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Courrier des lecteurs : «Que faire quand il n’y a plus...»

Quand on demande à l’intelligence artificielle ses perspectives pour notre approvisionnement, elle répond qu’en matière de carburants, un scénario réaliste est qu’entre 2025 et 2040, les prix explosent et des pénuries apparaissent et que le confort dépend directement d’un approvisionnement que l’on ne maîtrise pas.

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Pour l’agriculture, si nous n’avons pas de phosphore, il n’y a pas de rendement agricole intensif et donc une baisse brutale des récoltes. Le phosphore pourrait commencer à manquer dès 2030-2040. On peut estimer qu’on a encore des réserves pour moins de 15 ans en matière de pétrole et moins de 20 ans pour le phosphore et la potasse.

Dans ces conditions, pourra-t-on continuer à faire de l’agriculture dite « intensive » ? Apparemment non. L’énergie ne devrait pas être le plus gros problème, puisqu’elle peut provenir des énergies renouvelables ou du nucléaire. Les tracteurs devront donc être électriques. Toutefois, si les batteries restent lourdes, la puissance des tracteurs ne pourra pas dépasser 75 ch, sinon l’engin devient trop lourd. Adieu les gros tracteurs. Cela veut dire qu’une unité de main-d’œuvre ne pourra plus s’occuper que de plus petites surfaces. Dès lors, pourquoi ne pas en revenir à la traction chevaline sur de petites fermes, comme autrefois, comme l’a fait Roger Abalain, dont vous pouvez voir les vidéos en tapant son nom dans la barre de recherche de Youtube. Il a six vaches bretonnes sur 7 ha et dit vivre confortablement et semble très heureux.

De nombreuses personnes pourraient ainsi se reconvertir après avoir perdu leur emploi à cause de l’intelligence artificielle. Les campagnes se repeupleraient, ce qui va dans le sens de ce que dit Gaël Giraud, un économiste qui est aussi docteur en mathématiques : notre pays serait composé de nombreuses petites villes reliées par le chemin de fer, alors qu’actuellement la population a tendance à se regrouper dans des mégapoles. Cela rejoint la nécessité de préserver nos réserves de phosphore et de potasse. En effet, actuellement, ces éléments sont exportés de la campagne vers les grandes villes sans qu’il y ait restitution. Le phosphore et la potasse sont évacués dans l’égouttage. Si les petites villes sont situées à proximité des champs qui les nourrissent, il devrait être possible d’avoir une économie des engrais plus circulaire. En ne perdant donc pas de vue que les engrais chimiques, c’est bientôt fini.

Voici une très belle citation de Sören Kierkegaard : « Le feu prit un jour dans les coulisses d’un théâtre. Le bouffon vint en avertir le public. On crut à un mot plaisant et l’on applaudit ; il répéta, les applaudissements redoublèrent. C’est ainsi, je pense, que le monde périra dans l’allégresse générale des gens spirituels persuadés qu’il s’agit d’une plaisanterie. »

E.B.

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