Syngenta expose ses alternatives… et nouveautés
Suite à la disparition de certaines matières actives, mais aussi à l’apparition croissante de résistances, le phytopharmacien se doit d’étoffer son catalogue. Il met ainsi à l’épreuve de nouvelles stratégies et commercialise plusieurs nouveautés en matière de lutte fongique en céréales, pommes de terre et légumes.

Comme à son habitude, c’est dans la région de Bassily que Syngenta a installé ses parcelles d’essai. Une visite sur place permet d’aborder les grandes questions rencontrées par les agriculteurs, en tenant compte des spécificités de l’année.
En céréales, quels partenaires avec le Defi ?
Dans la première parcelle, dédiée aux céréales, le désherbage est abordé sous l’angle des résistances. « On rencontre des problèmes avec le ray-grass, mais aussi avec le vulpin. Or, on sait que les terres à vulpins le restent généralement. S’y ajoute une résistance croissante du jouet du vent aux herbicides de printemps », détaille Christian Walravens, Crop advisor pour la Wallonie.
Il recommande donc de travailler dès l’automne pour atteindre une efficacité maximale. Il s’oriente vers une combinaison Defi (800 g/l prosulfocarbe) et flufenacet. Toutefois, l’avenir de cette matière active s’obscurcit. Les essais visent donc à identifier les partenaires idéaux du prosulfocarbe, tant en matière d’efficacité que de sélectivité, pour une application en pré-émergence ou au stade 1-2 feuille(s) de la céréale.
En escourgeon, diverses associations sont possibles en pré-émergence, sans problème de sélectivité. Au stade 1 à 2 feuille(s), le Defi seul donne des résultats satisfaisants. Les combinaisons méritent davantage de réflexion en termes de sélectivité et d’intérêt.
En froment, différents mélanges sont possibles et sélectifs en pré-émergence, tandis que d’autres sont à retravailler pour cause de phytotoxicité inacceptable. Les combinaisons faisant intervenir Defi au stade 1 à 2 feuille(s) se montrent, elles, sélectives.
Un nouveau T1 agréé contre la septoriose
Depuis plusieurs années, Syngenta met à l’épreuve un potentiel nouveau fongicide positionné en T1. Celui-ci vient d’obtenir sous agréation et est commercialisé sous le nom Aquicine Duo (600 g/l soufre + 300 g/l phosphonates de potassium).
« Le soufre, molécule de contact, a une action multi-site non concernée par les résistances. Les phosphonates de potassium présentent la même caractéristique à laquelle s’ajoutent une systémie ascendante et descendante, la stimulation des défenses de la plante et une action directe sur le début du cycle de la septoriose », développe Mario Lagrou, Crop advisor pour la Flandre. La complémentarité des deux modes d’action assurerait une protection en surface mais aussi dans les tissus végétaux.
Et de recommander : « Aquicine Duo sera appliqué en combinaison avec des matières actives présentant un mode d’action différent en vue d’assurer et de préserver l’efficacité de ce nouveau T1 ». Le phytopharmacien l’associe notamment à une triazole, ce qui permet également une action contre les rouilles.
En T2, Syngenta mise toujours sur le Solatenol (nom commercial de la substance active benzovindiflupyr présente dans les fongicides Elatus Plus, Velogy Era et Ceratavo Plus). Cette SDHi, appliquée au stade dernière feuille – épiaison, se montre efficace contre les rouilles et affiche un spectre d’action contre la septoriose.
Des mélanges complexes pour désherber les pommes de terre
En matière de désherbage des pommes de terre, Syngenta est confronté, comme d’autres phytopharmaciens, à la disparition de plusieurs matières actives. « Nous devons préparer un futur sans flufenacet. Or, celui-ci apporte une plus-value en présence de graminées et, notamment, de levées tardives de panic pied-de-coq. S’y ajoute le retrait effectif de la métribuzine, qui risque de conduire les patatiers dans une impasse face à certaines adventices, dont le datura stramoine », détaille Christian Walravens.
Dans ce cadre, le Defi (800 g/l prosulfocarbe) est mis à l’épreuve dans les essais, en association avec d’autres matières actives. Sa valeur ajoutée sur morelle noire est ainsi confirmée, de même que la nécessité d’associer plusieurs matières actives afin de lutter contre un large spectre d’adventices. « L’avenir sera fait de mélanges complexes, en espérant ne pas être sans solution face au datura et au ray-grass résistant. »
Christian Walravens constate encore que la météo rencontrée depuis la plantation a un impact sur l’efficacité des produits. En effet, les buttes sont d’autant plus soumises à l’érosion éolienne qu’il fait sec. Celles-ci peuvent bouger, voire s’affaisser, mettant ainsi à mal le film herbicide formé à la surface du sol. « Il en résulte une efficacité de 95 % au lieu de 100 %… », constate-t-il.
