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L’agneau, ce voyageur du temps pascal

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Dans nos sociétés européennes, l’agneau est à Pâques ce que la dinde est à Noël. Ces dimanche et lundi, de nombreuses familles se réuniront et partageront un gigot, un navarin ou encore des côtes d’agneau. Mais quelle sera l’origine de la viande consommée ?

On le sait, la filière ovine wallonne ne rencontre actuellement pas la demande des consommateurs et les initiatives se succèdent afin de permettre son développement. L’agneau wallon se trouvera donc en ferme ou dans quelques boucheries… Très rarement en grandes surfaces. La plupart du temps, celles-ci proposent à leurs clients une viande provenant de Grande-Bretagne, voire de Nouvelle-Zélande.

S’il est difficile de blâmer les acteurs de la grande distribution devant répondre à l’importante demande de leurs clients, dans un contexte d’insuffisance de l’offre régionale, on peut s’interroger quant à la provenance des gigots et autres couronnes commercialisés. Si la Grande-Bretagne demeure relativement proche du Vieux Continent, il en va tout autrement de la Nouvelle-Zélande…

Sans même parler des prix pratiqués, c’est un slogan publicitaire qui a récemment attiré l’attention. Une grande enseigne vante la qualité de son agneau voyageur de la manière suivante : « Afin de vous garantir une fraîcheur sans égal, votre gigot est acheminé le plus rapidement possible par avion ». Vu la distance séparant la Nouvelle-Zélande de la Belgique, on se doute bien évidemment que ce n’est pas en traversant de verts pâturages que ces animaux arrivent dans notre pays… Cependant, dans un contexte où les préoccupations environnementales occupent de plus en plus l’esprit des citoyens, il est tout à fait légitime de s’interroger quant à la pertinence de cet argument.

Face à l’empreinte carbone que représentent de telles manœuvres commerciales, ne vaudrait-il mieux pas faire profil bas ? Ou, mieux encore, œuvrer avec les agriculteurs et acteurs du monde agricole wallon au développement d’une véritable filière ovine régionale ? On l’a déjà écrit, l’offre est actuellement trop faible pour satisfaire la demande… Cependant, en se tournant vers les éleveurs wallons, les distributeurs pourraient les stimuler et s’engager pour un volume garanti. Ce n’est pas un secret : pour booster l’offre, il faut également que la demande soit au rendez-vous !

Mais une telle initiative requiert de nombreux efforts… Tandis que l’importation, elle, semble si aisée… On ne peut que le déplorer, tant sur le plan économique qu’environnemental ! Et ce, d’autant que les éleveurs wallons et les acteurs de la grande distribution eux-mêmes en sortiraient gagnants.

J. Vandegoor

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