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Glyphosate: les dernières modifications d’usages expliquées, en grandes cultures, intercultures et prairies

En novembre 2022, les usages des produits à base de glyphosate commercialisés en Belgique ont été modifiés suite à leur ré-évaluation. Pour rappel, le glyphosate est en cours de renouvellement d’approbation européenne. Sa date limite d’approbation, initialement prévue au 15 décembre 2022, a été prolongée d’une année en attendant la décision sur son renouvellement en 2023. Voici quelques clarifications quant à l’interprétation de ces modifications.

Temps de lecture : 6 min

Ces modifications concernent des retraits d’usage, des modifications de conditions d’usage, le nombre de pulvérisation, la destruction de couverts d’interculture, l’utilisation en prairie…

Plusieurs usages retirés…

Certains usages ont été retirés. Dans certains cas, ces retraits émanent d’une volonté de la firme de ne plus soutenir les usages sur le territoire belge. Le tableau 1 reprend l’ensemble des produits et usages concernés par ces retraits.

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… et des modifications des conditions d’usage

Tout d’abord, il est important de ne pas confondre la quantité maximale de glyphosate à appliquer sur l’année avec la quantité maximale de glyphosate à appliquer par pulvérisation.

La quantité maximale applicable de glyphosate par an est toujours de 3,6 kg de glyphosate/ha/an. Elle n’a pas été modifiée.

Par traitement, les quantités maximales applicables de glyphosate ont été modifiées pour répondre à la fois aux exigences d’efficacité contre les différents types d’adventices (annuelles ou vivaces), et à la fois aux exigences légales issues de l’évaluation de ces produits. La quantité maximale en traitement généralisé est de 0,72 kg de glyphosate/ha/pulvérisation, tandis que la quantité maximale en traitement localisé est de 1,44 kg de glyphosate/ha/pulvérisation.

Le tableau 2 fait le lien entre la concentration en glyphosate des produits commerciaux et la dose maximale autorisée lors des pulvérisations de ces produits, en tenant compte de la quantité maximale de glyphosate pulvérisable par hectare. Ces limites ne peuvent en aucun cas être dépassées !

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Pour savoir si un produit peut être utilisé en traitement généralisé et/ou localisé, il faut se référer aux actes d’autorisation. Une pulvérisation dite « localisée » est une pulvérisation qui ne concerne pas plus de 40 % de la parcelle (tel que défini dans un document du Service public fédéral (Spf) Santé publique, Sécurité de la Chaîne Alimentaire et Environnement).

Lorsque le type d’adventice est précisé (annuelles ou vivaces), la dose à appliquer est une valeur précise (= dose maximale autorisée). Il faut aussi être attentif au type de pulvérisation autorisé (généralisé ou localisé) (voir la deuxième ou la quatrième colonne du tableau 2).

Contre « mauvaises herbes » (graminées + dicotylées), si le type de pulvérisation n’est pas précisé, la dose autorisée peut varier du simple au double (exemple : adventices développées ; 1-2 kg/ha ; 1 application ; pulvérisation). Si vous décidez d’appliquer la double dose (lutte contre des vivaces, par exemple), l’application devra alors se faire en localisé uniquement (quatrième colonne du tableau 2) afin de ne pas dépasser les quantités maximales de glyphosate à l’hectare.

Il est important de garder à l’esprit que les actes d’autorisation restent la seule référence légale valable auprès des Autorités de contrôle. Il est fort probable que les étiquettes des bidons n’affichent pas encore toutes ces modifications. Pour les consulter, le site www.phytoweb.be demeure la référence.

Nombre de pulvérisations

Outre les doses, il est primordial de bien respecter le nombre d’applications autorisé. Le nombre maximum d’applications pour chaque usage est repris dans les actes d’autorisation. Pour les produits à base de glyphosate, ce nombre est soit de 1 application/12 mois, soit de 1 application/culture.

La première mention concerne des usages particuliers (toutes cultures, terres agricoles en intercultures…) ainsi que des cultures pérennes (sapin de noël, gazon, arbres fruitiers…). Elle indique qu’un unique traitement à base de glyphosate peut être effectué sur une période de 12 mois calendaire. Il ne s’agit ni d’une année culturale, ni d’une année civile.

