automatique du bras télescopique lors de la descente de ce dernier. Avec le retour automatique du godet en option, la tâche de l’opérateur s’en trouve significativement facilitée.
Un nouveau système hydraulique caractérisé par une nouvelle pompe équipe la gamme, autorisant des cycles plus rapides. Tous les modèles disposent dorénavant de l’hydraulique de travail régénérative. La descente sans charge indépendante du régime moteur et l’adaptation du régime du moteur diesel en fonction du déplacement du joystick réduisent aussi la consommation de carburant et les émissions sonores. Les opérations d’accrochage/décrochage des outils sur le tablier porte-outils sont facilitées par l’élimination optimisée de la pression dans les conduits hydrauliques.
En matière d’amélioration du confort, citons un nouveau système de climatisation plus efficace, un siège conducteur revu ou encore l’optimisation du changement de mode de direction permettant de paramétrer les quatre modes disponibles avec plus de facilité.
Une nouvelle cinématique pour les Torion
Tout comme les Scorpion, les chargeuses sur roues à vocation agricole de la gamme Torion sont développées en collaboration avec Liebherr. Le Torion 1285 (158 ch) remplace les modèles 1177 (137 ch) et 1410 (165 ch). Le moteur de la Torion 1611, lui, développe 207 ch, soit 23 ch de plus que l’ancienne 1511. Grâce au concept de bas régime moteur, le couple maximum est atteint à un régime économique.
Les capacités des pompes et moteurs hydrauliques de la transmission Varipower ont aussi été revues à la hausse. Les bras de levage ont été renforcés, allongés et dotés de vérins de plus grande taille, tandis que le système hydraulique de travail se voit pourvu de pompes plus puissantes. Ceci concourt à des forces d’arrachement et de maintien en hauteur supérieures, autorisant par exemple l’emploi de godets de plus grande contenance.
En parallèle, la partie avant du châssis de la machine a été redessinée et renforcée. Habituellement, sur ce type de matériel, l’acquéreur doit choisir entre une cinématique de levage en Z favorisant la force d’arrachage ou une cinématique de levage parallèle garantissant un guidage parallèle des charges manipulées. Sur les nouvelles Torion, Claas innove en proposant une cinématique en Z bénéficiant d’un asservissement électronique assurant un guidage parallèle. Ce système, réunissant donc les avantages des deux cinématiques traditionnelles, peut être désactivé au besoin.
Outre le retour automatique du godet, l’automatisation de limitation des hauteurs de levage et d’abaissement permet d’accélérer les cycles de travail et de mémoriser les positions finales haute et basse des bras de levage pour deux outils.
Parmi les autres innovations, mentionnons encore cet astucieux dispositif de garde-boues extensibles permettant d’en ajuster sans mal la largeur, de manière tantôt à contenir toutes les projections de boue, tantôt à rouler sans risque au plus près des murs d’un silo.
Freiner automatiquement les remorques
Du côté des tracteurs, le Claas Arion 550, attelé à une benne chargée, prit la route vers une descente à forte pente. L’occasion pour le constructeur de nous faire apprécier l’efficacité de son nouveau système de freinage pneumatique, capable de freiner automatiquement la remorque dès que celle-ci commence à pousser le tracteur. Ce frein de maintien en ligne s’appuie sur une coordination précise du régime moteur, de la transmission et du système de freinage pneumatique.
Le même freinage automatique de la benne intervient dès que l’on tire sur le joystick de commande de la transmission à variation continue pour ralentir l’allure ou lorsque l’on actionne le levier de l’inverseur. Ceci concourt à la fois à accroître la sécurité des transports sur route et à soulager la transmission en réduisant les contraintes auxquelles elle peut être soumise. Il est à noter que ce dispositif se désactive de lui-même au-dessus de 20 km/h pour éviter toute surchauffe des freins.
Cemos et Terranimo évaluent les risques de compaction
Un large atelier était consacré à la compaction des sols et aux solutions développées par le constructeur pour la limiter. Roger Stirnimann, professeur et chercheur à l’Université des Sciences appliquées de Berne (Suisse), y présentait les résultats d’une étude de terrain menée en France sur cette thématique. Au cours de celle-ci, il a mis à l’épreuve, en mesurant la compaction du sol à différentes profondeurs, des tracteurs équipés de divers types de pneus, dont certains modèles à basse pression, avec différentes pressions de gonflage, mais aussi différents tracteurs pourvus de chenilles.
En ce qui concerne les pneus, ces essais ont démontré l’importance d’ajuster correctement la pression à la charge transportée. L’exercice n’est pas simple car il résulte souvent d’un compromis entre une pression élevée sur route pour limiter la résistance au roulement et une pression plus faible au champ pour réduire la compaction.
Seules les solutions de télégonflage procurent la flexibilité nécessaire pour moduler la pression des pneus facilement et l’adapter en fonction des conditions. Il reste toutefois difficile de définir le degré de compaction infligé au sol par telle ou telle pression de gonflage. C’est pourquoi l’application Terranimo a été créée en 2014, et améliorée en continu depuis lors, par des universités et institutions suisses, danoises et suédoises.
Disponible librement sur internet, Terranimo est un outil simulant la pression exercée au sol vis-à-vis de la résistance offerte par le sol, et donc permettant de modéliser le degré de compaction. Il s’agit donc d’un outil d’aide à la décision pour l’agriculteur au sujet de la traficabilité de la parcelle, de la pression de gonflage des pneus, du lestage du tracteur…
Claas est le premier constructeur à intégrer directement l’outil dans un tracteur, plus précisément dans son logiciel embarqué Cemos. Une démonstration au champ valant mieux qu’un long discours, nous avons pu embarquer dans la cabine de l’Axion 870 équipé du système de télégonflage Ctic (Claas Tyre Inflation Control) sur les quatre roues et attelé à un outil de travail du sol.
