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Courrier des lecteurs : Foire de Libramont,et si elle incarnait l’avenir du monde?

Le cultural et le culturel ayant les mêmes racines, oserais-je faire référence à cette peinture « culte » de Magritte soutenant que son tableau n’était pas une pipe, juste un tableau surréaliste qui peut y faire penser.

Temps de lecture : 4 min

De même, ce titre n’est pas une « pub » pour la foire, où je m’y rends un jour par an comme tout citoyen ordinaire qui s’intéresse à l’agriculture, mais un point de départ d’une réflexion plus large qui risque d’indisposer… ceux qui se seraient enfermés dans des dogmes qui ont pu donner un sens à leur besoin d’idéal.

Oups, « redileme… ». Depuis toujours, les religions ont agité le spectre de la fin du monde pour aider leurs ouailles à retrouver le droit chemin. Fin du 18e  siècle, un scientifique anglais, Malthus, constatait qu’on avait détruit pratiquement toutes les forêts pour offrir plus de terre à l’agriculture. Celle-ci plafonnait dans ses rendements alors que la démographie continuait d’augmenter . Son raisonnement tenait la route. On allait droit dans le mur… sauf que la révolution agricole a modifié l’équation. L’agriculture a produit plus que les besoins de survie. On connaît les quatre piliers de l’évolution : sélection, fertilisation, protection et mécanisation. Cela s’est appelé « intensification » mais c’est devenu un vilain mot. Soit !

Aujourd’hui, le monde a peur d’avoir trop chaud et c’est une réalité, la température augmente significativement. En cause, principalement, le carbone fossile que des bactéries et des plantes ont produit pendant des milliards d’années avant d’être stocké naturellement jusqu’à nos jours. Il est le carburant énergétique du développement économique, donc de la richesse.

Il faudrait en consommer moins. La décroissance ? Facile pour moi qui suis à la retraite mais je sais que les riches ne voudront jamais vivre pauvrement et que les pauvres espèrent toujours devenir riches.

Refixer le CO2 avec un autre atome comme cela s’est fait pour le calcium et le magnésium ? Ok, mais ceux dont on dispose viennent précisément de ce qui fut fixé antérieurement. Depuis qu’on a pris conscience du problème, à grande échelle, c’est toujours la photosynthèse qui offre un début de solution : reprendre le carbone de l’air et demander à l’agriculture et la forêt de le mettre sous forme organique par la photosynthèse.

Après, cela dépend de l’usage qu’on en fait : soit il sert aux humains qui le renvoie dans l’atmosphère dans les deux ans, soit on le stocke dans les sols ou dans le bois.

Dans les sols ? Ok, mais si le sol a une bonne activité biologique, les bactéries retransforment l’humus qui s’est formé en fertilité pour les cultures qui suivent. C’est le grand paradoxe que peu comprennent : il faudrait moins de vie microbienne pour mieux stocker le carbone. Un comble !

Autre paradoxe : pour stocker du carbone organique, il faut d’abord le produire. Et nous savons depuis cent ans que le premier facteur limitant est l’azote. L’industrie peut le faire en le prenant dans l’air dont il est le principal constituant. Quoi ? Faire appel à l’azote minéral tant décrié pour sauver la planète ? Un comble !

Et le stockage du carbone dans le bois ? Oui, si on évite de le brûler trop vite. Pour ce faire, il faut reboiser, donc surtout ne pas produire moins en agriculture. Un comble… qui renvoie à Malthus.

On dit que l’histoire est un perpétuel recommencement. Quand on aura compris qu’il faut de nouveau soutenir l’agriculture et la coupler avec la forêt, on aura probablement un outil solide pour déplacer le curseur du réchauffement climatique. Le plus difficile sera de réviser quelques dogmes idéologiques.

Alors, oui, Libramont est le symbole du binôme de l’agriculture qui se combine à la forêt. Il faut refaire le contraire du Moyen-Âge… en sachant que l’intelligence artificielle progresse plus vite que le bon sens naturel.

« Ceci n’est pas une pipe ». En effet, c’est une illustration d’un morceau de carbone immobilisé pour une longue durée dans lequel on grille du carbone de moyenne durée : le tabac produit deux ou trois ans plus tôt, avec une forte probabilité de faire un jour appel à la médecine, très énergivore, en se plaignant du réchauffement climatique. Il faut dire que le tableau est surréaliste.

JMP

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