La seconde mention se retrouve pour des cultures « annuelles » et indique qu’une seule application peut être effectuée entre le semis et la récolte de la culture.

Ainsi, il est primordial de pulvériser dans de bonnes conditions, car si le traitement venait à manquer d’efficacité, un second passage avec du glyphosate ne pourrait pas avoir lieu.

Qu’en est-il des usages en prairies ?

Pour les usages en prairies, la remarque suivante est reprise dans les actes d’autorisation : « Pour la destruction localisée d’herbes avant renouvellement partiel ». Ainsi, la destruction totale de la prairie à l’aide d’un produit contenant du glyphosate n’est plus autorisée. Par contre, la rénovation localisée ou partielle est envisageable. L’objectif de cet usage est de permettre l’emploi d’un produit à base de glyphosate pour détruire une zone restreinte de la parcelle qui serait envahie par des mauvaises herbes, difficilement contrôlable avec une autre substance active.

Pour cet usage en prairie, il faut, dans la plupart des cas, attendre 12 mois minimum entre deux pulvérisations de glyphosate et attendre un certain délai avant de labourer, semer ou planter (5 jours le plus souvent).

Il est également indiqué que « les animaux ne peuvent pas entrer dans les zones traitées sur la prairie tant que ces zones n’ont pas été complètement renouvelées ».

Pour la destruction d’un couvert d’interculture

Le produit doit tout d’abord être autorisé pour l’usage en « terres agricoles en interculture » sur Phytoweb. Ces intercultures sont définies par le Spf comme des terrains cultivables sur lesquels aucune culture n’est cultivée temporairement (jusqu’à 6 mois).

L’usage en généralisé contre graminées annuelles et dicotylées annuelles est possible avec un produit pour lequel il n’y a pas de remarque stipulant que le traitement doit être appliqué en localisé (il est indiqué « pulvérisation » comme méthode de traitement).

En interculture, la plupart des produits à base de glyphosate peuvent être utilisés en traitement localisé (pas plus de 40 % de la parcelle donc) pour lutter contre des taches de mauvaises herbes (de certaines espèces) qui ne seraient pas contrôlées par une autre méthode (un peu à la façon de l’usage en prairies).

Pour lutter contre les vivaces, le traitement doit se faire en localisé uniquement, pour les produits pour lesquels l’usage contre « mauvaises herbes » est autorisé.

À l’heure actuelle, il n’existe qu’un type de produit autorisé en généralisé spécifiquement contre les repousses de céréales.

Peu importe le type de traitement, pour cet usage en interculture, il faut toujours attendre 12 mois minimum entre deux pulvérisations de glyphosate et attendre un certain délai avant de labourer, semer ou planter (7 jours dans la plupart des cas).

Culture mal implantée : pas de destruction possible

L’utilisation de produits contenant du glyphosate pour détruire une culture mal implantée n’est pas autorisée. L’usage n’entre pas dans la catégorie « terres agricoles en interculture » car le traitement vise bien la culture en tant que telle.

Interprétation de l’usage « toutes cultures »

Concrètement, les produits à base de glyphosate autorisés en « toutes cultures » peuvent être utilisés en cultures pour une pulvérisation « entre les lignes sans toucher la culture » (ou alors en traitement localisé, badigeonnage ou injection (renouées) selon les produits).

Ainsi, cet usage n’est applicable et pertinent que s’il est possible de traiter la culture sans la toucher. Cela concerne les cultures pour lesquelles un espace non cultivé entre les lignes est présent, tant qu’il est possible de ne pas toucher la culture lors du traitement. Il est également autorisé de traiter au pied des arbres fruitiers si une cloche ou un cache de protection est monté sur la lance de pulvérisation afin d’éviter le contact avec la culture.

***

Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le site www.corder.be ou contacter le CRP de l’asbl Corder : 010/47.37.54 ou crp@corder.be

CRP (asbl Corder)

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