Lutter contre le mildiou en seconde partie de saison
Du côté de la protection contre le mildiou, 2025 est tout autre que 2024. L’an dernier, la pression a été extrêmement forte dès le début de la saison et ce, jusqu’au défanage. Le tout, dans un contexte de résistance à certains fongicides. « Mélanger et alterner des matières actives présentant des modes d’actions différents a permis de maîtriser le champignon. »
Qu’en est-il pour cette saison ? « Nous nous trouvons dans une situation à plus faible risque : hygrométrie basse durant de longues périodes, croissance foliaire ralentie et absence de source de mildiou dans l’environnement. Mais il ne faut pas baisser la garde pour autant. »
Pour le Crop advisor, ce contexte permet d’allonger l’intervalle entre deux traitements. Il estime cependant qu’il ne faut pas réduire les doses appliquées et maintient, avec une insistance forte, sa recommandation de mélanger et alterner les matières actives. « Les interventions demeurent nécessaires pour assurer une protection optimale du feuillage dans le cas où la situation s’inverserait brusquement », ajoute-t-il.
Syngenta dévoile également Evagio Forte et Pesonia Forte, deux produits à la composition identique (200 g/l mandipropamide + 100 g/l amisulbrom) et destinés à lutter contre le mildiou en seconde partie de saison. L’association de ces deux matières actives permettrait de protéger tant le feuillage que les tubercules, tout en prévenant l’apparition de nouvelles résistances.
Ils s’appliquent à la dose de 0,6 l/ha, maximum trois fois par saison et, inutile de le répéter, en alternance avec d’autres produits. Les traitements peuvent débuter dès l’apparition des premiers boutons floraux.
Contre la cercosporiose en betterave sucrière
Des recommandations similaires sont faites en betteraves sucrières. Mélanger et alterner demeure la clé, de même qu’observer les parcelles dès le début du mois de juillet. « On veillera encore à ne pas laisser s’écouler plus de trois semaines entre deux traitements », complète Christian Walravens.
Dans son portefeuille, Syngenta dispose des produits Angle, Quadris Gold et Bicanta, dont la composition est identique (125 g/l difénoconazole et 125 g/l azoxystrobine). Ceux-ci sont agréés pour une protection contre les maladies foliaires classiques de la betterave (cercosporiose, ramulariose, oïdium et rouille) et seront associés au tétraconazole dans une démarche anti-résistance.
Désherber et protéger le maïs
En maïs, Mario Lagrou base le schéma de désherbage sur la mésotrione, que l’on retrouve dans le Callisto ou le Lumica. Il lui associe divers partenaires, sélectionnés selon la situation et la flore rencontrée. Peak et Casper sont notamment cités, en présence de dycotylées.
Pour éviter les dégâts de taupin, Syngenta conseille l’application de micro-granulés au semis (Force 1.5G (15 g/kg téfluthrine), Force Evo (5 g/kg téfluthrine) ou Karate 0.4GR (4 g/kg lambda-cyhalothrine)). « Le recours à un diffuseur est recommandé afin d’avoir une efficacité optimale jusqu’à la surface du sol, lieu de prédilection des attaques de taupins. »
En légumes de plein air
Enfin, en légumes de plein champ, Syngenta lance le pack Hokonza (100 g/l solatenol) – Ortiva (250 g/l azoxystrobine), à appliquer en pulvérisation foliaire (0,5 l/ha + 1 l/ha). Son rôle : lutter contre la rouille et le botrytis, entre autres, en ail, oignon, échalote ou encore poireau. L’objectif du pack est d’avoir une action plus large tout en ayant une meilleure gestion des résistances.
S’y ajoute Orondis Evo (12 g/l oxathiapiproline + 250 g/l azoxystrobine) dont l’application à 1 l/ha permet de lutter contre le mildiou, l’alternariose et la rouille en laitue, poireau, houblon et oignon de printemps.
Enfin, l’insecticide Minecto One (400 g/kg cyantraniliprole) est agréé pour une utilisation jusqu’au 31 juillet en légumes, fruits et plantes ornementales pour la lutte contre les thrips, chenilles, teigne du chou ou encore mouches des légumes.