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La plateforme d’essais Certis Belchim : anticiper les défis du secteur agricole

C’est à Londerzeel qu’est installée la plateforme expérimentale de Certis Belchim, forte de ses 80 essais répartis sur plus de trente cultures. L’occasion, pour les professionnels de secteur de découvrir de nouvelles pistes en matière de désherbage et de protection des cultures.

Temps de lecture : 6 min

Dans un contexte de suppression de matières actives, le secteur phytopharmaceutique teste et s’adapte. Arthur Clarenne et Géraldine Halleux, conseillers techniques chez Certis Belchim, nous ont sélectionnés quelques sujets en la matière.

À la recherche d’alternatives efficaces

Le secteur de la pomme de terre se prépare au retrait des herbicides formulé à base de métribuzine. Sans cette matière active, le contrôle des camomilles principalement, mais aussi des chénopodes, des daturas et des morelles, pourrait être plus compliqué à l’avenir.

Comme alternative, Certis Belchim teste différents produits et combinaison de matières actives, dont le Proman, qui fête ses 10 ans. Cet herbicide sélectif de pré-levée contient du métobromuron (500g/l). Par inhibition de la photosynthèse, il a un large spectre et est efficace sur camomille, datura, morelle et chénopode. Il devrait désormais occuper une place plus importante dans le schéma de désherbage en pomme de terre, selon Arthur Clarenne.

Dans la recherche d’association de matières actives pour obtenir un désherbage le plus complet, la base des schémas reste la combinaison de clomazone (Evea) et d’aclonifène (Chanon), d’après Arthur Clarenne. Il ajoute : « La métribuzine était une référence pour lutter contre de nombreuses adventices tels que les camomilles et le datura. Sans elle, il est indispensable de combiner plusieurs matières actives qui, seules, n’ont pas un effet suffisant ». Ainsi, l’aclonifène agit sur les chénopodes mais pas sur le datura ou encore le Proman a une action sur de nombreuses mauvaises herbes dont notamment sur camomille.

Suite au retrait de la métribuzine, l’idéal est d’associer au moins trois matières actives  afin d’éviter d’éventuels problèmes en camomille et en datura.
Suite au retrait de la métribuzine, l’idéal est d’associer au moins trois matières actives afin d’éviter d’éventuels problèmes en camomille et en datura. - A.B.

L’idéal est donc d’associer au moins quatre matières actives afin d’éviter d’éventuels problèmes face aux camomilles et daturas. Pour cette dernière adventice, il est essentiel de combiner deux agents efficaces parmi les trois matières actives, comme le métobromuron et la clomazone. Une quatrième matière active, le prosulfocarbe ou la pendimethaline, selon les conditions, peut également être ajoutée en cas de forte pression de morelle.

Pour conclure, Certis Belchim conseille, pour un désherbage quasi complet, l’emploi de trois matières actives : métobromuron + aclonifène + clomazone. À savoir : Proman 2,5 l/ha + Chanon 2 l/ha + Evea 0,2 l/ha, auxquelles s’ajoute une quatrième matière active pour compléter le spectre en fonction de la flore de la parcelle.

Un inhibiteur de germination

Le Crown SL (360 g/l hydrazide maléique) est un inhibiteur de germination déjà utilisé en pomme de terre. Il est également autorisé sur oignon.

Appliquer le produit au bon moment est crucial pour son efficacité. Les oignons doivent être mûrs, tout en conservant un flux de sève suffisant pour amener le produit des feuilles au bulbe. Le moment idéal est lorsque 10 à 30 % des oignons ont les fanes tombant. Le bulbe doit également être trois fois plus épais que le collet. Une pulvérisation trop tardive réduit l’efficacité du traitement.

Le moment idéal pour appliquer Crown SL est lorsque 10 à 30% des oignons ont les fanes tombant. Le bulbe doit également être trois fois plus épais que le collet. Une pulvérisation trop tardive réduit l’efficacité du traitement.
Le moment idéal pour appliquer Crown SL est lorsque 10 à 30% des oignons ont les fanes tombant. Le bulbe doit également être trois fois plus épais que le collet. Une pulvérisation trop tardive réduit l’efficacité du traitement. - A.B.

En pomme de terre, l’application du produit doit avoir lieu durant la culture également, entre la fin du mois de juillet et le début du mois d’août. Il est recommandé de ne pas traiter trop tôt, au risque de freiner la croissance des tubercules. Ces derniers doivent avoir une taille minimale de 35 mm de diamètre lors de l’application.

Une attention particulière doit être donnée aux conditions de pulvérisation. La température doit être inférieure à 25°C et aucune pluie ne doit être prévue dans les 24h à 48h, afin d’éviter le lessivage du produit.

Le respect des conditions d’application du Crown SL rend son utilisation plus délicate mais limite considérablement les traitements anti-germinatifs en pomme de terre après la récolte, lors du gazage.

