Les différentes mesures applicables pour réduire la dérive
Lors de la pulvérisation, un phénomène de dérive peut se produire. Afin de le limiter, de bonnes pratiques et le respect des mesures imposées sont de rigueur.

Les produits phytopharmaceutiques sont un moyen de lutte contre les ennemis des cultures. Cependant, vu leur impact sur l’environnement au sens large, leur usage est soumis à diverses réglementations. La pulvérisation en fait partie, et doit répondre à plusieurs exigences, notamment pour limiter le phénomène de dérive. Celui-ci se traduit par le transport de gouttelettes de bouillie phytopharmaceutique par voie aérienne, en dehors de la parcelle traitée, lors de l’application des produits. Il existe plusieurs leviers pour réduire les pertes de produits dans la nature, et ainsi optimiser la qualité du traitement et minimiser l’impact sur l’environnement, la santé et les cultures avoisinantes.
Réduire l’exposition grâce aux zones tampon
Les zones tampon permettent de réduire l’exposition des zones à préserver. Ces bandes de terrain non traitées sont établies entre une surface traitée et les eaux de surface ou les surfaces pour lesquelles le risque de ruissellement vers les eaux de surface est élevé.
En Wallonie, deux types de zones tampon doivent être respectés : la zone tampon minimale et la zone tampon étiquette. La première n’est pas liée au produit, mais sa largeur dépend de la zone sensible à protéger. Elle s’applique le long des cours d’eau, des plans d’eau, des fossés et des routes ou des terrains où s’écoule un filet d’eau. Elle peut avoir une largeur de 1 à 6 m. La deuxième est spécifique au produit utilisé et s’étend de 1 à 30 m. Plus le produit présente une écotoxicité élevée pour les organismes aquatiques, plus la largeur de la zone tampon est importante.
En pratique, il faut considérer les deux types de zone tampon. C’est la largeur de la plus grande des deux distances de sécurité qui l’emporte.
La zone tampon non traitée peut être cultivée, sauf dans le cas où l’acte d’autorisation du produit impose une bande enherbée ou de ne pas semer la culture à moins de x mètres d’une eau de surface, ou bien lorsqu’un Couvert Végétalisé Permanent (CVP) doit être implanté.
En renfort de la zone tampon, le CVP est une mesure wallonne applicable le long des cours d’eau sur une largeur de six mètres. Le couvert peut être ligneux, herbacé ou les deux.
Pour de nombreux produits, des mesures supplémentaires de réduction de la dérive de pulvérisation doivent être appliquées, en plus de la zone tampon à respecter. Les deux mesures sont complémentaires et indissociables. Par exemple, un produit requiert une zone tampon de 20 m, avec l’utilisation d’une technique réduisant la dérive de 75 %. Si l’opérateur n’est pas équipé pour atteindre ce niveau de réduction de la dérive, la largeur de la zone tampon devrait être de 30 m, avec une technique obligatoire réduisant la dérive de 50 %. L’association de la zone tampon avec une mesure de réduction de la dérive permet d’obtenir l’effet anti-dérive nécessaire pour préserver l’environnement.
Limiter le problème en recourant matériel anti-dérive
En Wallonie, l’utilisation d’un matériel permettant de réduire la dérive de minimum 50 % est obligatoire. La liste des moyens et mesures anti-dérive reconnus en Belgique est accessible sur Phytoweb, dans la brochure « Protection des eaux de surface lors de l’utilisation de produits phytopharmaceutiques ».
Cette liste est mise à jour annuellement par le Service public fédéral Santé publique, Sécurité de la Chaîne Alimentaire et Environnement. Elle reprend les buses disponibles, les haies mais aussi les différentes techniques de pulvérisation reconnues comme ayant un effet anti-dérive. Il en existe six : l’assistance d’air, la rampe couverte, le capot de protection, la rampe abaissée et l’écartement des buses réduit, la pulvérisation en ligne ou en bandes et le Crop Tilter. L’association d’une buse anti-dérive et d’une technique de pulvérisation spécifique augmente l’effet recherché.
Mettre les conditions de son côté
Il n’est plus à rappeler que pour réduire le potentiel de dérive dès le départ, il faut sortir le pulvérisateur au bon moment. Les conditions météorologiques jouent un rôle important dans le phénomène de dérive. La vitesse du vent (figure 1), la température et l’humidité relative sont les principaux facteurs d’influence. En Wallonie, il est d’ailleurs interdit de commencer à pulvériser si la vitesse du vent est supérieure à 20 km/h.