Un silo de 80.000t à la Sucrerie de Fontenoy, premier pas vers la neutralité carbone
Guidé par l’ambitieux objectif d’être le premier sucrier européen neutre en carbone à l’horizon 2030, Iscal Sugar vient d’inaugurer un nouveau silo de stockage.
C’est en s’offrant un « cadeau » de taille et en accueillant des hôtes de marque que la Sucrerie de Fontenoy et le groupe Iscal Sugar ont fêté leurs 30 et 20 ans, respectivement. Le 26 juin, le groupe sucrier a, en effet, inauguré sa nouvelle infrastructure de stockage de sucre en présence du Premier Ministre, Alexander de Croo, du Ministre-Président de la Wallonie, Elio Di Rupo, du ministre fédéral de l’Agriculture, David Clarinval, et du bourgmestre d’Antoing, Bernard Bauwens.
Un investissement de 30 millions d’euros
La Sucrerie de Fontenoy réceptionne chaque année 1,2 million de tonnes de betteraves, desquelles sont produits 200.000 t de sucre. Or, le site ne disposait que de deux silos de stockage, l’un de 6.000 t, l’autre de 40.000 t. Le deuxième sucrier belge faisait face à un problème de capacité, se répercutant sur ses processus de production et maintenance.
Décision a donc été prise d’investir. Dans le cadre d’un plan de modernisation des installations de 40 millions d’euros, près de trois quarts de l’enveloppe ont été dédiés à la construction d’un nouveau silo de stockage d’une capacité de 80.000 t de sucre. Celui-ci sera opérationnel dès l’entame de la saison 2023 et facilitera le travail sur le site.
En effet, jusqu’à aujourd’hui, la campagne sucrière se déroulait en deux périodes, interrompues par une phase de maintenance entre janvier et mars. Outre les habituels travaux de remise en état, celle-ci permettait d’écouler le sucre, libérant ainsi de la place dans les silos. « L’activité de la sucrerie se déroulera désormais d’une seule traite, de septembre à février, sans avoir à stopper et redémarrer l’usine, ce qui est très énergivore », détaille Jérôme Lippen, CEO de Finasucre, le holding détenant Iscal Sugar.
50.000 km économisés
« En centralisant le stock de sucre à Fontenoy, nous évitons son transport par camion vers notre site de Frasnes-lez-Anvaing », complète-t-il. Avec, à la clé, un millier de trajets économisé, soit 50.000 km par an. D’une part, cela se traduira par une réduction nette de l’empreinte écologique. D’autre part, Frasnes-lez-Anvaing pourra se concentrer sur sa spécialité : la production de sucre impalpable.
L’accroissement des capacités de stockage devrait aussi bénéficier aux agriculteurs. Le sucre pourra être entreposé puis mis sur le marché en période de cours favorables, ce qui se répercutera sur le prix des betteraves payé aux planteurs.
Mais si Iscal Sugar a l’ambition d’être le premier sucrier européen neutre en carbone d’ici 2030, le silo seul ne permettra pas d’atteindre l’objectif fixé. « La sucrerie va renforcer son autonomie énergétique. La création d’infrastructures de production de biogaz, fonctionnant à base de résidus betteraviers est envisagée. Une éolienne verra également le jour, en 2024. » L’électrification de l’usine découle de ses projets.
Pour le climat et l’emploi
Pour Alexander De Croo, un tel investissement démontre que l’industrie belge peut jouer un rôle de premier plan face au défi climatique. « La solution se trouve là : dans nos connaissances, dans notre expertise et dans les investissements que réalisent nos entreprises. Nous devons conserver nos industries dans notre pays, où les normes en matière d’émissions de gaz à effet de serre sont strictes. Si elles quittent la Belgique, notre empreinte écologique sera réduite. Mais cela ne changera rien à l’échelle planétaire et sera même pire si elles s’établissent là où les normes sont moins sévères. »
Et Elio Di Rupo d’ajouter : « L’inauguration de ce nouveau silo est une excellente nouvelle et une réelle opportunité que ce soit en matière d’innovation, d’emplois ou de relance économique. Grâce à cet investissement, la Wallonie s’inscrit dans l’évolution nécessaire vers la société bas carbone ! ».
Enfin, David Clarinval souligne l’importance de ce projet en matière de souveraineté alimentaire. « Cette nouvelle infrastructure est un symbole du maintien nécessaire des industries en Europe, mais aussi de notre souveraineté alimentaire dont on sait, depuis la guerre en Ukraine, combien elle est essentielle. C’est également un message d’optimisme envoyé aux agriculteurs, qui voient que le secteur sucrier belge continue d’investir. »