Lentagran 45 WP en carotte

Autre sujet présenté, le désherbage en carotte, avec la présentation du Lentagran (en poudre, 45 % pyridate), aussi employé en oignon, en poireaux et en choux. Le pyridate a reçu une nouvelle agrégation en carotte et en pois.

Il doit impérativement être appliqué sur une culture sèche. Le conseil est d’intervenir deux à trois jours après une pluie, sur un sol blanchit. En effet, l’humidité peut rendre le produit trop agressif.

Le Lentagran 45 WP est appliqué en post-émergence, comme traitement correctif à partir du stade deux feuilles. Le conseil est de l’appliquer à raison de 50 g/ha et de renouveler l’opération sept à dix jours plus tard.

Le Lentagran 45 WP permet de lutter contre un large spectre d’adventices mais ne doit jamais être utilisé seul. Il a besoin d’un partenaire afin de renforcer son efficacité.

Cependant, la carotte est une culture très sensible. Un compromis entre efficacité et phytotoxicité est indispensable, en tenant compte des conditions climatiques lors de la pulvérisation.

Parmi les produits qui peuvent être associés au Lentagran 45 WP, Géraldine Halleux site le Challenge (600 g/l aclonifène), le Betasana SC (160 g/l phenmédiphame) et le Stomp Aqua (455 g/l pendiméthaline), classé selon leur efficacité mais aussi leur phytotoxicité. Elle remarque également qu’un mélange triple (Lentagran 45 WP, Challenge et Betasana) peut provoquer des complications au niveau de la sélectivité si les conditions d’application ne sont pas bonnes.

Teppeki, une solution contre les pucerons

Sur la plateforme expérimentale, un essai insecticide en carotte a également été installé. La culture de carotte est sensible aux piqûres de pucerons qui transmettent des viroses, dont le virus des taches jaunes du panais et le virus des feuilles rouges.

Le virus de taches jaunes se développe sur les jeunes plantules qui finissent par mourir alors que le virus des feuilles rouges apparaît plus tardivement dans la culture et entraîne une perte de rendement.

La culture de carotte est sensible aux piqûres de pucerons qui transmettent des viroses,  dont le virus des taches jaunes du panais et le virus des feuilles rouges.
La culture de carotte est sensible aux piqûres de pucerons qui transmettent des viroses, dont le virus des taches jaunes du panais et le virus des feuilles rouges. - A.B.

Le Teppeki est une solution contre les pucerons. Très sélectif, il n’affecte que les pucerons et ne les tue pas directement mais les empêche de piquer et de se nourrir. « C’est pour cette raison qu’il est encore possible d’observer les insectes sur la culture après le traitement, sans pour autant qu’ils ne transmettent de virus », explique Géraldine Halleux.

Egalement agrée en betterave pour une application par saison, le Teppeki peut s’appliquer deux fois en carotte, dès le stade cotylédon.

Lutter contre la cercosporiose en betterave

Ces deux dernières années, la pression de la cercosporiose en betterave a été importante. Depuis 2024, le prothioconazole, principalement utilisé en céréales, est désormais autorisé en betterave dans un nouveau fongicide, Panorama. Il s’agit d’une coformulation de deux triazoles : prothioconazole + metconazole.

Certis Belchim recommande d’intervenir à temps et assez tôt dans la saison, dans le courant du mois de juillet, car tous les produits utilisés contre la cercosporiose sont préventifs mais pas curatifs.

Selon Arthur Clarenne, les produits à base du difénoconazole étaient la référence pour lutter contre la cercosporiose mais ceux-ci tendent à perdre en efficacité. « Il est important d’intervenir avec des agents les plus puissants de la gamme au moment stratégique, lorsque la pression est la plus forte », explique-t-il. Le difénoconazole reste, néanmoins, nécessaire pour alterner les matières actives et éviter les résistances.

Ajouter de l’huile pour booster l’efficacité des produits

Ressemblant aux céréales (famille des Poacées), le souchet comestible est une Cypéracée, au même titre que le jonc et le carex. Il se développe par rhizome et produit des tubercules. Ses feuilles sont assez dures et sa tige est typiquement triangulaire.

Le conseil pour lutter contre le souchet comestible est d’associer deux matières actives en maïs, la mésotrione et la pyridate ainsi qu’une huile pour favoriser l’adhérence du mélange sur la feuille.
Le conseil pour lutter contre le souchet comestible est d’associer deux matières actives en maïs, la mésotrione et la pyridate ainsi qu’une huile pour favoriser l’adhérence du mélange sur la feuille. - A.B.

Depuis quelques années, Certis Belchim teste de nombreuses solutions, sur diverses cultures. Peu de produits semblent efficaces et aucun ne l’est à 100 %.

Le conseil est d’associer deux matières actives en maïs, la mésotrione et le pyridate (Osorno – 100g/l mésotrione + Onyx – 600 g/l pyridate) ainsi qu’une huile pour favoriser l’adhérence du mélange sur la feuille.

Astrid Bughin

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