Cemos (Claas Electronic Machine Optimization System) a pour but d’optimiser le fonctionnement du tracteur, notamment en regard de la consommation de carburant ou des performances prestées. En début de travail, différentes données doivent être encodées ou confirmées par le conducteur : lestage, taille et pression des pneus, roues jumelées ou pas, caractéristiques de la machine attelée. Y sont ajoutées des informations relatives aux conditions de travail : l’humidité du sol, le type de surface (prairie, sol meuble…), la profondeur de travail…
En réponse à ces données, Cemos va, le cas échéant, proposer un ajustement de la pression des pneus et/ou du lestage tant à l’avant du tracteur qu’au niveau de ses roues. L’une des nouveautés présentées est l’option permettant de lier Cemos à Ctic : après avoir préconisé la meilleure pression de gonflage, le premier la communique au second qui l’ajuste, puis la contrôle régulièrement. Si le lestage à l’avant ou dans les roues est modifié, Cemos recalcule la pression et l’adapte via Ctic.
La seconde innovation est donc l’intégration de Terranimo à Cemos. En fonction des données renseignées, l’application modélise la pression au sol à 15, 30 et 45 cm de profondeur. L’information apparaît sur l’écran de la console du tracteur sous la forme d’un schéma simple et intuitif, avec un code couleur différent en fonction du risque de compaction. Cette visualisation du risque permet ainsi au conducteur d’adapter ses réglages si nécessaire.
Chenillards: l’Axion TerraTrac se démarque
Dans le volet de son étude consacré aux chenilles, M. Stirnimann a testé les différentes solutions présentes sur le marché : tracteurs à deux chenilles, à quatre chenilles ou halftracks ; chenilles à deux roues, à trois roues symétriques ou asymétriques ; entraînement par engrenages ou par friction… Il est important qu’un chenillard soit correctement équilibré pour que les chenilles posent à plat sur le sol et que la pression soit correctement répartie sur la longueur de la chenille.
Par ailleurs, le raccourci selon lequel la pression exercée par une chenille correspond au poids qui lui est appliqué divisé par la surface de contact est souvent adopté mais est mis à mal par cette étude.
Comme le souligne le chercheur, il s’agit alors d’une pression moyenne. Or, la pression est répercutée au sol via les roues et les galets, sans oublier que des tensions et contraintes sont aussi induites au sol par les forces d’entraînement et de résistance exercées dans les chenilles.
Parmi le panel de matériels testés, le Claas Axion TerraTrac s’en est sorti avec des résultats très favorables. Ceux-ci sont notamment dus à un contact étroit des chenilles sur toute leur longueur, à une très bonne adaptation au sol grâce à la suspension individuelle de tous les éléments roulants et au fait que ces derniers ont la même largeur que les chenilles.
Le tracteur actif au champ était un modèle Axion 960 TerraTrac, attelé à un outil de travail du sol à dents d’une largeur de 8 m. Disponible aussi avec des largeurs de chenilles de 635 et 755 mm, l’engin reposait sur les chenilles les plus larges, à savoir 890 mm.
Le design des éléments roulants a été spécifiquement étudié pour optimiser les capacités de traction : la roue arrière est d’un diamètre supérieur, plus favorable à la transmission des efforts. Les roues disposent de rayons facilitant leur auto-nettoyage. Dans le même esprit, l’entraînement des chenilles s’opérant par friction, la surface de ces roues est constituée de blocs, et non d’une surface continue, pour éviter que de la boue ne s’y insère. Une tension de 105 bar est en outre appliquée à la chenille pour parer à tout glissement sur les roues.
Le pont avant de ce tracteur halftrack était lui pourvu d’un système de télégonflage capable de passer d’une pression de 0,8 bar à 1,8 bar en 70 secondes.
Des nouveautés aussi pour les Xérion
Enfin, Claas a fait état de quelques nouveautés apportées sur sa gamme de tracteurs de forte puissance Xerion. Dès 2023, ceux-ci seront équipés de la nouvelle transmission à variation continue ZF Eccom 5.5 qui affichera, comme sur les versions précédentes, 4 gammes à passage automatique en marche avant (3 en marche arrière) avec un entraînement mécanique optimisé.
Les entraînements des essieux avant et arrière seront couplés de façon rigide, un montage qui ne requiert pas de différentiel longitudinal. La prise de force auxiliaire de cette transmission permettra au circuit hydraulique de travail de gagner en performances pour alimenter jusqu’à 6 distributeurs arrière double effet.
La nouvelle pompe tandem, en option, pourra fournir jusqu’à 422 l/min de débit d’huile dès les bas régimes aux consommateurs externes. Le circuit hydraulique de travail Load Sensing, débitant jusqu’à 140 l/min, pourra alimenter jusqu’à deux distributeurs. Il sera aussi possible de prioriser des distributeurs sur Cebis, dont le menu relatif au système hydraulique a en sus gagné en lisibilité et intuitivité.
Pour le travail avec des équipements spécialisés ou des outils frontaux, un circuit hydraulique hautes performances séparé pourra débiter 250 l/min à 260 bar.
Un nouveau système de lestage intelligent permettant de modifier le poids et la répartition des masses fera aussi son apparition sur les Xerion, dont le lestage total peut culminer à 7.000 kg.
Enfin, les modèles Trac et Trac VC construits à partir de 2023 seront équipés du nouveau terminal Cemis 1200, avec notamment l’antenne Sat900 et Gps Pilot nouvelle génération pour l’autoguidage, la gestion du parc de machines, la modulation de dose intra-parcellaire et la documentation des chantiers. Parmi les avantages de ce terminal figure celui de pouvoir configurer librement les écrans de travail.
